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Italie : des « moines hackers » investissent une cité troglodyte

En Italie, des volontaires européens envahissent la ville de Matera pour y fonder le premier monastère athée. Une immense demeure où chaque résident sera payé pour résoudre les problèmes des habitants… qui n’adhèrent pas tous.

Le 17/10/2013 par WeDemain

Célèbre pour ses habitations troglodytes, la ville italienne de Matera accueillera en 2014 le premier UNmonastery au monde. Mais il n’est ici question ni de hiérarchie monacale ni de se lever aux aurores pour chanter des louanges à la Vierge Marie. De l’esprit du monastère, le lieu conserve en revanche l’altruisme. « C’est comme une résidence artistique, mais pour ceux qui veulent résoudre les problèmes d’une communauté locale en collaboration avec les habitants », peut-on lire en guise d’introduction sur le site du UNmonastery.

Moines des temps modernes
 
Derrière ce nom alambiqué se cache le futur bastion de la communauté européenne des Edge Ryders. Des jeunes de toute l’Europe rassemblés par rien de moins que la volonté de s’« attaquer aux problèmes sociétaux, environnementaux et économiques auxquels l’humanité est confrontée. » Partant du constat que l’austérité en Europe génère chômage et démission des services publics, la communauté entend inventer de nouvelles formes de travail qui favorisent l’innovation sociale et la créativité collaborative en cette période de crise.
 
Pour accueillir les participants, le Palazzo del Casale, une immense demeure en pierre typique de la région, a été entièrement rénové. Co-designé par plusieurs architectes européens selon les principes de l’architecture callaborative et de l’éco-construction, il abritera des espaces de travail communautaires et des espaces de vie plus personnels. À l’intérieur de ce « monastère athée », financé par le Conseil européen, chacun se verra reverser un revenu universel de 400 euros par mois et disposera d’une chambre. De quoi vivre correctement dans cette ville du Sud de l’Italie.

Délivré des impératifs financiers, les participants pourront se consacrer à améliorer le quotidien des habitants de la ville. Au programme : inventer un système de retraitement des déchets décentralisé, capturer et réutiliser l’eau des pluies, améliorer les transports… Souvent citée pour ses habitations taillées dans la roche, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, Matera est en effet une ville à l’architecture héritée du XIIIè siècle qui connaît d’importants problèmes de salubrité et d’urbanisme.

Frictions locales

Depuis plusieurs mois, workshops et visioconférences se succèdent afin de mettre au point un plan d’action pour la ville. Démocratie locale, énergies renouvelables, agriculture, offre culturelle… Les Edge Ryders comptent tout réinventer pour donner un nouveau souffle à Matera en collaboration avec ses 60 000 habitants. Problème : ces derniers sont parfois un peu agacés par cette avalanche de bonnes intentions venues d’ailleurs. L’argent, estiment-ils, aurait pu être versé aux habitants, bien assez grands pour résoudre leurs problème eux-mêmes. Certains sont même allés jusqu’à produire une fiction vidéo dans laquelle deux locaux excédés finissent par se débarrasser d’un Edge Ryder trop bavard à coup de fusil à pompe…

[Vidéo] Ce journaliste regrette un manque de concertation avec les habitants de Matera.

Réussir à établir un dialogue fécond avec les habitants sera donc un enjeu crucial pour la réussite du projet. Imaginée à suite à la candidature de Matera comme capitale européenne de la culture 2019, l’expérience a valeur de test. Les Edge Ryders prévoient à terme d’ouvrir une dizaine de lieux semblables dans toute l’Europe. Si vous vous sentez l’âme d’un moine des temps modernes, vous pouvez les contacter pour les suivre dans leur sacerdoce et demander une résidence.
 

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