« J’ai testé le brutally early coworking »

À six heures du matin, il est encore trop tôt pour trouver une boulangerie ouverte à Belleville, qui dort encore. C’est donc les mains vides que j’arrive passage Pivier, dans le 11ème arrondissement, pour mon premier « Brutally Early Club » (et le deuxième à Paris). Il fait nuit noire, une douzaine de personnes attendent au point de rendez-vous en cette rentrée pluvieuse.
 
Pendant que les derniers rapliquent – l’événement stipule qu’à 6h35 plus personne ne sera admis – chacun essaie d’y mettre du sien. On se présente, on plaisante un peu, mais avec une légère gène. Mal réveillé, avec des visages étrangers éclairés par un lampadaire, le moindre silence peut-être pesant. Assez vite heureusement Francesco, co-fondateur de Superbelleville, nous fait pénétrer dans l’ancienne cour d’usine qui abrite les locaux.

Coffee-party
 
Sur place, la cuisine et sa cafetière ont plus de succès que l’espace de travail. Les langues se délient à mesure que les tasses se vident et chacun se présente. Architectes, photographes, journalistes, startupers, étudiants : le Paris des cadres, free-lances et slasheurs nomades. N’étant pas spécialement venu pour écrire sur mon laptop mais plutôt pour tester le concept, c’est avec plaisir que je passe ma matinée à rencontrer les participants.

A 9 heures, nous sommes toujours en train refaire le monde et personne n’a vraiment la tête à travailler. Ça discute revenu universel, sociologie parisienne ou trajectoire professionnelle. Les bureaux restent désespérément vides, un peu comme dans ces soirées « appart » où les invités boudent le grand salon pour s’entasser sans raison dans le couloir ou la cuisine exiguë, sauf que personne n’a bu… Et que le soleil se lève. 

Temps vide dans un espace vide
 
Avec son crâne rasé, Francesco dit s’inspirer du mode de vie des moines qui se lèvent pour travailler dans le silence de l’aube. En terme de productivité horaire, l’efficacité du dispositif reste, selon moi, à démontrer. Mais le Brutally Early Coworking aura été un moment incongru et poétique propice aux rencontres professionnelles ou personnelles inattendues. Pour cela l’expérience est intéressante. Et pour les curieux, Superbelleville, qui propose aussi du co-working dans le noir ou des workshops arrosés, gagne à être découvert. Je quitte les lieux à 10 heures et tente vainement de me rendormir une fois chez moi après tous ces cafés.

Venu de Londres, le Brutally Early Club se présente comme un salon du XXIè siècle visant à faire se rencontrer architectes, scientifiques et littéraires pour favoriser la créativité. Figure de l’art contemporain, Hans Ulrich Obrist, son fondateur, affirme vouloir réintroduire un moment d’improvisation dans nos vies urbaines parfois très chargées. En plus de Londres et Paris, Berlin et New York ont aussi rejoint le club.
 
Retrouvez Superbelleville sur notre carte des sans bureaux fixes à Paris.

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