Partager la publication "Pilo, « la pile qui se recharge quand on la secoue »"
Urbain Prieur : C’est une pile AA qui retrouve toute son énergie en deux minutes quand l’utilisateur la secoue. Elle est adaptée pour des appareils qui consomment peu, type télécommandes, lampes de poches, etc… Plus la peine de sortir la pile déchargée de ces objets. Vous les agitez et ils refonctionnent.
Quel est le secret de fonctionnement de votre pile ?
Elle fonctionne un peu comme une dynamo. Notre pile est constituée d’un générateur mécanique, ensemble d’aimants et de bobines, et d’un peu d’électronique. En gros, vous trouverez dans notre pile du cuivre, de l’acier, des aimants et du thermo-plastique. Notre technologie, c’est du low-tech. Pour que les prix soient bas et accessibles. Nous avons déposé un brevet aux États-Unis pour cette invention.
Qu’est-ce qui distingue votre pile d’un modèle standard ?
La pile classique est composée de produits chimiques. C’est une hécatombe pour l’environnement. (NDLR: selon une enquête de l’ADEME, la collecte de piles et d’accumulateurs représentait 23 fois le poids de la Tour Eiffel – en France et en 2012.) De plus, ces piles sont souvent sous-utilisées, leur capacité de stockage étant très importante, ce qui engendre une déperdition d’énergie. Nous proposons une alternative pour limiter les déchets toxiques . Notre pile, elle, ne nécessite pas de produits chimiques : c’est le client qui lui apporte sa puissance en la secouant. Du coup, Pilo est la dernière pîle que vous achèterez.
Votre pile est-t-elle biodégradable ? Son impact sur l’environnement est-il neutre ?
Non. L’emballage de la pile ne sera pas en papier recyclé. Techniquement, c’est impossible. Et nos aimants ne sont pas neutres au niveau environnemental. Par contre, nos produits ont une longue durée de vie, et pas d’obsolescence programmée. Nous réfléchissons même à la possibilité de réparer les piles Pilo usées. Nos produits auront donc très peu de chance de finir dans des collecteurs.
Nicolas Toper a commencé à s’intéresser à l‘energy harvesting (NDLR: récolte d’énergie par une source extérieure) suite à une randonnée en Colombie. Il était tombé en rade de batterie alors qu’il avait absolument besoin d’accéder à Internet, en pleine nature. Pour le recharger, il aurait été prêt à tout, même à pédaler ou secouer quelque chose. Moi, je suis un bricoleur dans l’âme. Dès mes trois ans, je voulais réparer une balançoire. À 12 ans, je faisais de la programmation informatique. Plus tard, avec un ami, j’ai mis au point un vélo électrique, fabriqué avec des pièces détachées.
Nicolas et moi nous sommes rencontrés en 2013. Lui avait ses idées et ses compétences en création d’entreprise ; moi j’étais un touche à tout technique, avec un doctorat en robotique dans la poche. Après de nombreux échanges, nous avons élaboré Pilo, à l’état Frankeinstein. Avec le temps le projet s’est affiné. Et aujourd’hui, le prototype est là.
Quelles sont vos perspectives ?
Nous sommes emballés. Nous avons un super produit. Il parle aux gens. En juillet 2014 nous avons lancé les pré-commandes. Au départ, nous pensions toucher une petite communauté de cinquante personnes. Au final, c’est beaucoup plus. De nombreuses commandes ont été passées à l’international. C’est sûrement la french touch qui a séduit. Nous allons passer à la phase de levée de fonds et d’industrialisation.
Outre AA, allez-vous proposer d’autres modèles de piles ?
Il faut rêver pour avancer ! Notre produit peut se décliner en nombreux use cases (NDLR: usages). Nous avons d’ores et déjà prévu de développer le modèle triple A. Nous aviserons selon les marchés. Notre priorité reste la phase d’industrialisation.