Handicap : se « réparer » soi-même dans un fab lab, bientôt possible à Rennes ?

En 2002, alors qu’il travaillait dans la fabrication et la maintenance de machines industrielles, Nicolas Huchet a dû se faire amputer la main droite suite à un accident. Onze ans plus tard, ce Rennais s’est fabriqué sa propre main bionique, baptisée Bionicohand, grâce à une imprimante 3D. Une alternative aux prothèses robotisées classiques, dont les coûts s’élèvent à plus de 20 000 euros.

Pour y parvenir, le trentenaire n’a eu besoin « que » d’un fil de pêche de Nylon et d’une boîte de chocolat en poudre pour la relier au bras. Le reste des composants a été imprimé en 3D, avec l’aide de l’équipe du fab lab de Rennes, Labfab. En avril 2015, grâce à cette invention, il est élu « meilleur innovateur social » par le prestigieux Massachussets Institute of Technology (MIT).

Mais Nicolas Huchet n’entend pas s’arrêter là. Face à l’engouement suscité par son histoire, il mûrit un nouveau projet : ouvrir un fab lab dans lequel les personnes handicapées pourraient, comme lui, se « réparer » eux mêmes. Porté par son association « MyHumanKit », ce projet a été sélectionné pour la finale du Google Impact Challenge, qui aura lieu le 8 octobre à Paris.

Insertion et valorisation
 
Organisé pour la première fois en France, ce concours récompensera quatre projets « solidaires et innovants » portés par des associations et fondations. Chacun d’entre eux se verra doté d’une récompense de 500 000 euros. De quoi, pour Nicolas Huchet et son équipe, concrétiser le projet Handilab.

S’il voit le jour, ce lieu fonctionnera « pour et avec des personnes en situation de handicap », afin de « transformer [les] limitations physiques en motivation », comme l’explique la fiche du projet . Une façon aussi de participer à l’insertion et à valorisation de ces personnes.

« Celui qui veut fabriquer sa main »

Concrètement, il s’agit d’y fabriquer, à plusieurs, des prothèses auditives, des mains bioniques, des fauteuils roulants, des « gants sonar  » à destination des aveugles, ou encore des outils de sensation musicale pour malentendants. Le tout, à bas coût et en open source. Si le projet voit le jour, cinq prototypes de ces dispositifs devraient être testés et validés d’ici deux ans. Avec un objectif : les rendre accessible au plus grand nombre.
 
Un projet dont les ambitions sociales et technologiques repose sur une certitude : « Agir sur son handicap redonne du souffle, de l’énergie. Au fab lab, on m’a pris au sérieux sans me demander les diplômes que je n’avais pas. Je n’étais plus ‘celui qui a une main en moins’, mais ‘celui qui veut fabriquer sa main' », raconte Nicolas Huchet, qui espère voir, bientôt, des milliers de personnes partager cette expérience.

Lara Charmeil
@LaraCharmeil

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