Partager  > Une fillette virtuelle envoie un pédophile en prison

Written by 12 h 37 min Partager

Une fillette virtuelle envoie un pédophile en prison

Pour piéger les prédateurs sexuels, l’ONG Terre des hommes a crée « Sweetie », un faux profil de mineure sur des sites pornographiques. Le stratagème a permis de condamner un Australien à la prison.

Le 22/10/2014 par WeDemain
Sweetie © Extrait de la campagne Vidéo de l'ONG Terre des hommes
Sweetie © Extrait de la campagne Vidéo de l'ONG Terre des hommes

Un citoyen de Brisbane a été condamné ce mardi 21 octobre à deux ans d’emprisonnement pour avoir « communiqué de manière indécente » avec une mineure. Sauf que cette mineure était « Sweetie », une fillette philippine virtuelle, créée par l’ONG Terre des hommes pour « piéger » les pédophiles sur Internet. « Sweetie » prétendait avoir 10 ans et proposait de se livrer à des actes sexuels devant webcam contre de l’argent.

En novembre 2013, l’ONG avait annoncé que son leurre avait attiré 20 000 prédateurs sexuels et en avait identifié un millier d’entre eux dont les coordonnées avaient été transmises à Interpol.

Une première juridique

Selon le juge de Brisbane chargé de l’affaire, le fait même d’être convaincu d’avoir affaire à une fillette de neuf ans, est « suffisant pour tomber sur le coup de la loi ». Pour Hans Guijt, responsable de la campagne Sweetie chez Terre des hommes, cette jurisprudence fera avancer la lutte contre la pédophilie sur Internet « Nous voulions montrer qu’il est facile de combattre cette forme d’exploitation des mineurs, mais qu’il faut pour cela que les autorités adoptent des méthodes d’investigations proactives. »

Et en France ? Il n’existe pas de jurisprudence en la matière mais les avocats joints par We Demain estiment qu’il en serait de même. Les articles 121-4 et 121-5 du Code pénal prévoient bien de punir la tentative de délit, définie comme « commencement d’exécution d’une infraction, qui n’a été suspendue ou n’a manqué son effet qu’en raison de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur. » En clair, le fait que Sweetie n’existe pas n’empêche pas de punir l’intention de payer une mineure pour des actes sexuels.

L’anonymat permis par Internet a évidemment facilité l’approche de mineurs par des pédophiles. L’ONU a estimé en 2009 que 750 000 personnes dans le monde avaient consulté des sites pédopornographiques. Seules six d’entre elles ont cependant été interpellées  jusqu’à présent pour « tourisme sexuel avec enfant par webcam ».
 

Côme Bastin
Journaliste We Demain
Twitter : @Come_Bastin

A lire aussi :