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Des balises de détresse pour les migrants en Méditerranée ?

Deux architectes français ont imaginé des plateformes flottantes capables de fournir une assistance aux migrants qui tentent de gagner l’Europe par la mer. Le projet, qui vise à sauver des milliers de vies, se heurte aux réticences d’ONG et de l’Union Européenne.

Le 17/06/2014 par WeDemain
Des migrants tentent de rejoindre l'à®le de Lampedusa © Noborder network
Des migrants tentent de rejoindre l'à®le de Lampedusa © Noborder network

Le projet pourrait déclencher un débat comparable à celui sur les salles de shoot. Pierre de Montigny et Quentin Belin, de l’agence « Mutations Architectes  », veulent installer des bouées de sauvetage en Méditerranée pour venir en aide aux migrants en détresse qui essaient de rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune. Nombreux sont ceux, chaque année, à le payer de leur vie.

« Nos frontières tuent »

Impossible d’obtenir des statistiques exactes. En août 2013, un groupe de journaliste européens a cependant entrepris de compiler toutes les données disponibles sur la question. Conclusion : au moins 23 000 personnes auraient trouvé la mort depuis 2000, par noyade ou hypothermie sur les voies maritimes de l’immigration en mer méditerranée, comme celle qui mène à l’île italienne de Lampedusa.
  
« Le constat est sans appel : nos frontières tuent, explique Pierre de Montigny. Partant, et au delà même du traitement politique de l’immigration, il nous faut trouver des solutions pragmatiques pour mettre fin a cette situation inhumaine. » À la manière des bornes téléphoniques d’urgence qui jalonnent les autoroutes, les bouées imaginées par les deux hommes seraient réparties tous les 10 km entre l’Europe et l’Afrique. Elles contiendraient un espace auquel s’amarrer, des vivres, de l’eau potable, ainsi qu’un bouton d’appel d’urgence. Le tout pour un coût « dérisoire par rapport à l’enjeu ».
 
Cartographie des morts aux frontières © Detective.io

Les migrants qui demanderaient de l’aide seraient alors interceptés par Frontex, la police aux frontières de l’Union Européenne ou par les gardes maritimes nationales. « Il ne s’agit donc pas de nier la mission de refoulement des clandestins, mais d’y ajouter un volet, plus humain, de sauvetage en mer ».

Un dialogue difficile

Depuis plusieurs mois, les deux associés échangent avec des associations. « Mais les ONG ont tendance à considérer que ces bouées livreraient les migrants aux autorités. Certains trouvent qu’il est absurde et cruel de sauver des gens pour les renvoyer ensuite vers une situation humanitaire catastrophique », explique Pierre de Montigny. L’Union Européenne, elle, joue l’esquive. Le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) renvoie à la Direction générale des affaires intérieures, dont la réponse se fait attendre. La Commission Européenne renvoie aux politiques déjà engagées par l’Union pour lutter contre l’immigration en provenance d’Afrique du Nord.

Entre ceux qui considèrent que ce projet encouragerait l’immigration clandestine et ceux qui refusent d’envisager une collaboration avec la police des frontières, « chacun semble camper sur ses positions idéologiques ou politiques et esquiver le débat », explique Pierre de Montigny.

Les deux associés ont écrit à Larry Page, PDG de Google, pour présenter leur projet. Ils s’apprêtent également à rencontrer le responsable du programme « migration et diversité » au sein du think-tank European policy center (EPC). Bien conscients que les balises « ne règlent pas le fond du problème », mais désireux de « sauver des vies ».

Côme Bastin 
Journaliste We Demain 
Twitter : @Come_Bastin

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