Yann Arthus Bertrand au Domaine de Longchamp : « Je rêvais d’un endroit qui mélange tout ce que je fais »

C’est un petit coin de campagne à deux pas des boulevards pollués de la capitale. Au cœur du bois de Boulogne, la fondation Good Planet a inauguré le 13 mai dernier son nouveau siège dans les anciens locaux de l’association WWF. Baptisé Domaine de Longchamp, ce tiers-lieu parisien entend devenir une destination de choix pour les familles et les groupes scolaires. Mais aussi servir de tremplin pour des initiatives valorisant l’écologie et l’humanisme.

A l’abandon depuis 25 ans

« Je rêvais d’un endroit qui mélange tout ce que je fais. Où l’on puisse parler du vivre ensemble, d’amour mais aussi d’environnement et d’écologie. Des choses qui sont en fin de compte très proches, explique à We Demain Yann Arthus Bertrand, président de la fondation Good Planet. Quand j ‘ai appris, il y a deux ans, que le WWF partait, je me suis dit : il faut faire quelque chose ! »

Le parc de 3,5 hectares, qui abrite une tour médiévale et un château du XIXe siècle, est alors à l’abandon depuis 25 ans en dépit de la présence de l’association écologiste qui siège dans des bureaux annexes. Et ne peut financer son entretien.

5 000m2 rénovés

En tout, ce ne sont pas moins de 5 000 m2 de bâtiments qu’il faut rénover de façon écologique et sans dégrader le patrimoine. Une tâche d’ampleur à laquelle s’attelle la fondation Good Planet en 2015, grâce à l’appui de plusieurs mécènes et de la mairie de Paris, qui lui accorde un bail de 30 ans sur le domaine.

Après deux ans de travaux, le domaine de Longchamp est désormais accessible au public. Le château, qui fut la résidence du baron Haussmann puis du parfumeur René Coty au début du siècle, accueille des salles dédiées aux événements, un auditorium et une exposition permanente sur le film Human de Yann-Arthus Bertrand. Les visiteurs peuvent y visionner huit heures de vidéo inédites ainsi que des photos d’artistes du monde entier.

Le parc, lui, accueille une scène polyvalente pour les événements et un sentier pédagogique avec un hôtel à insectes, des ruches et un potager en permaculture.

Accès gratuit

L’accès au domaine est entièrement gratuit. « C’est peut-être le plus important ici, ajoute Yann-Arthus Bertrand. On est au service de tous ceux qui s’engagent. Les ONG peuvent venir ici, faire des conférences, parler de ce qu’elles font. On a eu par exemple tout un cycle sur les migrants le week-end dernier et je remet ce soir un prix à SOS Méditerranée « .

Pour financer ce lieu, la fondation Good Planet a monté un partenariat avec une entreprise d’événementiel, qui loue le château en semaine pour des événements privés. Et reçoit aussi l’aide de la MAIF, qui financera les frais d’exploitation du domaine pendant au moins trois ans.

« Ce partenariat ne fait que justifier et amplifier ce que nous faisons dans le domaine de l’écologie et de la RSE [responsabilité sociale des entreprises, ndlr], explique Dominique Mahé, président de la mutuelle niortaise. Nous allons voir, avec nos équipes, comment on peut concrètement, au delà du soutien financier pour l’exploitation du domaine et sa gratuité, travailler ensemble. Monter des expositions, des outils pédagogiques sur la solidarité et le respect des personnes… Nous avons un ADN commun ! »

Tremplin pour les associations

« On fera beaucoup de choses, que l’on ne connaît pas encore mais qui seront formidables, confirme Yann Arthus-Bertrand. C’est un endroit qui est ouvert, où l’on peut recevoir tous les week-end 5 000 personnes. Où tu peux faire tout ce que tu veux ! »

Tout, sauf héberger les projets à portée écologique et sociale qui y seront présentés. Car si le domaine de Longchamp dispose d’espace pour la communication et l’événementiel, il n’incubera pas d’associations et de start-up sociales. « On y a pensé, mais il n’y a pas la place. Et il y a d’autres lieux à Paris qui font ça très bien, tel l’Hermitage « , estime Yann Arthus-Bertrand.

« Moi, je suis un peu un mendiant professionnel. Cet été, on va recevoir 2 000 enfants. Il faut trouver l’argent pour les sandwichs, les bus, les animateurs… Alors bien sûr, on est souvent critiqués. Mais par des gens qui ne font pas. Je pense qu’il n’y a qu’un moyen de sauver le monde. Le regarder avec moins de scepticisme, moins de cynisme et aimer les gens autour de soi. »

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