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4 milliards de couches jetées en France chaque année : cette start-up vous les livre réutilisables

Permettre aux parents pressés de se convertir au zéro déchet, tout en veillant à la santé de leur enfant, c’est l’objectif de la start-up Ma petite couche. Elle offre un service de location, livraison à domicile et nettoyage de couches lavables made in France, garanties sans perturbateurs endocriniens.

Le 01/09/2017 par Julie Jeunejean
Permettre aux parents pressés de se convertir au zéro déchet, tout en veillant à la santé de leur enfant, c’est l’objectif de la start-up Ma petite couche. Elle offre un service de location, livraison à domicile et nettoyage de couches lavables made in France, garanties sans perturbateurs endocriniens.
Permettre aux parents pressés de se convertir au zéro déchet, tout en veillant à la santé de leur enfant, c’est l’objectif de la start-up Ma petite couche. Elle offre un service de location, livraison à domicile et nettoyage de couches lavables made in France, garanties sans perturbateurs endocriniens.

Il est 19h. Dans une rue d’Issy-les-Moulineaux, Jeff Norville, alias « Monsieur Couche » arrive à vélo chez la famille Mignon. Sur le pas de la porte, Chloé, deux ans, l’attend, son sac de couches usagées à la main.

« Les enfants adorent ce petit rituel d’échange », explique le livreur. Tous les lundis et jeudis, il livre des couches lavables propres à six familles, recueille leurs avis et les renseignent. « C’est également un moyen de perfectionner mon français », précise cet Américain de 44 ans, géologue de profession, qui loue actuellement ses services à la toute jeune entreprise Ma petite couche.
 
Créée en avril 2017 par Antoine de Chambost et Philippe Gaillard, elle offre aux parents pris par le temps un service de location, nettoyage et livraison de couches lavables. Relativement confidentiels en France —, seule l’entreprise alsacienne Couches Eco’services semble pérenne —, de tels services sont courants déjà dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne, la Belgique ou encore l’Angleterre.
 

C’est au Cube, le centre création numérique d’Issy-les-Moulineaux, que les deux entrepreneurs se sont rencontrés. Au hasard d’une conversation, ils se découvrent des points communs :
 

« Nous avons pris un café ensemble et avons parlé de nos difficultés en tant que parents. Tous les deux, nous avions essayé les couches lavables pour nos enfants et avions arrêté. Nous en avions eu marre de les laver, de les faire sécher… », explique Philippe Gaillard.

 
Mathilde Mignon, la mère de Chloé, qui travaille également au Cube, n’aurait jamais imaginé opter pour les couches lavables. « On ne se pose pas la question. À la maternité, ils nous donnent des Pampers. Non seulement, il s’agit de couches jetables mais en plus c’est une marque prédéterminée. »

Une phase d’expérimentation avec six familles

Lorsque les créateurs de Ma petite couche lui expliquent qu’ils cherchent des familles pour tester leur service, elle se porte candidate : « je me suis dit on fait un test et si ça ne va pas, je leur donne mon avis et j’arrête ».
 
À l’issue de cette phase d’expérimentation de trois mois menée par six familles « cobayes », toutes ont adopté le service.
 

« On leur a demandé de ne payer que 50 % du prix du service pour avoir un retour constructif de leur part », précise Philippe Gaillard.

 
Le prix des couches réutilisables proposées par Ma petite couche est de 0,50 ct d’euro l’unité, auquel s’ajoute le prix de la livraison, contre un prix compris entre 0,22 ct et 0,46 ct d’euro à l’unité pour des couches jetables. Une différence de prix notable.

Des perturbateurs endocriniens dans les couches jetables

C’est une étude publiée en février 2017 par le magazine 60 millions de consommateurs qui a décide Mathilde Mignon et son conjoint à changer de modèle de couches. Sur les douze modèles testés, dix contenaient des substances toxiques : du glyphosate, l’herbicide principalement utilisé dans le Roundup, des composés organiques volatiles (COV) ou encore des dioxines.

Ces dernières sont soupçonnées de perturber le système hormonal, rapporte 60 millions de consommateurs. « On ne veut plus que notre fille les porte », affirme Mathilde Mignon.

Chloé, comme tous les enfants fournis par la start-up, porte désormais des couches réutilisables fabriquées en France par la marque Hamac, avec qui collaborent Antoine de Chambost et Philippe Gaillard.
 
Ces modèles se composent d’une culotte en microfibre, dans laquelle est cousue une poche étanche en polyuréthane, qui maintient un absorbant lavable, et un voile en cellulose que l’on pose par dessus et que l’on jette. Les tissus utilisés répondent à la norme allemande Oeko tex 100, qui garantit que les textiles sont exempts de produits toxiques pour le corps et pour l’environnement.

Des couches lavées dans une structure médico-sociale

Pour langer l’enfant, les gestes sont les mêmes qu’avec une couche jetable. Seule différence : le voile, que l’on peut jeter dans les toilettes. Ne reste qu’à disposer les couches usagées dans un sac étanche fourni par la start-up « qui ne laisse passer aucune odeur ».
 
Récupérées par Jeff Norville, elles sont ensuite acheminées à l’Etablissement et service d’aide par le travail (ESAT) d’Issy-les-Moulineaux, une structure qui permet aux personnes en situation de handicap d’exercer une activité professionnelle, tout en recevant un soutien médical, social et éducatif.
 
À l’ESAT, une équipe sépare les pièces de tissus absorbants humides des culottes. Celles-ci sont lavées ensemble, avec une lessive neutre.

Quatre milliards de couches jetables utilisées chaque année en France

Chaque année en France, ce sont quatre milliards de couches jetables qui sont utilisées. Entre sa naissance et ses deux ans et demi, un enfant a besoin de près de 4 500 couches et produit 800 kg de déchets, selon le Planétoscope.
 
Une fois incinérées, elles émettent des gaz toxiques et du CO2. Dans une décharge, il leur faut près de 500 ans pour se dégrader.

Une attitude zéro déchet jusque dans la vie professionnelle

Le couple, qui au même moment est passé aux lingettes et disques lavables, n’utilise quasiment plus sa poubelle de salle de bain.

« Avant, nous avions une poubelle de couches à descendre par jour, avoue Mathilde Mignon, maintenant, je suis de plus en plus dans une optique zéro déchet. »
 
Cette expérience a eu une influence jusque dans sa vie professionnelle. Créatrice d’une entreprise spécialisée dans la communication digitale pour le tourisme, elle a décidé d’étendre son activité à l’accompagnement de projets liés au développement durable.

« On se dit que c’est notre petite pierre à l’édifice. C’est sûr qu’on ne change pas tout, mais tous les jours nous nous interrogeons sur notre manière de consommer », confie-t-elle.

Et si elle admet partir de zéro en matière d’écologie, Mathilde Mignon espère que tous ces gestes deviendront pour sa fille, Chloé, une évidence.
 
Testé et approuvé par les six familles, le service est désormais ouvert à tous les habitants d’Issy-les-Moulineaux. À terme, Antoine de Chambost et Philippe Gaillard espèrent faire grandir leur entreprise et proposer leurs services à Paris.
 

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