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Marc de café, coquilles de moules… Cet ingénieur transforme les déchets en carrelage !

Avec son entreprise Etnisi, Esperance Fenzy donne une nouvelle vie à des déchets non valorisés en les transformant en pièces de carrelages colorées. Sa première usine de production s’installera à Roubaix d’ici la fin de l’année.

Le 20/07/2017 par WeDemain
(Crédit : Espérance Fenzy, Etnisi)
(Crédit : Espérance Fenzy, Etnisi)

Verre, briques, plâtre, marc de café et même des balles de tennis…  Autant de matériaux qui, après usage, rejoignent la catégorie des déchets. Ingénieur lillois de 37 ans, Espérance Fenzy a, lui, décidé d’en faire des ressources en les transformant… en carrelage. Dans sa micro-usine Etnisi, il produit des revêtements de sols et muraux à partir de déchets non valorisés.

Le déclic lui vient après plusieurs années de travail dans le BTP, à oeuvrer sur des sites pollués. L’ingénieur réalise le potentiel de valorisation de résidus destinés, pour la plupart, à l’enfouissement. En 2015, il crée sa boîte à Marcq-en-Baroeul avec trois autres personnes et baptise son processus de transformation le Wasterial.

« Quand je vois une décharge, je vois un lieu de stockage. Je pars du principe que tout peut être réutilisé et que tout matériel peut rester utile. Les possibilités sont infinies », explique-t-il à We Demain.

75 % de matériaux recyclés

Le carrelage et les dalles Wasterial se composent au minimun de 75 % de ces matières « premières secondaires », comme les qualifie l’entrepreneur. Une première étape avant, espère-t-il, d’atteindre les 100 % de matériaux recyclés. 
 
Le poids et la résistance des carreaux varient en fonction du type de matériaux utilisé. Par exemple, ceux des carreaux constitués de béton seront plus légers que ceux composés d’argile. De même, l’apparence du carrelage peut varier radicalement selon le déchet utilisé.

Même au sein d’une même matière, qu’il s’agisse de sa couleur ou de sa coupe, « chaque carreau a la particularité d’être unique », précise l’entrepreneur.

Au total, l’ingénieur a déjà testé près de 400 matières. La dernière en date sortie de son laboratoire : une matière à base de coquille de moules ! Un clin d’oeil à l’identité du nord de la France.

« Des matières chargées d’histoire »

Cette notion d’identité locale, Espérance Fenzy la place au coeur de sa démarche.
 

« On a voulu créer des matières chargées d’histoire et retrouver ainsi du lien avec l’utilisateur. »

À l’occasion de l’exposition « Paris-Roubaix, la légende », qui en 2016 a préfiguré l’ouverture prochaine d’un musée consacré à cette course cycliste mythique dans sa ville d’arrivée, l’ingénieur a eu l’idée de créer des pavés à partir de textile, de brique et de vélos concassés pour faire dialoguer l’histoire du vélo avec le passé industriel local.

Un chiffre d’affaire de 5 millions d’euros d’ici 2020

Attendue d’ici la fin de l’année, la première unité de production d’Etnisi s’installera à Roubaix, ville investie activement dans le zéro déchet. Mais Espérance Fenzy voit déjà plus loin en espérant créer, à l’horizon 2020, cinq à six micro usines, notamment à Marseille et à Lyon. Ce qui pourrait, estime-t-il, représenter un chiffre d’affaire de cinq millions d’euros. 
 
« L’idée est de créer à Roubaix de petites unités de production transportables qui pourraient rentrer dans un conteneur, explique-t-il. L’objectif est d’apporter une dimension sociale au projet, en créant de l’emploi localement. »
En attendant, Espérance Fenzy a déjà des clients du côté des magasins de bricolage, chez les fournisseurs de mobilier urbain et dans les collectivités. Et, désormais, outre du carrelage et des dalles, son entreprise s’est lancée dans la fabrication de tabourets. Zéro déchet, bien entendu.

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