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DFree, l’appli qui pourrait remplacer 50 % des couches pour adultes

Cherchez une protection contre l’incontinence et vous ne trouverez guère que les couches. Commercialisés en France fin octobre, une simple application et un appareil de 65g pourraient remplacer ces solutions gênantes et polluantes.

Le 21/09/2018 par Paola De Rohan-Csermak
Une mini sonde placée sur le ventre permet de recueillir des données et d'envoyer une notification sur le smartphone lorsqu'il est temps d'aller au petit coin. (Crédit : DFree)
Une mini sonde placée sur le ventre permet de recueillir des données et d'envoyer une notification sur le smartphone lorsqu'il est temps d'aller au petit coin. (Crédit : DFree)

Arriver à temps aux toilettes. C’est l’inquiétude quotidienne de plus de trois millions de Français souffrant d’incontinence, selon les chiffres fournis par l’Association Française d’Urologie (AFU).

Pour remédier à ce stress, la start-up japonaise Triple W, fondée il y a trois ans par Atsushi Nakawishi, a créé l’application D Free, une sorte de nounou chargée de veiller sur la vessie et les intestins de son utilisateur et qui sonne quand il est temps de se soulager. Lancée en 2017 au Japon et il y a quelques jours aux États-Unis, elle sera disponible en France fin octobre.

« L’incontinence urinaire ou fécale est un tabou dans nos sociétés, explique Yuhei Urabe, DG de Triple W, qui ne touche pas que les personnes âgées. Notre jeune CEO a imaginé cet appareil après avoir vécu un très mauvais moment. Il était étudiant, il était en train de déménager, il avait les bras chargés de cartons et c’est arrivé. Ça arrivait quelquefois.

Il s’est renseigné pour savoir comment traiter son incontinence, en vain. Alors il a imaginé ce système d’alerte, un appareil de 65g insoupçonnable sous les vêtements, qui n’est pas un traitement, mais qui aide vraiment dans la vie de tous les jours. » 

L’appareil fonctionne comme un échographe : une mini sonde de la taille d’une savonnette d’hôtel, fixée sur le ventre par un sparadrap, observe, grâce à des ultrasons, le transit intestinal et le changement de volume de la vessie. Les données recueillies par le détecteur sont traitées par un algorithme qui envoie une notification à un smartphone ou à une tablette pour prévenir qu’il est temps d’aller aux toilettes.
 
En temps réel, un graphique renseigne le patient sur le niveau de sa vessie, sur une échelle de 1 à 10, et un autre sur le débit et la fréquence de sa miction. On peut choisir à quel niveau on veut être alerté, comme on choisit sur son smartphone l’heure de son réveil.
 
Le prix de l’appareil n’a pas encore été fixé et il n’a pas fait en France l’objet d’étude scientifique en milieu hospitalo-universitaire, pour être homologué. « Or je ne vois un avenir à ce type de produit – qui peut être particulièrement intéressant pour les personnes contraintes de pratiquer quotidiennement l’auto-sondage – que si l’on a vérifié sa fiabilité et si son prix est attractif », commente le professeur Marc-Olivier Bitker, chef du service urologie de La Pitié-Salpêtrière.

Une invention saluée par le Japon

DFree réduirait de 30 % le temps consacré aux soins, et de 50 % le coût des protections. (Crédit : DFree)

En revanche, l’appareil a été testé dans des dizaines d’EHPAD au Japon, selon Yuhei Urabe. L’un des tests, mené à Kawasaki, a fait l’objet d’un reportage réalisé par NHK. Les résultats ont été positifs : DFree réduirait de 30 % le temps de soin, et de 50 % le nombre de protections nécessaires, ce qui représenterait une économie de 247 euros en moyenne par patient et par mois.

Des économies non négligeables pour le Japon qui vit « une crise nationale », dixit Shinto Abe lors de ses vœux le 1erjanvier, celle du vieillissement de sa population, et, mécaniquement, de l’accroissement du nombre de personnes incontinentes (une personne âgée sur deux). L’Institut National d’Études démographiques (INED) estime que 35 % des Japonais auront 65 ans et plus en 2040 (contre 27,2 % aujourd’hui). 

« Nous sommes touchés par ce phénomène, nous aussi, rappelle le professeur Bitker. C’est un phénomène planétaire.« 

   
Enfin, l’invention d’Atsushi Nakawishi, qui a remporté le Grand Prix du Japan Healthcare Contest 2017, apporterait une réponse à un problème écologique, celui de la pollution par les milliards de couches pour adultes jetées chaque année (changes complets avec ceinture, sous-vêtements absorbants, protections urinaires anatomiques).
 
Ces protections sont la seule solution à l’heure actuelle contre les fuites. En revanche l’application ne peut fonctionner pour des jeunes enfants dont le système urinaire et fécal ne peut être lu par la sonde. Pour les parents écolos, il n’existe d’autre alternative aux couches jetables que les couches lavables.

Restera à connaître le prix de cet objet connecté et de son appli associée, qui devraient être disponibles fin octobre sur le site de Triple W.

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