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Présidentielle 2017 : quelle place pour l’agriculture bio dans les projets des candidats ?

Synabio, Coop de France et la Fédération nationale d’agriculture biologique ont invité les différents candidats à signer un pacte pour l’agriculture biologique en huit points : relocalisation de l’emploi, réorientation de la politique agricole commune…

Le 09/02/2017 par WeDemain
Synabio, Coop de France et la Fédération nationale d'agriculture biologique ont invité les différents candidats à signer un pacte pour l'agriculture biologique en huit points : relocalisation de l'emploi, réorientation de la politique agricole commune...
Synabio, Coop de France et la Fédération nationale d'agriculture biologique ont invité les différents candidats à signer un pacte pour l'agriculture biologique en huit points : relocalisation de l'emploi, réorientation de la politique agricole commune...

C’est à la halle Pajol, à Paris, que les candidats à l’élection présidentielle ont passé leur grand oral de l’agriculture bio, mercredi 8 février. Les candidats, ou plutôt leurs représentants, à l’exception de l’écologiste Yannick Jadot venu exposer en personne ses engagements sur la question.

À l’initiative de trois organisations (Synabio, Coop de France, FNAB), chacun était appelé présenter ses engagements pour développer ce secteur, qui a connu une croissance de 20 % au premier semestre 2016, et à signer un pacte en huit objectifs dont le premier est de faire de l’agriculture bio française la première d’Europe. Parmi les thèmes soulevés : la politique agricole européenne et le développement des circuits courts.

Le socialisme « indissociable » de l’écologie

Philippe Martin réaffirme la volonté pour le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon, de mettre la transition écologique au cœur de son programme. Il a promis l’interdiction des perturbateurs endocriniens et des pesticides dangereux en appliquant le principe de précaution. Au niveau européen, il souhaite conditionner l’obtention des subventions de la Politique agricole commune au respect de normes environnementales.

L’importance d’un « revenu stable »

Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, s’exprime pour Emmanuel Macron. Elle dresse le constat d’une agriculture conventionnelle mal en point en rappelant le taux de suicide chez les agriculteurs. Elle rappelle la hausse de la demande en denrées biologiques et alerte sur la qualité des sols dont près de 20 % présentent un risque d’érosion. Le candidat d’En marche propose un plan d’investissement pour soutenir les exploitations qui souhaiteraient se reconvertir dans l’agriculture biologique ; un allégement durable des charges qui pèsent sur les exploitants et l’assurance d’un revenu stable par le contrôle de la variation des prix.

« Protéger les hommes et la terre »

Le représentant de Marine Le Pen, Philippe Murer, assure que sa candidate souhaite « protéger les hommes, la terre et défendre la biodiversité ». Il affirme qu’une hausse du pouvoir d’achat des consommateurs est indispensable pour voir la consommation de produits biologiques augmenter ; défend également une TVA à 0 % pour ces produits. Le représentant du Front national accuse la politique européenne d’être incompatible avec le développement de l’agriculture biologique, en pointant du doigt la signature du CETA qui, selon lui, inondera le marché européen de produits qui ne respecteront pas les normes françaises.

« La ruralité » avant l’écologie

Guy Vasseur s’exprime au nom de François Fillon. Il promeut le maintien et le renforcement de la PAC. Dans ses propos, il est moins question de transition écologique que de défense de la ruralité par un surcroît de compétitivité. Il remarque toutefois que les réglementations européennes peuvent être un frein à la croissance de l’agriculture biologique.

Une transition « incompatible avec l’austérité »

À l’image de son candidat Jean-Luc Mélenchon, Laurent Levard est l’orateur le plus virulent. Il dénonce la domination des grosses exploitations dont la croissance fragilise les plus modestes. La France insoumise veut cependant éviter l’instauration d’un modèle dual opposant agriculture biologique et agriculture conventionnelle. Il assure que la première permettra la création de 300 000 emplois. Enfin, l’influence des groupes de pression de l’industrie agroalimentaire et l’austérité constituent selon lui un frein à la consommation des ménages de produits biologiques. C’est pourquoi il défend notamment un financement public renforcé de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA).

Le biologique comme ciment social

Seul candidat à ne pas se faire représenter, Yannick Jadot d’Europe Écologie-Les Verts livre une vision générale de l’agriculture biologique qui est selon lui une solution au délitement du lien social au niveau local et entre urbanité et ruralité. Le vainqueur de la primaire écologique rappelle le risque sanitaire lié aux pesticides et exhorte l’Europe à construire sa souveraineté alimentaire par et pour l’agriculture biologique.

Des points communs et des désaccords

Si certaines mesures comme le soutien des circuits courts ont mis d’accord les candidats, l’Europe constitue une ligne de division. Entre ceux qui l’accusent de fragiliser les exploitants et de promouvoir l’austérité et ceux qui défendent une « PAC verte », le fossé paraît infranchissable. Finalement, bien que tous les partis en compétition aient fait entendre leur voix, aucune feuille de route précise n’a été présentée pour atteindre l’objectif d’une agriculture biologique française première en Europe. Entre subventions et investissements, aucune mesure novatrice n’a vraiment émergé.

Pour l’heure, le seul à avoir signé le Pacte est Benoît Hamon. Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot sont sur le point de le faire. François Fillon et Marine Le Pen négocient actuellement leur signature. 

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