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Hausse du niveau des océans : une facture à 872 milliards d’euros pour l’Europe d’ici 2100 ?

À l’instar de l’eau de mer, la facture pourrait être très salée pour l’Europe. Selon une étude publiée dans la revue Scientific Reports (du groupe Nature) en janvier 2024, les conséquences financières potentielles de la montée des eaux due au réchauffement climatique pourraient être majeures en Europe notamment. Les auteurs de l’étude ont étudié plusieurs scénarios possibles de hausse du niveau des océans et évalué leur impact. Leurs conclusions méritent toute notre attention.

« Une comparaison du pire scénario avec un scénario de référence – sans impact climatique – suggère une perte de PIB de 1,26 % (871,8 milliards d’euros) pour l’ensemble de l’UE et du Royaume-Uni« , peut-on lire dans ce rapport réalisé par des chercheurs de l’Université technique de Delft (Pays-Bas). Par « pire scénario », ils entendent un réchauffement à +5 °C et une montée des eaux à +1,7 mètre d’ici à 2100. Sachant que le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a expliqué récemment avoir déjà demandé à ses équipes de plancher sur un scénario à +4 °C pour la France, cette hypothèse n’a rien d’insensé.

Des régions bien plus touchées que d’autres par la hausse du niveau des océans

D’après les modélisations réalisées par les chercheurs de l’université néerlandaise, l’Italie, la Pologne, le Danemark mais aussi la France figurent parmi les pays les plus touchés dans le scénario « catastrophe ». Les régions côtières de ces différents pays seront bien évidemment en première ligne. Dans l’Hexagone, les régions les plus menacées sont les Hauts-de-France, les Pays-de-la-Loire et la Nouvelle-Aquitaine. Au point qu’elles pourraient souffrir d’un recul, a minima, de 10 % de leur PIB. « Nos résultats soulignent l’urgence de mettre en place des politiques économiques spécifiques à chaque région, afin de remédier aux effets inégaux du niveau de la mer sur les différentes régions et leurs économies », soulignent les scientifiques.

C’est d’autant plus vrai pour certaines zones où les conséquences s’annoncent dramatiques. Ainsi, dans la région de Venise (Italie), les pertes pourraient affecter 21 % du PIB. Même avec des bottes, la place Saint-Marc sera impraticable. Et si certaines régions intérieures pourraient bénéficier de cette évolution, en raison de la relocalisation des industries dans leur zone, ce serait dans un ordre de grandeur minime. « Les gains de PIB seraient faibles (0 à 1,13 %) », affirme l’étude.

De complexes calculs pour déterminer l’impact sur le PIB

Pour obtenir ces chiffres, les chercheurs ont essayé de prendre un maximum de critères en compte, comme l’obligation de fermer des usines et activités dans des zones qui seront immergées d’ici 2100. Les scientifiques ont aussi pris en ligne de compte le tourisme ou encore le fait que 75 % du volume du commerce international européen s’effectue par voie maritime. Or, il faudra déplacer les ports pour s’adapter à la montée des eaux. Et cela aura un coût non négligeable.

Surtout, avec la hausse de la fréquence des inondations, les coûts des dommages ne vont cesser de croître ces prochaines années. Après le long épisode dans les Hauts-de-France entre novembre 2023 et janvier 2024, voilà que c’est au tour de la Nouvelle-Aquitaine d’être touchée par des vagues submersion et les débordements de fleuves et rivières, dont la Garonne.

La Caisse centrale de réassurance (CCR) a d’ores et déjà indiqué que les inondations dans le Nord de la France en fin d’année dernière avaient coûté quelque 640 millions d’euros. Quand le coût annuel moyen des dommages causés par les inondations au niveau national s’élève habituellement à 520 millions d’euros. À ce rythme, les indemnisations au titre du régime Catastrophes Naturelles vont devenir de plus en plus difficile à assurer.

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