Toutes les initiatives dans les territoires
À Noisy-le-Grand, l’E@M conjugue accompagnement médical et considération écologique
Sur les bords de la Marne noiséenne, deux ensembles de panneaux solaires attirent l’œil des passants de la rue René Navier. Au numéro 6, ceux de l’école maternelle L’Oiseau Lyre, qui dominent le bâtiment en bois. En face, au numéro 7 de la rue, ils couvrent le toit d’un parking extérieur et alimentent les prises de recharge d’une petite flotte de voitures électriques. À l’arrière, un bâtiment flambant neuf ouvert en juillet 2022. C’est dans cet Établissement d’Accueil Médicalisé (EAM) que l’association GAPAS accompagne 35 adultes souffrant de multiples formes d’autisme, et utilise le développement durable comme vecteur pédagogique.
Dès le hall d’entrée, les portes battantes passées, des affichages sur la sobriété énergétique et numérique trônent au-dessus de trois poubelles de tri. L’établissement ouvert il y a un an met l’accent sur les démarches éco-responsables : « La pose de panneaux photovoltaïques dans l’optique d’une autoconsommation maximale de l’énergie, le tri sélectif et la gestion des déchets avec une volonté de tendre vers le zéro déchet, une démarche d’économie d’énergies (généralisation de l’éclairage LED, récupération de l’eau pour le jardin, sensibilisation aux éco-gestes), une restauration privilégiant les circuits courts…« , énumère Saléha Achour, directrice des lieux.
En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.
Une pédagogie verte
Ce mercredi, des ouvriers s’affairent dans le jardin. Accolé à une cabane où sont rangés outils et matériel de jardinage, doit bientôt émerger l’un des projets majeurs de l’établissement : un jardin « connecté« . Il est conçu pour cultiver, planter et devenir un lieu central de la pédagogie et de la pratique médico-sociale de l’équipe. Quelques arbres fruitiers ont déjà été plantés : « On va faire pousser des fruits et légumes sur plusieurs parcelles, mais aussi récupérer l’eau de pluie, nourrir ces plantations avec du compost … insiste Diana Izem, chargé de projet pour l’association GAPAS. Ces projets entrent surtout dans la dynamique d’intégration des résidents au sein de la société.«
Un travail en collaboration avec la région Île-de-France a été entrepris pour bénéficier de compost pour alimenter le terrain, et l’établissement a déjà remporté un appel à projets pour être accompagné sur ce potager qui devra également accueillir un poulailler et des serres. « La production qui en résultera fera l’objet d’un partenariat avec l’école d’en face pour alimenter un peu leur restauration« , avance Diana Izem.
La restauration au cœur du modèle d’action
Avant toute chose, l’E@M de Noisy-le-Grand accueille des adultes de plus de 20 ans atteint de troubles du spectre de l’autisme et d’autres difficultés associées. 25 sont en hébergement permanent, 5 en accueil séquentiel /temporaire à l’internat et 5 en accueil de jour. Sur place, le résident choisit les différents temps d’accompagnement qui constituent sa journée, à travers des activités numériques, sportives, culturelles…
Dans l’enceinte de l’établissement, les habitants « qui ont la meilleure capacité de réflexion commencent à comprendre ce que représente le développement durable« , selon les mots de Khadija Hadjazi, accompagnante éducatif et social : « Dans chaque unité, on retrouve des poubelles de tri, avec un certain vocabulaire, on leur inculque les bons gestes du quotidien. » Même dans les activités entreprises, les démarches éco-responsables sont mises sur le devant. Les résidents et des jeunes de Champs-sur-Marne ont par exemple créé des bornes d’arcade pour l’E@M dans une maison associative équipée d’imprimantes 3D .
Un modèle pris en exemple
Parmi la quarantaine de structures gérées par l’association (en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France), l’établissement noiséen est le premier à avoir revu tout son fonctionnement de la sorte. « C’est un modèle qui doit servir d’exemple pour toutes les initiatives éco-responsables que nous prendrons plus tard« , témoigne Richard Huet, responsable développement durable au Gapas. Ces nouvelles pratiques et habitudes demandent des ajustements. « On fait plus attention à notre budget global de 2,4 millions d’euros annuel, explique Saléha Achour. Par exemple en calibrant mieux les portions à la cantine, en proposant des repas végétariens tous les soirs, ou encore en revoyant à la baisse notre budget papeterie.«
Dans les cuisines, on s’affaire aussi à proposer une alimentation à la hauteur des ambitions durables de l’établissement modèle. « On a des produits, à minima 30 % bio, provenant de circuits courts, la viande est 100 % française, commente Bertrand Sylvain, chef cuisinier alimentaire Convivio, prestataire de l’établissement. Tout le monde mange sainement et c’est un plaisir de préparer des produits frais. » Grâce à ces actions, l’E@M de Noisy-le-Grand s’est déjà fait remarquer. Le 28 septembre 2023, il accueillera la ministre chargée des personnes handicapées Fadila Khattabi, pour une visite officielle.
SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.