Grandes villes conquises par les écologistes : on a comparé les 8 programmes

Même Bordeaux a pris un coup de vert. La girondine était à droite depuis 73 ans mais c’est bien un écologiste – Pierre Hurmic – qui sera son nouvel édile, lui qui a fait liste commune avec le PS et le parti communiste. Bordeaux fait partie des grandes villes à avoir été emportée par la « vague verte ». À ses côtés : Annecy, Besançon, Grenoble, Lyon, Poitiers, Strasbourg et Tours. Les électeurs de ces huit villes ont tous choisi un ou une maire écolo, mais ont-ils été élus sur le même programme ? Nous es avons décortiqué pour identifier les grandes tendances programmatiques de cette vague verte.

Une ville « neutre en carbone »

Réduire les émissions de gaz à effet de serre est une ambition partagée par l’ensemble des listes. Et cela passe par l’accélération de la transition énergétique.
 
  • À Bordeaux, tous les nouveaux bâtiments devront être neutres ou à énergie positive.
  • Grenoble et Tours visent la « neutralité carbone » d’ici 2050 et Annecy ambitionne d’y parvenir plus vite, d’ici 2040. Strasbourg compte atteindre les 100 % d’énergies renouvelables en 2050.
  • Besançon compte rejoindre le réseau des Territoires à Énergie Positive, créé en 2011, dont le programme comprend notamment la réduction de la consommation énergétique, ainsi que le développement des transports propres et des énergies renouvelables.
  • À Poitiers, la liste écolo projette même de créer un patrimoine municipal et intercommunal à énergie positive : c’est à dire de veiller à ce que le parc immobilier de la commune produise davantage d’énergie qu’il n’en consomme.

 

La réduction des émissions de carbone passe aussi par une réforme des transports : dans toutes les villes passées au vert, l’usage du vélo s’annonce largement subventionné. Besançon compte débourser 2 millions d’euros par an dès 2020 pour le développement et la sécurisation des pistes cyclables. Bordeaux envisage un « plan d’urgence vélo métropolitain » de 350 millions d’euros sur toute la mandature. La girondine souhaite également créer un « RER V », tout comme la ville de Lyon qui, elle, devrait équiper gratuitement 10 000 jeunes en bicyclette. On notera également que Strasbourg et Bordeaux n’ont pas oublié les municipalités alentours : elles proposent le développement de pistes cyclables reliant les différentes communes de leur métropole.

La gratuité totale des transports en commun, en revanche, n’est présente dans aucun programme. Plusieurs villes font pourtant des pas en ce sens : ils seront gratuits pour les moins de 11 ans à Tours, pour les jeunes sans ressources à Bordeaux et Strasbourg, pour tous les plus faibles revenus à Lyon et tous les samedis à Besançon.

Le végétal s’invite en ville

On commence à bien connaître le phénomène des îlots de chaleur urbain : des élévations localisées des températures, enregistrées en milieu urbain et anormales par rapport aux zones rurales voisines. En cause : le (faible) espacement entre les bâtiments, la concentration humaine et l’imperméabilisation des sols. En effet, le béton et le goudron absorbent la chaleur la journée et la libèrent pendant la nuit et c’est sur ce point qu’il est possible d’agir : dans les villes de la « vague verte », on compte bien atténuer l’impact des canicules en re-végétalisant les rues.

Mais si toutes parlent de « végétalisation » ou de « création d’îlots de fraîcheur », les mesures les plus fortes sont celles de Tours – qui compte planter 30 000 arbres pendant la mandature – de Poitiers – qui s’est fixé l’objectif de 200 000 arbres et arbustes sur toute son intercommunalité – et de Lyon, où l’on parle de « forêts urbaines de 3 à 5 hectares ».

Le végétal s’invite également sous une forme agricole : si toutes les listes vertes proposent de soutenir le développement de l’agro-écologie autour de son territoire, plusieurs d’entre elles envisagent d’expérimenter l’agriculture urbaine. Maraîchage urbain, micro-fermes et vergers municipaux sont cités dans les programmes de Besançon, Grenoble et Strasbourg. À Poitiers, l’objectif est d’atteindre l’autonomie alimentaire grâce à un programme de conversion vers l’agriculture biologique et à une ceinture agricole tout autour de la ville.
 

Les métropoles s’annoncent donc plus végétales, jusque dans les assiettes : toutes les listes proposent de réduire la quantité de protéines animales au menu des cantines scolaires et d’augmenter la part de produits locaux et bio. Pour la plupart, les listes proposent de remplacer la viande par des protéines végétales au moins deux fois par semaine, mais il y a des variantes. À Besançon, l’achat de viande pour les cantines devra être conditionné à des critères de bien-être animal tandis qu’à Bordeaux, Grenoble et Tours, une alternative végétarienne sera disponible tous les jours.

Vers une économie circulaire et de proximité

Aucune de ces listes ne s’est engagé sur la voie de la décroissance. Toutes entendent booster leur économie, mais Bordeaux, Lyon et Strasbourg proposent de conditionner les subventions et les commandes publiques à des critères écologiques.

Les huit villes s’opposent également à la désertification commerciale des centre-villes. Besançon prévoit un « moratoire au niveau de la communauté urbaine afin de mettre un coup d’arrêt au surdimensionnement des surfaces commerciales » tandis qu’Annecy et Poitiers, plus radicales, comptent interdire toute nouvelle construction de centre commercial en périphérie de leur ville.

Autre mesure fortement mise en avant : celle des Territoires Zéro Chômeurs de longue durée. Mis à part Grenoble et Annecy, qui ne mentionnent pas le dispositif dans leur programme, toutes les listes se disent prêtent à étendre ou à expérimenter cette innovation sociale, qui consiste à proposer aux personnes au chômage d’exercer des missions d’intérêt public.
 

Une ville favorable à l’égalité des genres

Toutes les listes ont consacré une partie de leur programme à la lutte contre les discriminations sexistes, mais elles n’entendent pas favoriser l’égalité de la même manière. La lutte contre les violences faites aux femmes est présente partout, via le soutien aux associations préexistantes, l’ouverture de places en hébergements d’urgence ou – à Bordeaux – la formation de tous les employés municipaux en contact avec le public.

Mais les discriminations sexistes impactent aussi le secteur économique et social, et toutes les listes écolos n’abordent pas cette problématique. La liste bordelaise est la seule à parler des inégalités salariales dans les services administratifs. Cependant, elle envisage leur « réduction » et non leur disparition. Lyon prend en compte la précarité des femmes, situation qui pourrait encore se dégrader étant donné le ralentissement économique provoqué par la pandémie : la liste de Grégory Doucet entend soutenir les travailleuses via la commande publique. La liste poitevine, enfin, est la seule à proposer d’augmenter le soutien aux associations de protection des travailleuses du sexe.

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