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Quelles solutions pour dire adieu au gazon ?

Avouons-le : on imagine difficilement un jardin bien entretenu sans son gazon fraîchement tondu. Popularisé par la pop-culture américaine, le carré de velours vert est devenu l’emblème, avec les clôtures blanches et les voitures bien lavées, du pavillon de banlieue propret.

Additionnées, les pelouses américaines couvrent une surface de la taille de la Tunisie. En France, on les retrouve dans 77 % des jardins de particuliers, sans compter les parcs, terrains de sport et abords d’autoroute.

Certes, le gazon vaut mieux que du béton. Cette surface homogène plantée d’herbacées (ray-grass, pâturin des prés…) abrite quelques insectes, résiste aux piétinements, et procure une certaine fraîcheur.

Elle demande en revanche beaucoup d’entretien et reste très gourmande en eau (4 à 5 litres par mètre carré) sous peine de se transformer en véritable paillasson à la moindre période de sécheresse. 
Sur des surfaces de plus de 50m2, c’est un non sens écologique ! On ne laisse pas le temps aux graminés de fleurir, on gâche de l’eau pour que la pelouse pousse alors qu’on la coupe avant qu’elle n’y parvienne”, déplorait le botaniste Olivier Filippi dans un entretien accordé à We Demain en août 2019. Aux États-Unis, le gazon est ainsi la culture la plus arrosée, devant le maïs et le blé, pointe le magazine Grist en reprenant une étude publiée en 2005 dans la United States National Library of Medicine. L’assèchement du climat dû au réchauffement planétaire oblige les jardiniers à se tourner vers d’autres solutions plus écologiques.

Olivier Filippi en détaille plusieurs dans son ouvrage Alternatives au gazon paru en 2011. Les options hybrides, comme la pelouse mixte (mélange de gazon naturel et synthétique) ou le jardin sur gravier, présentent l’avantage d’être moins gourmandes en eau qu’une pelouse classique. Elles sont en revanche moins intéressantes sur le plan de la biodiversité qu’un parterre semé de fleurs des champs ou de graminés, qui attireront les insectes pollinisateurs. 

Remplacer l’herbe par un couvre-sol

Le ray-grass anglais, variété d’herbe la plus souvent utilisée, se remplace également par des plantes couvre-sols, qui forment une véritable moquette végétale. Tout dépend du niveau d’exposition du jardin et de son niveau de fréquentation, afin de choisir des variétés plus ou moins résistantes à l’ensoleillement et au piétinement.

Ennemis du jardinier, le trèfle et la mousse poussent rapidement et ne nécessitent quasiment aucun entretien. La Zoysia tenuifolia (aussi appelée « gazon des Mascareignes »), le thym laineux ou l’achillé formeront des tapis parfumés dans les emplacements chauds et secs, tandis que l’aspérule odorante s’épanouira dans les zones ombragées. La menthe corse s’adapte, elle, aussi bien à l’ombre qu’au soleil.

Le mieux reste de mélanger différentes espèces, ce qui permet d’une part de jouer avec leurs différents coloris (vert ou jaune pour la mousse, rose vif pour le thym…), et d’autre part de conserver un jardin toujours pimpant, en choisissant des plantes avec des cycles complémentaires.

Une pelouse, pour quoi faire ?

Il faut, enfin, se poser la question de l’utilité de la pelouse. Avons-nous vraiment besoin d’une vaste étendue dégagée au milieu du jardin ? Ce goût pour le “tapis vert ondulant” qui remonte, note l’architecte-paysagiste Isabelle Auricoste dans son article Urbanisme moderne et symbolique du gazon, à l’élaboration des parcs paysagers anglais du XVIIIe siècle, ne demande qu’à évoluer.

On peut ainsi choisir de transformer tout ou partie de cette surface en mini-forêt – véritable refuge à biodiversité – ou en un jardin de pluie qui protégera le terrain des inondations.

Aux nostalgiques qui souhaitent tout de même conserver un petit carré de gazon, misez sur un récupérateur d’eau de pluie pour arroser vos plantations et laissez-le jaunir en été : c’est un phénomène tout à fait naturel, qui se résorbera à la première averse. 

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