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Plan de relance : « Les actions climatiques ne sont pas à la hauteur », alerte un rapport

Dans son rapport annuel, le Haut-Conseil pour le Climat déplore le retard de la France en matière de réduction des émissions de carbone, s’inquiète du rebond que les mesures de relance pourraient engendrer, et estime les emplois que créerait une relance « verte ».

Le 13/07/2020 par Morgane Russeil-Salvan

« Le réchauffement climatique induit par les activités humaines continue de s’aggraver, alors que les actions climatiques de la France ne sont pas à la hauteur des enjeux ni des objectifs qu’elle s’est donnés. » Le ton est donné dès l’avant-propos : le Haut-Conseil pour le Climat n’est pas convaincu par la politique climatique du gouvernement.

Son rapport annuel, rendu public mercredi 8 juillet, souligne l’inefficacité des mesures actuelles en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Et insiste pour que le respect des objectifs climatiques prime sur la relance de l’économie.

En 2019, l’instance présidée par la climatologue Corinne Le Quéré présentait un premier rapport déjà peu flatteur. « La réduction réelle des émissions de gaz à effet de serre, de 1,1 % par an en moyenne pour la période récente, est quasiment deux fois trop lente par rapport au rythme nécessaire pour la réalisation des objectifs », précisait-il.

Une France bien loin de ses objectifs

Un an plus tard, la situation n’a pas vraiment évolué. Le nouveau rapport souligne que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est « similaire à la moyenne des années précédentes » et « encore très loin des – 3 % attendus à partir de 2025 ». Pour rappel, la Stratégie nationale bas carbone établie par la France en 2015 projette d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Que s’est-il passé entre le rapport de 2018 et celui de 2020 ? Le gouvernement d’Édouard Philippe a bien rédigé une réponse, publiée au Journal officiel le 23 janvier 2020. Ce rapport gouvernemental souligne « le foisonnement des mesures en rapport avec le climat », écrivent les membres sur Haut-Conseil, mais « l’impact potentiel de ces politiques sur les émissions de gaz à effet des serre n’est pas estimé ».

Relancer l’économie sans relancer les émissions de carbone

L’impact du confinement sur nos émissions nationales, en revanche, a très bien été mesuré. Entre janvier et mai 2020, les émissions de gaz à effet de serre françaises auraient connu une réduction d’environ 13 % par rapport à cette même période l’année précédente. Mais les membres du Haut-Conseil insistent sur le caractère éphémère de cette réduction. D’autant que la politique de relance pourrait entraîner un rebond dans les émissions de carbone.

Sur ce point, des leçons peuvent-être tirées de la crise de 2008 : si la crise financière avait causé une baisse globale des émissions de 1,4 %, celle-ci avait été suivie d’une hausse de 5,1 % de ces émissions en 2010.

Le Haut-Conseil observe donc avec inquiétude les premières mesures de relance du gouvernement. Les premières aides publiques sont principalement adressées aux secteurs très émetteurs de l’automobile et de l’aviation, deux secteurs très émetteurs de gaz à effet de serre. Et ce « sans conditionnalité ferme concernant leur évolution vers une trajectoire compatible avec les objectifs nationaux », soulignent les auteurs du rapport, qui plaident même pour « bannir tout soutien aux secteurs carbonés du plan de reprise. »

Pour une relance décarbonée

Le Haut-Conseil propose ni plus ni moins que l’inversion des priorités : « l’enjeu n’est pas d’intégrer le climat au cadre du plan de reprise, mais d’insérer le plan de reprise dans les limites du climat », insiste-t-il.

 

Pour ce faire, l’instance indépendante à identifié les secteurs permettant d’associer atténuation des émissions de gaz à effet de serre et création d’emplois. La rénovation énergétique des bâtiments et le déploiement des énergies renouvelables semblent être les secteurs les plus efficaces en la matière. Le développement des véhicules électriques, l’agroforesterie et la mutation de l’agriculture vers la production de protéines végétales sont également listées, avec un potentiel d’embauche légèrement plus faible, mais toujours « significatif ».

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