🎙️ Dans l’ancien bahut Jean Lolive de Pantin, pas un bruit, pas un cri ne vient perturber le silence de la cour. Ici, toutes les pièces ont été vidées de leurs élèves. Les salles de cours sont devenues des studios d’enregistrement ou des ateliers bois et métal. Mais au sein de ce collège transformé en espace culturel et artistique, la cloche, curieusement, retentit toujours. « C’est la sonnerie de l’école primaire voisine », précise Elora Weill-Engerer, commissaire d’exposition et membre d’Artagon. Depuis le printemps 2022 c’est à cette association, reconnue d’intérêt général et dédiée à la promotion d’artistes, qu’ont été confiées les clés de l’établissement. Mais d’autres locataires se partagent les lieux. 

🍀 Certains sont des structures associées qui ont signé, comme Artagon, une convention d’occupation temporaire avec la ville Pantin pour une durée de quatre ans. C’est le cas pour le Pas Si Loin (PSL), qui a réhabilité l’ancien self en une cantine de quartier ou encore l’École des actes. Au fond de la cour, des préfabriqués logent les ateliers des associations Green Resistance (GR) et Vergers Urbains (VU). Elles font partie de la première promotion de 50 « résidents » qu’a retenu l’association Artagon après un appel à candidatures.

En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.

Un projet de coulée verte pantinoise

🌿 Avec le PSL, mais aussi Pantin Activités Métiers (PAM), organisme extérieur au projet d’Artagon, GR et VU tablent sur un projet de « coulée verte » pantinoise à destination des habitants. Sur ces zones vertes réaménagées et régénérées, ils pourront y apprendre les métiers du paysagisme et du jardinage urbain. « On veut développer avec le département un cycle d’ateliers de formation qualifiante », explique Antonin, salarié et chargé de projet pour le PSL, « la mairie a déjà validé les sites repérés : le square Lapérouse, les espaces verts adjacents à la maison de quartier antenne Diderot, mais aussi le jardin de la Dynamo… ».

🛠️ « Comment réemployer un site qui n’a plus sa vocation initiale ? », c’est la question que se sont posées ces associations qui ont élu domicile dans cet établissement. Ainsi, elles ont réfléchi à aller au-delà des barrières vertes de ce collège sorti de terre en 1972. Car cette transformation s’inscrit elle-même dans un autre projet d’aménagement du quartier des Quatre-Chemins dit « prioritaire », lancé en 2010 et qui doit devenir une zone éco-quartier à l’horizon 2030.  

Poursuivre vers l’extérieur ce qui se fait à l’intérieur

🪑 Le collectif associatif œuvrant au collège Jean Lolive souhaite ainsi prolonger la dynamique déjà en cours. Il a déjà aménagé une bonne partie de la cour de l’établissement. Des espaces de jardins partagés et une petite serre sont venus embellir le bitume. Des bancs en bois colorés y sont installés ainsi qu’une pergola. Le fond de l’ensemble scolaire, désaffecté, a désormais des allures de scierie plutôt que de terrain de foot improvisé. « Menuisiers, charpentiers, designer textile, fleuriste et paysagistes-jardiniers, Green Resistance comporte 15 bénévoles actifs », détaille Emma Morillon, 28 ans, paysagiste-conceptrice à son compte et bénévole active depuis avril 2023. Son association fait de l’accueil de scolaires mais aussi des animations dans les collèges d’Ile-de-France.

🍏 Avec Vergers Urbains, ces deux organismes spécialisés dans la formation et la réhabilitation des espaces extérieurs, paient une « cotisation pour notre programme qui comprend la mise à disposition des espaces d’atelier », détaille Keimis Henni, cofondateur et codirecteur de Artagon, fondé en 2014 avec Anna Labouze. Ce binôme est aussi à la tête des Magasins Généraux. En tout, une trentaine d’associations circulent dans l’ex-collège Jean Lolive. 

Enlever le bitume pour régénérer les sols

🤝 « Nous sommes les accompagnateurs de la transformation du quartier avec les habitants », avance Kévin, 30 ans, paysagiste et salarié de Vergers Urbains. Mais le champ d’activités de l’association, qui travaille beaucoup avec les bailleurs sociaux, n’est pas confiné à Pantin. La structure vient par exemple d’installer un verger urbain à Nanterre et à Saint-Quentin-en-Yvelines. « On travaille aussi avec la ville de Pantin sur un projet de serre sur toit au niveau du cimetière qui devrait être occupée à partir de l’hiver 2024 », poursuit Kévin

🚧 Au sein de l’établissement, plusieurs chantiers sont à venir. Une autre serre mais aussi un projet de destruction d’une partie du bitume de la cour. Une affaire pas si simple pour désimperméabiliser et régénérer les sols. « On va enlever une partie de l’enrobé au marteau-piqueur pour y mettre du compost et de la terre végétale afin d’y planter des engrais verts et y faire pousser des plantes », détaille Emma Morrillon de Green Resistance. « Elle est là la résistance, au moment où on va casser cet enrobé ! », s’exclame la paysagiste, impatiente de voir se réaliser cette nouvelle phase de réhabilitation écologiste des lieux. 

Auteur : Adriano Tiniscopa

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