Partager la publication "« 1 euro la maison ! » Ces villes qui bradent l’immobilier pour ne pas mourir"
Pour pallier cette désertification et redonner vie aux quartiers délaissés, le maire de Roubaix Guillaume Delbar (Les Républicains) a annoncé mi-juillet le lancement d’un projet inédit en France : racheter les habitations inoccupées, dans le but de les revendre à des particuliers pour la somme modique… d’un euro. En contrepartie, les acquéreurs devront financer leur rénovation.
Si ce projet est une première en France, il a déjà été conduit dans d’autres villes d’Europe. Notamment à Liverpool, dont s’est inspirée Roubaix. En septembre, l’adjointe roubaisienne chargée du logement se rendra dans la ville britannique pour étudier le dispositif.
À Liverpool, un 4-pièces pour une livre sterling
Les consignes de la ville de Liverpool sont claires : pour assurer la pérennité de ce projet de repeuplement, les habitants doivent être en mesure de financer les travaux des logements acquis à coût dérisoire. Et les habiter au minimum cinq ans.
Pour l’heure, une vingtaine de maisons « à une livre » ont été vendues. La municipalité liverpuldienne se targue de « permettre aux habitants à revenus modestes de devenir propriétaires », tout en « favorisant la requalification de certains quartiers ». Même si, pour certains riverains, il aurait été plus utile d’investir dans d’autres projets, comme la construction de logements sociaux.
Gangi, la gratuité comme argument
Comme à Liverpool, c’est la désertification qui a poussé la mairie à opter pour cette solution. Peuplée de 15 000 habitants en 1950, Gangi n’en compte aujourd’hui plus que 7 000. Outre cet exode rural, le maire du village, Giuseppe Ferrarello, invoque la situation géographique du village, « trop éloigné de la mer pour attirer les touristes ».
Les acquéreurs des maisons cédées par la mairie, qu’ils soient des groupes hôteliers ou des particuliers, devront s’engager à rénover intégralement les demeures en quatre ans maximum. Des chantiers qui pourraient s’avérer coûteux à mener dans ces délais : certaines propriétés sont à l’abandon depuis plusieurs générations.
Salemi, le village précurseur
En 2008, Victor Sgarbi, le maire de Salemi, décrit comme un utopiste libéral, veut donner un second souffle à cette « cité délabrée ». Son plan : restructurer le centre-ville, fonder un « musée du crime » pour lutter contre la mafia locale, et surtout, racheter des habitations inoccupées pour les brader à un euro, avant que leurs nouveaux propriétaires ne les rénovent dans un délai maximum de deux ans.
Mais, à ce jour, si de nombreux particuliers se sont montrés intéressés, aucune des maisons n’a été vendue. Une impasse qui s’expliquerait, selon le site italien Lettera 43, par des pressions mafieuses.
Carrega Ligure assouplit le système
Le projet, depuis, est réapparu dans une version plus souple. Sur son site, la mairie indique désormais vouloir jouer le rôle « d’intermédiaire entre des futurs acquéreurs et des propriétaires voulant se débarrasser de leur bien ». Mais « pas nécessairement pour un euro », précise la municipalité, qui a créé une case1euro@comunecarregaligure.eucase1euro à destination des intéressés.
Clara Potier
Journaliste à We Demain
@ClaraPotier