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Comment Wysips prépare la troisième révolution industrielle

Wysips, une start-up française, développe des films solaires invisibles capables de se greffer sur n’importe quelle surface. Téléphones, vêtements, et vitres des bâtiments pourraient bientôt devenir micro-producteurs d’énergie.

Le 07/08/2013 par WeDemain

Comment Wysips prépare la troisième révolution industrielle
Imaginez que l’écran de votre téléphone devienne un capteur solaire sans même que la qualité de l’image s’en trouve affectée. En rechargeant lui-même sa batterie à partir de lumière naturelle ou artificielle, l’appareil pourrait ainsi atteindre une quasi-indépendance énergétique : plus besoin de devoir l’alimenter quotidiennement. Cette technologie existe et elle est déjà assez avancée pour qu’Alcatel projette de l’intégrer très prochainement dans ses Smartphones.
 
Wysips, une PME française de 30 salariés, développe ce nouveau modèle de cellules photovoltaïques « invisibles ». C’est l’optique lenticulaire – la même technique qui permet à certaines images 2D de s’animer ou d’acquérir une profondeur – qui fait s’effacer les capteurs d’énergie aux yeux de l’utilisateur. Mieux, grâce à des films solaires aujourd’hui aussi fins et souples qu’une feuille de papier, le photovoltaïque peut venir se « coller » un peu partout, des vitres des bâtiments aux tissus des sièges de bus, sans même qu’on ne le remarque.

Fini les câbles !
 
Informatique, automobile, bâtiment… Nombreux sont les industriels qui veulent s’équiper des cellules développées par Wysips. Car en plus de produire une énergie renouvelable, elle permettent de diminuer fortement le recours au câblage au sein des systèmes électriques et informatiques.
 
Aujourd’hui, un panneau publicitaire déroulant doit être raccordé au courant, ce qui nécessite d’importants travaux. Demain, il pourrait suffire de le poser au sol : les cellules solaires intégrées sous sa vitre se chargeraient d’assurer son éclairage et le défilement des affiches. Boeing pourrait aussi utiliser la technique pour permettre à ses hublots de s’obscurcir à la demande des passagers, sans avoir à raccorder chacun d’eux au système électrique central. Et dans les grattes ciels, chaque fenêtre pourrait devenir un régulateur de température ou une prise électrique !

[Le procédé développé par Wysips en vidéo]

Révolution énergétique
 
Preuve que cette technologie est industrialisable, sa production a déjà été lancée à Rousset, près d’Aix-en-Provence. Wysips vient de décrocher de gros contrats et de lever plus de 4 millions d’euros. Pour Ludovic Deblois, co-fondateur de la PME, le succès de cette « micro-énergie » s’explique par ses nombreuses usages possibles. « On voit bien que l’énergie solaire subventionnée peine parfois à trouver des débouchés. Wysips part au contraire d’applications concrètes, intégrées, et rapidement rentables. » Les panneaux Wysips peuvent se fabriquer avec tous les matériaux utilisés dans le secteur du photovoltaïque, de la silice à l’OPV (lire « Photovoltaïque 3e génération : le train à ne pas rater  » sur Wedemain.fr).

Renouvelable, décentralisée, intelligente, la technologie a tout pour plaire à Jeremy Rifkin (lire We Demain n°1). Le scientifique et prospectiviste américain plaide en effet pour un changement de paradigme énergétique, qui devrait conduire chaque bâtiment à devenir une mini-centrale grâce aux énergies renouvelables. Et permettre, en s’appuyant sur un réseau de distribution intelligent et connecté, de reléguer la production centralisée d’énergie aux oubliettes de l’histoire.

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