La chaine s’appelle «
La grotte du barbu ». Et le barbu, c’est Olivier Chambon. Depuis Néon-sur Creuse, petite commune de 400 âmes, l’homme poste des vidéos
sur Youtube suivies par des milliers de personnes. On peut l’y voir fabriquer un serveur web avec des restes informatiques, faire une crème au beurre à la perceuse, ou réaliser des soudures à l’aide d’un arc électrique. Autant de prouesses réalisées sur fond de death-métal et rassemblés sous l’étiquette du
« Do It Yourself, du casual hacking et de la bidouille en général ». « Se salir les mains ! » Dans une autre vie, Olivier fut développeur web à Paris.
« Je passais 15 heures par jour devant l’écran ». Le terme « barbu » vient de là.
« En agence, ça désigne les geeks informatiques mal rasés, qu’on met au fond parce qu’ils sont pas très présentables. » Une vie dans laquelle, fin 2008, il étouffe un peu.
« J’avais un besoin physique de travailler la matière, de me salir les mains, de manier le marteau. » Sa
première vidéo est une sorte de manifeste.
« La grotte du barbu, c’est des trucs cools, simples et pas chers, que vous pourrez faire vous-même ». Le son est sale, l’image brouillonne, le tout filmé depuis la cave de sa boîte.
« Mon boss était sympa »
. Recyclage des cadeaux de noël, fabrication de bière artisanale, autopsie d’iPhone : les épisodes se suivent, ne se ressemblent pas, et une communauté se forme.
« Il y a une vraie demande en France de la part des bricoleurs de tout bord pour autre chose que le guide Bricorama ! ». [Vidéo] Dans cet épisode : comment transformer un caddie en siège
Au sommet du hit-parade : «
le métro qui balance », où notre barbu monte une balançoire en dix minutes chrono sur les barres du métro parisien, à l’aide de serre-joints et de tendeurs. Un exploit visionné 200 000 fois.
Un fab lab à la campagne En juin 2011, Olivier quitte sa copine, son job, et la capitale. Direction la région Centre, où il loue une ferme, avec grange de 100 m2. À même d’accueillir toutes sortes de machines, cette nouvelle grotte est idéale.
« Rien n’est sacré, tout est bidouillable. J’ai même commencé à faire des vidéos de couture. Je dis des gros mots, je rote, je mets la musique à fond. Et ça continue à plaire ! » La grotte du barbu en est aujourd’hui à sa cinquième saison et totalise
122 épisodes.
La mairie de Néon-sur Creuse a même récemment prêté au néo-arrivant les locaux du bar municipal, qui venait de fermer. Olivier l’a rénové avec quelques amis pour y lancer le «
RuralLab » : un fab lab de campagne où il peut filmer ses nouveaux exploits, mais aussi les partager IRL (in real life : dans la vraie vie), avec les habitants du coin. Lancé fin 2013, il compte déjà une centaine d’adhérents. Son objectif : démocratiser l’informatique et le bricolage électronique dans la commune. «
Les gens ont souvent du matériel informatique dans les campagnes, mais ils ne savent pas l’exploiter. Il y a une vraie demande. La population nous amène des œufs du pâté, du pain… On n’a pas encore de subventions, mais ça compense ! ». De Paris à Néon-sur-Creuse, la passion du barbu est contagieuse.