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Ces entreprises qui se prêtent des salariés

Le 30/10/2018 par Alice Pouyat

Oui, David et Golliath peuvent se prêter main forte ! Voilà l’idée du Pass’compétences, un audacieux dispositif de solidarité qui fait collaborer grandes et petites entreprises – deux mondes qui ne communiquent pas toujours spontanément.

« Concrètement, les grandes entreprises mettent à disposition des petites un salarié doté d’une expertise forte, pour une durée de 6 mois à 2 ans, », explique Jean-François Houée, directeur général de Géris Consultants, filiale du groupe Thalès, qui a lancé ce concept en 2011.
 
Potentiellement, tous les salariés sont éligibles, dès lors qu’ils ont une expertise – pas seulement les séniors. « Le Pass’compétences est fondé sur l’expérience, pas sur l’âge », insiste Jean-François Houée.

Une aubaine pour les PME

Pour les petites entreprises, c’est une aubaine. Elles voient arriver chez elles un salarié aguerri, susceptible de les aider dans leur développement. « Il s’agit le plus souvent d’apporter des compétences de stratégie commerciale et marketing, de conduite de projets, de RH et finance, et plus rarement des compétences techniques ».

L’expert peut ainsi aider une petite boîte à s’attaquer au marché international, à orienter le lancement d’un nouveau produit, ou même … à embaucher. Comme cette salariée RH de Thalès missionnée dans une PME lyonnaise de cosmétique qui, dépassée par sa croissance, n’arrivait plus à recruter, faute de service spécialisé.

Pour les experts, l’occasion de changer d’air

Pour les salariés détachés, aussi, le jeu en vaut la chandelle. C’est l’occasion de changer d’air, de découvrir de nouveaux process, de se frotter à l’agilité des petites entreprises. « Le salarié n’est pas un consultant qui débarque, donne son avis puis repart », prévient Jean-François Houée. « C’est un détachement immersif, il fait partie intégrante de l’équipe ».
 
Parfois, aussi, c’est un moyen de rester actif quand la liste de tâches, au sein de son entreprise, se dégarnit. « Dans les grands groupes, les périodes inter-projets sont dures à vivre, car elles peuvent se prolonger de longs mois. Entre deux gros contrats, les salariés se retrouvent désœuvrés, ce qui atteint le moral et la motivation ». D’où l’intérêt d’aller se rendre utile chez les petits voisins.

Côté finance, les deux bords partagent les frais… La PME/TPE assume 60% du salaire et le grand groupe 40%. Certains Conseils généraux subventionnent une partie de la quote-part des petites entreprises pour les aider à passer le cap.

Plusieurs plateformes d’échange de salariés

Initialement lancé en Île-de-France, le dispositif, encadré par la Loi de 2011 pour le développement de l’alternance, la sécurisation des parcours professionnels et le partage de la valeur ajoutée (dite « loi Cherpion ») – est aussi opérationnel en Rhône-Alpes, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine.
 
Depuis 2012, quarante salariés de grands groupes, comme Thalès, Schneider Electric ou Alcatel, ont tenté l’expérience et posé leurs valises au sein de start-ups, PME et TPE.
 
Certains s’y sont tant plus… qu’ils ne sont pas repartis, embauchés par leurs hôtes. Et d’autres y ont trouvé l’envie de lancer leur propre business !
 
Géris Consultants cherche désormais à convaincre davantage de grands groupes de jouer le jeu -Sanofi et Renault sont intéressés-, et devrait fonder en 2019 une association pour développer le dispositif.

En parallèle, plusieurs plateformes en ligne, comme Mobiliwork, Masolutionemploi ou Flexojob se développent pour permettre l’échange de salariés entre entreprises, pas seulement entre grandes et petites, des sortes d’Airbnb ou de Blablacar du travail, qui offrent de la flexibilité…. sans avoir à embaucher ni licencier.

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