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Qui est Charlotte Marchandise, candidate citoyenne de Laprimaire.org à la présidentielle ?

Elle a été élue par plus de 30 000 votants sur la plateforme Laprimaire.org. Charlotte Marchandise, une Rennaise de 42 ans, se lance à présent dans la course aux parrainages d’élus. La candidate livre à « We Demain » ses motivations et propositions.

Le 06/01/2017 par WeDemain
Elle a été élue par plus de 30 000 votants sur la plateforme Laprimaire.org. Charlotte Marchandise, une Rennaise de 42 ans, se lance à présent dans la course aux parrainages d'élus. La candidate livre à "We Demain" ses motivations et propositions.
Elle a été élue par plus de 30 000 votants sur la plateforme Laprimaire.org. Charlotte Marchandise, une Rennaise de 42 ans, se lance à présent dans la course aux parrainages d'élus. La candidate livre à "We Demain" ses motivations et propositions.

Elle veut « interpeller le système, sans en faire une critique populiste et attiser encore les clivages gauche-droite ». Charlotte Marchandise est une Rennaise d’adoption de 42 ans, qui a remporté, samedi 30 décembre, la primaire citoyenne de la plateforme en ligne Laprimaire.org. Désignée par 50,76 % des 30 000 votants enregistrés (13 000 de plus qu’à la primaire écologiste), cette citoyenne « lambda » se lance désormais dans la course aux 500 parrainages d’élus nécessaires, avant le 4 avril, pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle.

Le timing est serré et le défi de taille, car la candidate n’est pas une personnalité connue du grand public. Elle ne se sent pas concernée par les logiques des partis politiques, au sein desquels elle n’a jamais été encartée. Et elle vient à peine d’obtenir son premier parrainage, celui d’un maire de centre Bretagne. Pas de quoi l’angoisser : « Il y a six mois, je n’aurais pas non plus cru que j’allais être élue sur Laprimaire.org : tout est possible, tant qu’on agit ensemble et avec professionnalisme »

Pour continuer sa moisson, celle qui est aussi adjointe déléguée à la santé à la mairie de Rennes, élue en tant que représentante de la société civile il y a deux ans, compte sur son réseau et « quelques maires emblématiques, sans étiquette, qui en ont ras-le-bol de ne pas être entendus alors qu’ils font beaucoup à l’échelle locale ».

Former une « grande coalition »

La candidate croit beaucoup en « la force de la politique locale », qu’elle entend défendre lors de sa campagne. Une campagne qu’elle veut participative, pour redonner envie aux Français de croire en « la chose publique ». Pour mener à bien ce projet, Charlotte Marchandise s’est entourée d’une dizaine de bénévoles, et monte actuellement une équipe salariée de huit personnes, parmi lesquels un ingénieur, des journalistes, un entrepreneur… « Des gens de partout, qui ont galéré ». De quoi l’aider à se rapprocher d’économistes et d’acteurs de la société civile afin de former « une grande coalition » –  à l’instar du projet collectif que le réalisateur Cyril Dion appelait de ses voeux sur WeDemain.fr en octobre.

Mais qui est Charlotte Marchandise et de quelle société rêve-t-elle ? En-dehors de ses activités municipales, de son métier de mère (elle a trois enfants et deux beaux-enfants), l’élue de Laprimaire.org délivre des formations à la santé publique auprès de groupes privés et publics et donne des cours à l’école des hautes études en santé publique (EHESP). Son crédo : « Arrêter d’avoir une politique de la maladie, avec 98 % du budget santé en France alloués aux soins, et 2 % seulement à la prévention ». En d’autres termes, traiter les problèmes à la source en créant « un environnement plus vert et plus sain », avec moins de pollution, plus d’hygiène… Et moins de chômage – « car le chômage aussi est mauvais pour la santé ».

Programme collectif

« Le grand problème, ce n’est pas que les politiques sont « tous pourris », comme on entend souvent, mais déconnectés. Et puis, les politiques menées ne sont pas cohérentes et génèrent de l’incompréhension : tout est lié, on ne peut pas mener une politique économique qui va à l’encontre des mesures environnementales à mettre en place, par exemple », expose celle qui fut, pêle-mêle, gérante d’un bar culturel à Séville, responsable de webmarketing ou encore fondatrice d’un collège laïque Montessori à Rennes (aujourd’hui fermé)… Et militante depuis le lycée, car « dotée d’un sens profond des injustices ».

Pour les réduire, Charlotte Marchandise invoque une « révolution pacifiste et démocratique » grâce à l’élaboration d’un programme collectif. Ses maîtres mots : une démocratie « durable » ; plus de justice sociale en matière d’éducation, de santé et d’emploi ; et un futur « souhaitable à notre planète ». Parmi ses priorités, l’instauration d’un revenu de base universel, un changement de Constitution (et des institutions qui vont avec), la transition économique, écologique et énergétique, mais aussi la défense d’une Europe « démocratique et non technocratique » et d’une politique internationale axée sur « la paix et la négociation diplomatique ». Le tout, en s’inspirant de « ceux qui « font » déjà, partout en France, et doivent être davantage soutenus par l’État »
 

« On ne peut pas demander aux gens d’agir et de se sentir concernés par des réunions publiques sur le PLU [plan local d’urbanisme, NDLR] s’ils n’ont pas tous un revenu de base qui leur donne les moyens de le faire », avance la candidate, qui souligne toutefois « l’extrême complexité du sujet ».

Pas de revenu de base en effet sans parler logement, inflation ou fiscalité. Ses propositions sur ces sujets sont en cours de finalisation. Mais déjà, elle évoque un montant qui permette de vivre « décemment », majoritairement financé par le règlement de la question de l’évasion fiscale. Ce revenu atteindrait environ 1 000 euros, distribué sous forme de droits de tirage (eau, électricité), ainsi qu’en euros et en monnaies locales complémentaires.

La voix des transitions

Pour consolider cette proposition, ainsi que les autres points de son programme, Charlotte Marchandise s’appuie sur « ceux qui savent » : entrepreneurs, travailleurs sociaux, experts, membres de cercles de réflexion et mouvements comme Nouvelle Donne et Nous Citoyens… « Le programme se doit d’être béton : il faut expliquer dans le détail comment on va faire autrement, une méthode solide pour décaler le débat. »

« La voix des transitions » que veut porter Charlotte Marchandise doit encore être entendue et rendue audible pour le grand public. Si, depuis le 2 janvier, la candidate se dit très sollicitée par les médias, il lui manque des fonds pour structurer sa campagne, qui se finance pour l’heure grâce aux 60 000 euros de dons récoltés sur Laprimaire.org. « Si chacun des 120 000 adhérents de la plateforme donnait cinq euros ou moins, on arriverait facilement à atteindre notre objectif situé autour des 400 000 euros », espère Charlotte Marchandise, qui assume d’avancer pas à pas.« Montrer que c’est possible, conclue-t-elle, c’est déjà énorme ».

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