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Peu d’espoir pour les glaciers : la grande majorité va disparaître d’ici 2100

D’ici 2100, les glaciers des Alpes devraient perdre entre 85 et 99 % de leur masse, selon une nouvelle étude publiée en janvier 2023 dans la revue Science. L’objectif était de se pencher sur l’avenir des masses de glace en dehors des pôles. On compte environ 215 547 glaciers de par le monde, en dehors du Groënland et de l’Antarctique. Et les prévisions sont pour le moins pessimistes. Les glaciers devraient perdre d’une manière générale de 26 % (+1,5 °C de réchauffement climatique) à 41 % (+4 °C) de leur masse d’ici 2100, par rapport à 2015. C’est 11 à 44 % de plus que les projections précédentes incluses à la fin du rapport du GIEC.

L’étude a été menée par David Rounce, de l’université Carnegie Mellon (Pennsylvanie, USA) et co-écrite notamment par plusieurs Français dont le glaciologue Etienne Berthier, directeur de recherche CNRS au sein du Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (LAGOS). Celui-c explique dans un thread sur Twitter que « en nombre, cela signifie la disparition de 49 % (+1,5 °C) à 83 % (+4 °C) des glaciers terrestres. Les petits glaciers sont voués à disparaître dans les prochaines décennies. »

Les glaciers des Alpes et des Pyrénées particulièrement en danger

L’étude parue dans le magazine Science révèle que les glaciers d’Europe, dans les Alpes comme dans les Pyrénées, sont en première ligne face au réchauffement climatique. Selon les données analysées par les scientifiques, les estimations varient entre 85 % (+1,5 °C) et 99 % (+4 °C) de réduction de leur masse d’ici 2100. Dans les Pyrénées, une déglaciation complète du massif devrait survenir avant 2050, selon les projections.

Une perte de masse qui s’inscrit sur la durée et qui est « linéairement liée à l’augmentation de la température ». Mais ce n’est pas inexorable. En cas de réduction des émissions de gaz à effet de serre comme statué lors de l’Accord de Paris, la limitation de l’augmentation de la température globale aurait pour effet de limiter la perte de glaciers. Mais, sur la base des engagements climatiques pris lors de la Conférence des Parties (COP26), « la température moyenne mondiale devrait augmenter de +2,7 °C, ce qui entraînerait une contribution au niveau de la mer de 115 millimètres et provoquerait une déglaciation généralisée dans la plupart des régions de latitude moyenne vers 2100 », explique le rapport des scientifiques.

Chaque dixième de degré compte

Comme l’ont souligné les experts du GIEC, cette étude rappelle que tous les efforts menés pour limiter la hausse des températures auront un effet positif. « Nous voulions aussi vraiment partager un message d’espoir car nous constatons que de nombreux glaciers sont très sensibles aux augmentations de température entre un degré et demi et trois degrés Celsius », a déclaré David Rounce.

Et d’ajouter : « Si nous somme en mesure de réduire nos émissions en tant que société, nous pouvons préserver une grande partie de la glace sur la planète et empêcher une déglaciation généralisée de se produire dans bon nombre de ces régions – en particulier dans les endroits où les glaciers sont liés à la société, que ce soit une partie de leur culture, spiritualité, tourisme, [ou] écosystèmes. »

Un impact sur l’élévation du niveau des océans

Cette nouvelle étude révèle aussi de nouveaux ordres de grandeur de la montée des eaux en raison de la fonte de ces immenses masses de glace. Selon l’analyse des glaciologues, le niveau de la mer ne devrait s’élever « que » de 4 à 8 % supplémentaires en raison de la disparition des glaciers. « Notre étude prend en compte qu’une partie de la glace déjà en dessous du niveau de la mer (ce que les précédentes études ne faisaient pas) », explique enfin Etienne Berthier sur Twitter.

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