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À 27 ans, ils réalisent le premier tour du monde de l’économie circulaire

Interview Dans le cadre du projet Circul’R, deux jeunes Français sont partis à la découverte de 100 initiatives permettant de réduire notre consommation de ressources et nos déchets. Après avoir visité 11 pays sur les 22 que compte leur itinéraire, ils témoignent.

Le 23/09/2015 par WeDemain
[Interview] Dans le cadre du projet Circul'R, deux jeunes Français sont partis à la découverte de 100 initiatives permettant de réduire notre consommation de ressources et nos déchets. Après avoir visité 11 pays sur les 22 que compte leur itinéraire, ils témoignent.
[Interview] Dans le cadre du projet Circul'R, deux jeunes Français sont partis à la découverte de 100 initiatives permettant de réduire notre consommation de ressources et nos déchets. Après avoir visité 11 pays sur les 22 que compte leur itinéraire, ils témoignent.

22 pays, 17 mois et 100 initiatives. C’est l’aventure dans laquelle se sont lancés Jules Coignard et Raphaël Masvigner, deux Français de 27 ans. En effectuant le « premier tour du monde de l’économie circulaire », ils espèrent promouvoir « la transition vers un nouveau modèle économique limitant la consommation de ressources et la production de déchets ». Et connecter entre eux les acteurs des initiatives observées.

Depuis leur départ en mars 2015, ils ont déjà pu identifier 60 initiatives dans 11 pays. Des expériences qu’ils ont relaté mi-septembre, lors d’une escale à Paris, à l’occasion des États généraux de l’économie circulaire organisé par le Grand Paris. Angleterre, Belgique, Hollande, Allemagne, Maroc, Espagne, Portugal, Sénégal, Afrique du Sud, Mayotte, Réunion… Jules Coignard et Raphaël Masvigner se sont avoués « enthousiasmés par les voyages et découvertes » déjà vécus. We Demain les a rencontrés, avant leur départ pour l’Asie.

We Demain : Racontez-nous la genèse de ce tour du monde de l’économie circulaire.
 
Jules Coignard et Raphaël Masvigner : L’idée remonte à 2013, quand nous nous sommes rencontrés. Nous étions alors tous les deux employés chez Airbus, au Mexique, respectivement comme responsable des achats et responsable marketing. Nous parlions souvent entre nous de développement durable et de modèles alternatifs pour limiter l’épuisement des ressources naturelles et de la production exponentielle des déchets.

Pendant six mois, nous avons muri notre projet, et en septembre 2014, nous avons tous deux quittés nos postes pour lancer l’association Circul’R. Une fois rentrés en France, nous avons entrainé une quinzaine de partenaires dans l’aventure et décidé de partir à la rencontre d’acteurs qui, un peu partout, s’engagent dans des projets responsables humainement et écologiquement. L’objectif final étant de créer une plateforme numérique qui connecterait tous ces projets, et plus encore, entre eux.

« Il y a de l’or dans les poubelles »

Six mois après votre départ, quelles sont vos découvertes les plus marquantes ?
 
Il y en a des tonnes ! La plus marquante, peut-être, est celle de notre expérience dans la décharge de Mbeubeuss, près de Dakar, au Sénégal. Sur cette immense décharge où s’accumulent plus de 2 000 tonnes de déchets quotidiennes, environ 80 % sont récupérées chaque jour grâce à une l’association des récupérateurs Bokk Diom. Plus de 3 000 personnes y travaillent et gagnent ainsi leur vie à glaner puis revendre des ordures.

Ceux qui y travaillent gagnent quatre à cinq fois le salaire moyen du Sénégal, c’est dire s’il y a de l’or dans les poubelles ! Le tout, dans un environnement hallucinant : sur un ancien lac s’élèvent des montagnes de déchets aussi hautes qu’un immeuble ! Les conditions sanitaires sont alarmantes. Pourtant, du fait de son économie informelle, cet endroit est devenue une véritable bombe écologique à plusieurs niveaux. La question qui se pose à présent est : que faire de cette décharge ? Si on demandait aux personnes qui y travaillent de le faire de façon officielle, pas sûr qu’elles accepteraient… Cet endroit nous a foutu une vraie claque.

D’autres initiatives marquantes ?

Au Maroc, l’association Orange bleue nous a beaucoup impressionné. Dans la périphérie de Marrakech, le gouvernement a, cette fois, officiellement donné une décharge à cette association afin qu’elle la transforme. Avec les habitants du quartier, l’association applique les principes de la permaculture pour y faire pousser des fruits et légumes bio. Cela engendre une production et des revenus locaux dans un quartier défavorisé… Des membres de l’association organisent des ateliers pour expliquer aux enfants comment procéder. Les objectifs atteints sont multiples : réduction des déchets, de la pauvreté, préservation d’un écosystème et renforcement des liens sociaux.

Plus près de chez nous, nous avons par exemple adoré rencontrer les membres d’Interface, une entreprise qui produit de la moquette recyclable, aux Pays-Bas. En fait, nous avons appris partout, grâce à nos amis des incubateurs de start-up sociales MakeSense et Future of Waste qui nous ont transmis leurs contacts un peu partout dans le monde !

Quels premiers enseignements tirez-vous de cette expérience ? Quelle pourrait être la suite ?
 
Qu’en créant et faisant essaimer un peu partout ce genre d’initiatives, on peut réellement changer les choses. Nous en sommes convaincus, ce ne sont pas que des mots ! Ces initiatives, qu’elles voient le jour en tant que start-up, associations ou institutions, créent un cercle vertueux socialement, écologiquement et économiquement. Les pays du Sud l’ont mieux compris que nous. Ils marient l’économie circulaire avec l’économie sociale et solidaire presque automatiquement. Notre feuille de route va maintenant nous conduire en Inde, où l’innovation va de paire avec une approche philosophique. À la fin de notre périple, nous comptons créer une start-up qui connecte ces acteurs.

Propos recueillis par Lara Charmeil
@LaraCharmeil

Pour suivre Jules et Raphaël, rendez-vous sur leur site internet  ou leur page facebook.

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