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Anti-perles du bac : « Non, le lycéen d’aujourd’hui n’a pas le QI d’une huître… »

Au lieu de pointer les plus grosses bêtises des élèves, pourquoi ne pas valoriser leurs traits de génie ? C’est l’initiative d’une professeure du Val de Marne. Florilège.

Le 06/07/2017 par WeDemain

« Non, le lycéen d’aujourd’hui n’a pas le QI d’une huître (…) », lance, sur son blog, Françoise Cahen, professeur de français à Alfortville (Val-de-Marne). Agacée par la publication des incontournables « perles du bac » et l’idée reçue selon laquelle le niveau des élèves baisse à mesure que les années passent, cette enseignante a décidé de mettre en valeur les extraits flamboyants des copies et oraux de certains lycéens. En voici quelques extraits : 

« Il me surprit abondamment »

Un examinateur de l’oral de français :

« Un jeune homme, habillé de façon ‘street’, après une question sur le mythe de Sisyphe, s’écria : ‘Ce qu’on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente façon de mourir’. Il me surprit abondamment. »

« La vie est un étrange et douloureux divorce »

Conclusion d’un oral sur ‘Le Bateau Ivre » :

« Et, finalement, ce que nous rappelle Rimbaud est un peu ce que disait Aragon quand il écrivait ‘rien n’est jamais acquis, à l’homme ni sa force, ni sa faiblesse ni son coeur, et quand il croit, ouvrir ses bras son ombre, est celle d’une croix, et quand il croit serrer son bonheur il le broie ! La vie est un étrange et douloureux divorce’. Car la lueur d’espoir que l’homme aux semelles de vent inscrit dans son poème Le Bateau Ivre est celle d’un homme à la fois halluciné et désabusé. »

« Je voyais en ses yeux l’origine de toute souffrance. »

Devoir d’invention, écrit du bac français (extrait) :

« Des trois soldats, un seul eut le courage de regarder vers la caméra. Il me bouleversa. Au delà d’un homme, je vis la souffrance. Au delà de ses yeux, je vis l’horreur. Pas seulement la sienne, mais aussi la mienne. Je voyais en ses yeux l’origine de toute souffrance. »

Des « phrases brèves et hachées connotant un mal-être »

 Extrait d’un commentaire du texte de Duras (ES-S) :

« Ce changement est visible d’une part grâce à la construction du texte qui lors du premier paragraphe de l’extrait est composé de phrases brèves et hachées connotant un mal-être, une panique, tandis que dans le deuxième paragraphe nous constatons dès l’extinction des lumières, point de changement, une seule et longue phrase (l. 5 à 11), semblable à un long soupir de soulagement. […] » 

« Ce rêve d’égalité pour lequel des femmes et des hommes donnèrent leurs vies »

Épreuve d’histoire (Terminal L) :

« Nous pouvons donc dire que le communisme, le socialisme réel et le syndicalisme virent le 20e siècle comme le siècle de leur avènement, à cause de la misère économique et social qui y régnait, mais ne purent persévérer à cause de la guerre froide et de l’URSS qui en s’effondrant, emporta avec lui le romantisme gauchiste et ce rêve d’égalité pour lequel des femmes et des hommes donnèrent leurs vies. »

« La puissance des mots »

Conclusion de dissertation par un élève en bac pro :

« La puissance des mots doit être prise au sérieux car des mots bien pensés peuvent panser bien des maux. »

Réaction des parents et enseignants

Entre pensées subtiles et écrits brillants, nombres d’enseignants et parents d’élèves ont remercié l’enseignante pour sa démarche. Exemples :

Hélène Le Fur du lycée de Gondecourt (59) :

« .. je partage votre lassitude quand j’entends les sempiternelles lamentations au sujet du niveau des jeunes, cet esprit de raillerie est le contraire de ce que nous devrions chercher à cultiver : l’optimisme, la confiance, la bienveillance. »

Une maîtresse de conférences en économie  :

« Je me joins à l’enthousiasme ambiant pour cette belle et puissante initiative. […] et moi aussi je lis des témoignages et des réflexions splendides dans les rendus écrits que je demande à mes étudiants de licence. Ils sont plein de richesses, de profondeur et d’humour. A nous de trouver les moyens et les formats leur permettant d’exprimer pleinement leurs talents. »

Une maman :

« Juste merci. »

 

Elle même correctrice du bac cette année, Françoise Cahen invite les enseignants correcteurs à envoyer leur « jolies perles ». Serait-ce alors l’aube d’une nouvelle tradition ? 

 

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