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Culture, santé, éducation… Ce que Pokémon GO apporte de positif (dans la vraie vie)

Certains y voient un jeu abrutissant et consumériste, d’autres lui reconnaissent des vertus bien réelles. We Demain en a retenu quatre.

Le 02/08/2016 par WeDemain
Certains y voient un jeu abrutissant et consumériste, d'autres lui reconnaissent des vertus bien réelles. We Demain en a retenu quatre.
Certains y voient un jeu abrutissant et consumériste, d'autres lui reconnaissent des vertus bien réelles. We Demain en a retenu quatre.

Téléchargé 75 millions de fois, Pokémon GO déchaîne les passions depuis plusieurs semaines. Il y a les fans du jeu… et ceux qui n’en comprennent pas l’intérêt. Au-delà de ce débat insoluble, qu’apporte Pokémon GO à la société ? Rien de bon, jugent certains : l’application est accusée d’être accaparante, addictive, consumériste  ou encore de cultiver la ségrégation spatiale en privilégiant les habitants des centres-villes.

Mais ces reproches, aussi argumentés et fondés soient-ils, ont tendance à occulter certaines conséquences heureuses de cette folle chasse aux Pokémon. We Demain.fr a retenu quatre raisons de ne pas détester Pokémon GO, même quand on n’y joue pas.

Le jeu permet aux enfants de se réapproprier la ville

En refaisant de la ville un terrain de jeu et d’exploration, Pokémon GO incite ses jeunes utilisateurs à sortir davantage, accompagnés ou non de leurs parents… Ce qu’ils font de moins en moins seuls : Une étude de 2015 du Policy Studies Institute montre que sur un panel de 16 pays (dont l’Italie, la Suède, le Royaume Uni ou l’Australie), la mobilité des enfants dans l’espace public est plus réduite en France.

Un phénomène qui s’explique en partie par le comportement de parents surprotecteurs, et qui s’observe dans d’autres pays industrialisés comme les États-Unis. Sur son blog Free-Range Kids, Lenore Skenazy, auteure américaine de plusieurs livres consacrés à la jeunesse, dénonce régulièrement ce phénomène de confinement. Elle se félicite de l’arrivée de Pokémon GO dans la vie de nombreux enfants :
 

« Le jeu […] est drôle, simple et se partage. C’est comme s’ils avaient inventé l’équivalent de la balle pour le XXIème siècle : un jeu dont les enfants peuvent profiter seuls, en groupe ou lorsqu’ils marchent dans la rue. »

Pendant que certains ironisent sur le fait qu’il aura fallu un jeu vidéo pour que les jeunes sortent à nouveau de chez eux, des médecins et même la ministre de la santé française se réjouissent : l’application se révèle être un outil inespéré pour promouvoir la marche… parfois sur de longues distances. Afin de faire éclore des œufs de Pokémon, le joueur doit parcourir 2 km, 5 km voire 10 km pour les créatures les plus rares. Jouer à Pokémon GO, c’est du sport !

Reste à convaincre les parents de lâcher du lest sur la surveillance de leur progéniture. Certains jeunes joueurs ont déjà trouvé des réponses à ce problème, comme à Caen, où ils vont jusqu’à privatiser les trains pour touristes pour chasser ensemble les Pokémons. Moins bon pour la santé, mais rassurant pour les parents.

Pokémon GO, un musée des curiosités urbaines disparues

Si le but de Pokémon GO est de capturer des créatures fictives, cela nécessite, au préalable, de récupérer des objets virtuels (comme les fameuses Pokéballs) dans des lieux bien réels : monuments, parcs, rues méconnues… À ce titre, le jeu contribue à mettre en valeur des lieux oubliés, voire disparus de l’espace urbain : oeuvres de street-art, fresques murales, statues et autres curiosités urbaines.

Tous ces points d’intérêt sont géolocalisés et apparaissent en photo dans l’application, même s’ils ont disparu, comme ce peut être le cas d’un graffiti. Pour déterminer ces endroits, la société Niantic, l’un des développeurs de Pokémon GO, s’est beaucoup servi des données fournies par les utilisateurs de son précédent jeu, Ingress, sorti en 2012. Des recoins de la ville parfois déjà effacés ou recouverts, mais que l’application Pokémon GO conserve en mémoire.

Pokémon GO pourrait créer des vocations scientifiques

Le jeu pourrait éveiller aux métiers scientifiques et à la recherche selon des universitaires canadiens. Être dans la peau d’un dresseur de Pokémons, c’est déjà être un peu un naturaliste amateur : identifier les différentes espèces, connaître leurs caractéristiques et leur comportement.

La start-up française ENEO a décidé d’exploiter cette brèche. Lauréate de l’appel à projets « jeunes pousses de la greentech verte » lancée par le ministère de l’environnement, elle bénéficiera d’un accompagnement technique et financier pour développer son projet d’application « Pokémons de la biodiversité » : un jeu de sciences participatives calqué sur le principe de Pokémon GO. Le joueur pourra chercher des espèces animales et végétales près de chez lui. Il pourra alors « découvrir plus d’informations sur l’espèce et [sera] invité à partager ses observations avec ses amis et la communauté scientifique », indique sur son site le ministère de l’environnement.

Pokémon GO incite également à s’intéresser à l’histoire. Certains points d’intérêt du jeu ont été fixés grâce au site The Historical Marker Database, une base de données recensant 80 000 marqueurs historiques dans le monde entier : lieux symboliques, plaques commémorative… Si beaucoup sont situés aux États-Unis, de nombreux points d’intérêt font également référence à des événements historiques en France. Des chasseurs de Pokémons se découvriront-ils une passion pour l’histoire ? Réponse à la rentrée sur les bancs de la fac.

Pokémon GO permet de promouvoir des causes

La popularité du jeu a poussé de nombreuses marques à utiliser Pokémon GO pour communiquer. John Hanke, PDG de Niantic, évoquait dans une interview au Financial Times qu’il vendrait bientôt des lieux sponsorisés aux marques. Une intrusion déplorée par les détracteurs du jeu. Mais d’autres structures, aux visées plus altruistes, bénéficient de l’engouement mondial qui entoure Pokémon Go… sans débourser un centime. Comment ? En détournant les visuels du jeu pour attirer l’attention sur leurs causes. L’ONG de protection de l’environnement WWF s’est ainsi inspirée de Pokémon GO pour une campagne de sensibilisation au danger qui pèse sur certaines espèces animales. Les Pokémons, une allégorie de la biodiversité ?

Les photos d’enfants syriens tenant des dessins de Pokémons ont également fait le tour du web. Diffusées par l’organe de communication des forces révolutionnaires en Syrie (RFS media office), ces portraits visent à sensibiliser le public au sort de ces jeunes victimes de la guerre. Une campagne très partagée sur les réseaux sociaux, d’où émanent toutefois des réserves devant le fait d’associer le drame d’une situation de guerre à la légèreté d’un jeu vidéo.

À travers ses nombreuses utilisations et ses détournements, Pokémon GO a le mérite de nous éclairer sur la place que pourrait prendre la réalité augmentée, dont les usages sont promis à exploser sur les supports mobiles. À la différence des traditionnels jeux vidéo, qui confinent à domicile, l’application promet de projeter ses utilisateurs vers le monde extérieur.

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