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L’architecte Vicente Guallart invente la maison post-Covid

L’architecte espagnol a imaginé tout un quartier adapté à la vie post-coronavirus, intégrant le télétravail, la vie en communauté, l’autonomie alimentaire et énergétique. Un projet qui vise également à réindustrialiser les villes.

Le 20/08/2020 par Sofia Colla
Le projet de Vicente Guallart est conçu pour répondre à la crise du covid-19, mais aussi à de possibles crises à venir, notamment liées au changement climatique. (Crédit : Guallart Architects)
Le projet de Vicente Guallart est conçu pour répondre à la crise du covid-19, mais aussi à de possibles crises à venir, notamment liées au changement climatique. (Crédit : Guallart Architects)

Le fameux « Monde d’Après » s’invente dès aujourd’hui. L’architecte espagnol Vicente Guallart n’a pas attendu pour imaginer des maisons post-coronavirus, adaptées à un monde dans lequel le confinement est un risque, le télétravail une habitude et l’écologie un mode de vie. 

Ce projet a été conçu à l’occasion d’un concours (que l’architecte espagnol a remporté) lancé par le gouvernement chinois avant que ne débute crise du Covid-19. L’objectif était d’imaginer un quartier autosuffisant pour la nouvelle ville de Xiong’an, à 100 km au sud de Pékin. « Dès le début de la crise, nous avons tout de suite décidé de penser des bâtiments post-covid, aussi bien pour la Chine que pour le reste du monde », explique-t-il a We Demain.   

Des bâtiments écologiques et autosuffisants

L’architecte Vicente Guallart invente la maison post-Covid
Le projet vise l’autonomie alimentaire et énergétique, mais aussi productive avec un espace d’industrie munie d’imprimante 3D. (Crédit : Guallart Architects)

Plus que de simples maisons individuelles, l’architecte, fondateur du cabinet Guallart Architects et de l’Institut d’architecture avancée de Catalogne, a imaginé tout un quartier pour 3 000 personnes qu’il compare aux différentes couches d’un oignon : « Notre logement nous permet de faire des choses, le bâtiment nous permet de faire plus de choses, le quartier nous permet de faire encore plus de choses… Et, logiquement, la ville pourrait nous permettre d’en faire encore plus », illustre-t-il. 

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En effet, le bâtiment conçu par l’architecte espagnol comprend des appartements, mais aussi des serres pour tendre vers l’autonomie alimentaire, un marché, des bureaux, une piscine, un jardin d’enfant, et même une caserne de pompiers. 
 
L’autonomie alimentaire et énergétique, deux concepts de plus en plus développés en architecture. En revanche, Vicente Guallart est allé plus loin en « ramenant l’industrie dans la ville », grâce à un atelier d’impression 3D au sein même des bâtiments. « Pendant la crise, le gouvernement espagnol essayait d’acheter des millions de masques à la Chine, et il ne pouvait pas. […] En parallèle, les makers ont imprimé plus d’un demi-million de masques qui ont aidé à sauver des vie ! » argumente-t-il. « La prochaine révolution urbaine sera en rapport avec la ré-industrialisation digitale des villes. »
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Une architecture ouverte

L’architecte Vicente Guallart invente la maison post-Covid
Le quartier est adaptée à la vie confinée, avec des espaces de travail, des espaces pour les enfants, et des ouvertures vers l’extérieur. (Crédit : Guallart Architects)

En plus de penser au groupe, Vicente Guallart a aussi pensé à l’individu et aux bouleversements des modes de vie qu’a pu induire la crise du covid-19. « Avec cette crise, nous avons découvert que parfois nous devons nous confiner pour travailler. Le télétravail, c’est une chose que certains d’entre nous pratiquent déjà. Mais cela a été renforcé par le fait d’avoir de l’espace pour toute la famille, avec les enfants qui faisaient l’école à la maison… », détaille l’architecte, qui a été confiné avec sa famille et ses beaux-parents dans une maison à Vinaròs, une petite ville côtière entre Barcelone et Valence.

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Pour répondre à ces nouveaux besoins, l’architecte opte pour plus d’ouvertures de l’intérieur vers l’extérieur, des terrasses comme extension du salon, des serres sur les toits pour cultiver fruits et légumes ou encore un grand espace de jardins, avec des zones dédiées aux enfants. 
 
Son projet répond à la crise sanitaire actuelle, mais anticipe de possibles crises à venir. « Cette pandémie nous laisse penser qu’il peut y avoir des catastrophes au cours de nos vies, en rapport avec la santé, mais aussi l’énergie, comme par exemple un accident nucléaire, ou encore lié au changement climatique », projette l’architecte. « Ce que nous a enseigné le Covid-19, c’est que nous sommes fragiles. C’est pourquoi nous devrions créer des structures, des villes, des bâtiments qui nous aident à être plus fort en tant qu’individu et en tant que communauté. »

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