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Sans les yeux, sans les mains, sans danger : rouler en 2030

We Demain n°7 Comment roulerons-nous en 2030? Nous avons essayé l’une de ces voitures auxquelles
 ne manque plus qu’un cadre légal
 pour se conduire toutes seules. Alors,
 la voiture autonome révolutionnera nos sociétés. Économie, environnement, sociologie, énergie, industrie, géographie… Elle va tout transformer.

Le 01/07/2014 par WeDemain

Le périphérique parisien de ce vendredi après-midi est un immense parking circulaire. « Porte d’Orléans : + 1 heure», clignote un panneau
 à message variable. Ça tombe bien, j’ai une centaine de mails en attente sur ma messagerie. Et la voiture
 qui va avec. La Mercedes Classe S s’arrête, redémarre, enchaîne les rapports de sa boîte automatique et braque pour rester dans sa voie sans la moindre intervention de ma part. Le siège est reculé au maximum, l’ordinateur déplié, la jante du volant frotte un peu le dos de l’écran dans les courbes de la porte d’Auteuil.
 Le GPS me préviendra quand il faudra bifurquer vers l’A6. J’ai tout mon temps.

Un coup de klaxon me tire 
de la consultation de mes messages. Je suis immobilisé sur la voie
de gauche et le trafic me dépasse
 par la droite. Devant mon capot,
 une haie de cônes dérive le trafic
 à l’écart d’un accident. Un policier
 me fait signe de circuler. Pris en faute, je replie mon ordinateur, cherche
 les pédales hors de portée, avance le siège, reprends mes esprits et repars. La caméra stéréo n’a pas su interpréter ces cônes et, prudemment, l’ordinateur de bord a choisi de ne pas suivre la voiture de devant quand elle a bifurqué. Le trafic enfin libéré repart à bonne allure. Je n’ose pas replonger dans mes messages. Pourtant, la voiture se comporte comme avant, rivée à des
rails invisibles qui font tourner le volant quand je me laisse dériver. Des rails visibles en fait. Ce sont les bandes blanches qui, en plus des mouvements des véhicules en amont, guident l’auto.

Conduis-je ?

« Dans 500 m, tournez à droite», intime le GPS. À moi d’actionner l’aiguillage : clignotant, mains sur le volant, je change de file entre deux cortèges de motos,
 et me voici sur l’A6. La Mercedes aurait- elle su négocier le rude virage en tunnel qui catapulte sur l’autoroute du soleil ?
 Je n’ai pas été joueur. J’ai bien fait puisque ce genre de courbe n’est pas (encore)
 au programme de la machine. Le troupeau roule maintenant plein sud à 90 km/h,
 un panneau annonce « Orly : fluide » 
et au tableau de bord le petit volant vert indique le bon fonctionnement du pilotage automatique. La sensation est 
la même qu’à l’avant du wagon de tête d’un métro automatique, en moins rassurant. Après tout, ce machin est aussi un régulateur de vitesse intelligent qui maintient non seulement le cap mais
 aussi la distance de sécurité. Conduis-je ?

Réponse un peu plus tard, quand clignote entre les compteurs la petite tasse signalant – toutes les deux heures – qu’il est temps de faire une pause. Dormais-je éveillé ? Il me faut un gros effort mental pour déconnecter l’automatisme, sortir 
du flux, guider la voiture jusqu’à l’aire
 de repos et freiner à temps pour ne
 pas grimper sur le trottoir. Je suis sidéré, littéralement abruti, comme si l’auto avait pris possession de mon système nerveux. Encore deux heures de ce régime et, dans le meilleur des cas, je continuais jusqu’à Marseille ou la panne sèche. Dans le pire, je m’endormais, sans grande conséquence puisque la voiture sait éviter obstacles
 et véhicules, même ceux venant d’en 
face. Mais piquer un somme n’est pas au programme, des capteurs me surveillent et auraient sonné le réveil. Et si je ne me réveillais pas ? La classe S se serait rangée toute seule sur le bas-côté. Avec le clignotant puis les feux de détresse. Fin de la blague.

Détection par laser

Et début d’une nouvelle ère : celle de la voiture autonome, ce véhicule capable de transporter un aveugle que Google et les constructeurs nous promettent pour bientôt. «Tous les problèmes et défis auxquels nous devons faire face aujourd’hui pour faire rouler une voiture autonome seront résolus d’ici à 2020 », a déclaré au salon de l’auto de Francfort, l’automne dernier, Carlos Ghosn, patron de l’alliance Renault-Nissan…

La suite dans We Demain n°7

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