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Zoo-safari de Thoiry : bien chauffé, grâce à son fumier méthanisé

Pour la première fois cet hiver, le zoo de Thoiry est chauffé grâce à ses propres déchets, transformés en biogaz par son usine de méthanisation.

Le 28/01/2019 par Paola De Rohan-Csermak
Le zoo de Thoiry s'est équippé d'un biodigesteur pour transformer les déjections des animaux en biogaz. (Crédit : Zoo Safari de Thoiry)
Le zoo de Thoiry s'est équippé d'un biodigesteur pour transformer les déjections des animaux en biogaz. (Crédit : Zoo Safari de Thoiry)

Les animaux exotiques du zoo-safari de Thoiry sont prêts à affronter un deuxième mois glacial : leurs abris sont chauffés, grâce à leur propre fumier.

Il y a quelques mois encore, les 400 tonnes de fumier annuel du zoo de Thoiry étaient épandues sur les champs voisins, pour fertiliser les sols, ce qui ne les valorisait pas suffisamment, explique Colomba de la Panouse, directrice adjointe déléguée du zoo. Depuis l’automne, ils servent à chauffer de manière plus vertueuse 85 bâtiments du parc zoologique, comme les maisons des animaux d’Afrique ou l’ “arche des petites bêtes”, l’orangerie et le château de Thoiry, [inscrit à l’inventaire des monuments historiques].”

La méthanisation des déchets, un cercle vertueux

En 2014, la fille du fondateur du zoo-safari crée Thoiry Bioénergie, une unité de méthanisation des déchets organiques du zoo. L’usine entièrement automatisée, construite à la lisière du parc, a été inaugurée fin septembre. Tout le fumier et les déchets verts finissent désormais dans sa cuve fermée, chauffée à 55°, le digesteur. Des bactéries anaérobies thermophiles (des microbes qui vivent sans air, et aiment la chaleur) vont digérer la matière organique et produire au bout de 3 semaines du biogaz. Après une phase d’épuration, le biogaz devient du biométhane, et peut être injecté dans le réseau de gaz naturel GRDF, raccordé à l’usine.

L'”arche des petites bêtes” est elle-aussi chauffée grâce au biométhane. (Crédit : Zoo Safari de Thoiry)

L’unité de méthanisation, la plus grande jamais construite par un zoo, va traiter également 10 500 tonnes de déchets verts par an, collectés dans un rayon de 15 km, auprès d’agriculteurs, d’éleveurs, de commerçants, de paysagistes…. Elle devrait produire suffisamment de gaz pour répondre aux besoins du zoo et contribuer à hauteur de 20% à la consommation de neuf communes avoisinantes (Marcq,  Beynes, Rennemoulin, Thiverval, Grignon, Les Clayes-sous-Bois, Plaisir, Villepreux et Thoiry), soit la consommation d’un millier de foyers. Un ratio que la jeune femme espère doubler par la suite, tout en restant dans une logique de circuit court.

“Ce qui reste de la matière – le digestat – est beaucoup plus intéressant pour le sol que le fumier”, ajoute-t-elle. Ses éléments fertilisants, sous forme minérale, se laissent plus facilement assimiler par les plantes. Le zoo pourrait en produire 9.500 tonnes par an. Les jardins du parc comme les terres agricoles voisines en bénéficieraient.

Un investissement pour compenser la pollution engendrée par les visites

L’usine représente un investissement de 5 millions, financé à 44% par la Région d’Ile-de-France et l’ADEME (l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), auquel il a fallu ajouter un million pour remédier aux nuisances olfactives, sonores et visuelles occasionnées par l’usine, jouxtant le site classé du château de Thoiry. Des collines artificielles, de jeunes plantations la masqueront progressivement.

Un éléphant, ça mange énormémement. (Crédit: Zoo Safari de Thoiry)

“Je ne pouvais imaginer mener une mission de conservation des animaux et de protection de la vie sauvage, sans préservation de l’environnement”, souligne Colomba de la Panouse. Ce changement d’énergie ne permettra pas seulement de réduire la facture de chauffage (200 000 € par an). Il économisera aussi du gaz fossile, et réduirait les émissions de CO2 de 2 000 tonnes par an ; de quoi compenser la pollution occasionnée par les 440 000 visiteurs motorisés du zoo- safari (650 000 km parcourus soit 223 tonnes équivalentes de CO2 émises chaque année).

Une démarche pédagogique

Le projet s’inscrit dans une démarche de sensibilisation du public aux énergies renouvelables. Elle prolonge les actions déjà menées en faveur du développement durable, au cœur de la communication du zoo, comme la construction d’éco-bâtiments : la ferme des animaux du monde, ou l’arche des petites bêtes (méduses, grenouilles, phasmes, caméléons…), un gigantesque vaisseau de bois et de chanvre. Il y a trois ans, le zoo a initié un plan de végétalisation des 7 000 m2 de toitures des bâtiments animaliers.

Une aire de jeu, aménagée au cœur du zoo, s’adresse plus particulièrement aux enfants. Un éléphant en bois de 4 mètres de haut les invite à grimper sur sa trompe, à se laisser absorber par son ventre où un détecteur de mouvement déclenche des gargouillis. Ils sortent de son derrière par un toboggan. C’est une façon d’illustrer de façon humoristique le processus de digestion de la matière et de les intéresser au fonctionnement de l’usine voisine. Un hommage, aussi, aux plus grands contributeurs du zoo, Ben et Jenny. A eux deux, les éléphants produisent 15% du fumier du zoo, 150 tonnes par an !
 

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