Découvrir

L’architecte Vicente Guallart invente la maison post-Covid

Le fameux “Monde d’Après” s’invente dès aujourd’hui. L’architecte espagnol Vicente Guallart n’a pas attendu pour imaginer des maisons post-coronavirus, adaptées à un monde dans lequel le confinement est un risque, le télétravail une habitude et l’écologie un mode de vie. 

Ce projet a été conçu à l’occasion d’un concours (que l’architecte espagnol a remporté) lancé par le gouvernement chinois avant que ne débute crise du Covid-19. L’objectif était d’imaginer un quartier autosuffisant pour la nouvelle ville de Xiong’an, à 100 km au sud de Pékin. “Dès le début de la crise, nous avons tout de suite décidé de penser des bâtiments post-covid, aussi bien pour la Chine que pour le reste du monde”, explique-t-il a We Demain.   

Des bâtiments écologiques et autosuffisants

Le projet vise l’autonomie alimentaire et énergétique, mais aussi productive avec un espace d’industrie munie d’imprimante 3D. (Crédit : Guallart Architects)

Plus que de simples maisons individuelles, l’architecte, fondateur du cabinet Guallart Architects et de l’Institut d’architecture avancée de Catalogne, a imaginé tout un quartier pour 3 000 personnes qu’il compare aux différentes couches d’un oignon : “Notre logement nous permet de faire des choses, le bâtiment nous permet de faire plus de choses, le quartier nous permet de faire encore plus de choses… Et, logiquement, la ville pourrait nous permettre d’en faire encore plus”, illustre-t-il. 

À lire aussi : L’après-coronavirus selon Yves Cochet : “écovillages, biorégions et démocratie locale”

En effet, le bâtiment conçu par l’architecte espagnol comprend des appartements, mais aussi des serres pour tendre vers l’autonomie alimentaire, un marché, des bureaux, une piscine, un jardin d’enfant, et même une caserne de pompiers. 
 
L’autonomie alimentaire et énergétique, deux concepts de plus en plus développés en architecture. En revanche, Vicente Guallart est allé plus loin en “ramenant l’industrie dans la ville”, grâce à un atelier d’impression 3D au sein même des bâtiments. “Pendant la crise, le gouvernement espagnol essayait d’acheter des millions de masques à la Chine, et il ne pouvait pas. […] En parallèle, les makers ont imprimé plus d’un demi-million de masques qui ont aidé à sauver des vie !” argumente-t-il. “La prochaine révolution urbaine sera en rapport avec la ré-industrialisation digitale des villes.”
 À lire aussi : COVID-19 : les makers à la rescousse pour fabriquer masques, gels et respirateurs

Une architecture ouverte

Le quartier est adaptée à la vie confinée, avec des espaces de travail, des espaces pour les enfants, et des ouvertures vers l’extérieur. (Crédit : Guallart Architects)

En plus de penser au groupe, Vicente Guallart a aussi pensé à l’individu et aux bouleversements des modes de vie qu’a pu induire la crise du covid-19. “Avec cette crise, nous avons découvert que parfois nous devons nous confiner pour travailler. Le télétravail, c’est une chose que certains d’entre nous pratiquent déjà. Mais cela a été renforcé par le fait d’avoir de l’espace pour toute la famille, avec les enfants qui faisaient l’école à la maison…”, détaille l’architecte, qui a été confiné avec sa famille et ses beaux-parents dans une maison à Vinaròs, une petite ville côtière entre Barcelone et Valence.

 À lire aussi : Coronavirus : des maisons de quarantaine imprimées en 3D

Pour répondre à ces nouveaux besoins, l’architecte opte pour plus d’ouvertures de l’intérieur vers l’extérieur, des terrasses comme extension du salon, des serres sur les toits pour cultiver fruits et légumes ou encore un grand espace de jardins, avec des zones dédiées aux enfants. 
 
Son projet répond à la crise sanitaire actuelle, mais anticipe de possibles crises à venir. “Cette pandémie nous laisse penser qu’il peut y avoir des catastrophes au cours de nos vies, en rapport avec la santé, mais aussi l’énergie, comme par exemple un accident nucléaire, ou encore lié au changement climatique”, projette l’architecte. “Ce que nous a enseigné le Covid-19, c’est que nous sommes fragiles. C’est pourquoi nous devrions créer des structures, des villes, des bâtiments qui nous aident à être plus fort en tant qu’individu et en tant que communauté.”

Recent Posts

  • Partager

2025, Année de la Mer… et de la recherche océanique

Alors que 2025 a été désignée Année de la Mer, la Fondation BNP Paribas lance…

1 jour ago
  • Déchiffrer

L’intelligence artificielle ou la fabrique d’un nouveau Dieu

La Silicon Valley ne rêve plus de progrès, mais de transcendance. Entre ambition divine et…

2 jours ago
  • Déchiffrer

IA et consommation énergétique : un modèle à revoir d’urgence

L’essor fulgurant des modèles d’IA s’accompagne d’une explosion de leur consommation énergétique. Face à cet…

3 jours ago
  • Déchiffrer

Réduire les terres rares dans les moteurs électriques : un défi pour la transition énergétique

La transition énergétique repose en partie sur l’essor des moteurs électriques, mais leur dépendance aux…

4 jours ago
  • Inventer

Panacée : la révolution numérique contre les inégalités en santé

Avec Panacée, le Liberté Living Lab s'attaque aux inégalités d'accès aux innovations thérapeutiques. Première application…

5 jours ago
  • Respirer

La haie, une veine verte où bat la vie

La vie est faite d’échanges et de mouvement. La continuité des haies assure un maillage…

6 jours ago