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Bientôt, une ferme florale va éclore sur les toits de Paris

Au printemps 2019, une ferme florale s’installera sur les terrasses de l’hôpital parisien Robert Debré. Elle produira des fleurs anciennes et de saison. Objectif : recréer une filière horticole locale, durable et bas-carbone.

Le 05/11/2018 par Aurélie Sécheret
La Ferme Florale Urbaine
Le projet de ferme florale entend réintroduire en ville des fleurs locales et de saison. (Crédit : La Ferme Florale Urbaine)
Le projet de ferme florale entend réintroduire en ville des fleurs locales et de saison. (Crédit : La Ferme Florale Urbaine)

Campanules, baies sauvages, bégonias, bouraches, agastaches, didiscus, oxypetalum et autres verveines fleuriront bientôt sur les toits de Paris. Plus exactement sur les terrasses de l’hôpital Robert Debré, dans le XIXe arrondissement de Paris, spécialisé dans les pathologies pédiatriques et les maladies infantiles.

Porté par la « jeune pousse » d’agriculture urbaine la Ferme Florale Urbaine, ce projet pilote veut remettre à l’honneur les fleurs anciennes de la région et lutter contre l’uniformisation des bouquets importés de l’étranger. 

Ces fleurs seront produites sans intrants chimiques ni pesticides et seront vendues en circuit court au sein de l’hôpital et aux fleuristes du quartier.

Relancer la filière horticole française

Bientôt, une ferme florale va éclore sur les toits de Paris

Tout est né d’un constat : « Les essences locales disparaissent au profit de variétés génétiquement modifiées qui ont envahi le marché français depuis les années 90 », regrette Nathalie Campion à l’origine du projet. Roses, tulipes et œillets à l’apparence parfaite et standardisée arrivent en masse des pays du Sud, et transitent par la foire mondiale aux fleurs d’Aalsmeer au Pays-Bas. Après avoir subi de multiples stress de température dans des camions frigorifiés, elles sont vendues aux consommateurs avec peu d’odeur, et se détériorent rapidement. 

Elles sont en outre le plus souvent cultivées dans des conditions sociales et écologiques peu reluisantes. 

Et cela aux dépens de la filière horticole locale : 40 % des exploitations françaises ont disparu en dix ans. « Comme on a perdu le sens du gout des légumes, on perd le sens de la fleur, de son parfum, du fait qu’elle peut faner mais qu’elle reste encore belle. La fleur est devenue un triste produit de grande consommation« , regrette Nathalie Campion.

Mouvement du Slow Flower

Cette ancienne intermittente passionnée de fleurs rencontre il y a deux ans sur les bancs de l’école du Breuil à Vincennes  spécialisée dans l’agriculture urbaine, ses deux futurs associés : Félix Romain et Isabelle Launet. Elle leur transmet son gout des fleurs, et les convainc de créer une structure inspirée du Slow Flower, un mouvement anglo-saxon qui émerge depuis quelques années à l’étranger. 

Basé sur le respect des fleurs dans leur beauté et leur saisonnalité, il vise à rapprocher producteurs et consommateurs, à produire selon des méthodes de culture respectueuses de l’environnement tout en apportant de la biodiversité à la ville et en renforçant l’économie circulaire.

Dans ce projet, Felix Romain apporte sa vision d’ex-ingénieur télécom pour tisser des réseaux avec les pépinières d’Ile-de-France, les acteurs de la gestion des déchets verts et les artisans du quartier pour concevoir le mobilier de jardin avec des matériaux de récupération.

Isabelle Launet, psychologue du travail devenue spécialiste des jardins de soin conçoit des ateliers autour des fleurs : « La vue, le contact, la connexion au vivant végétal diminuent certains symptômes physiologiques et psychologiques liés à la maladieLes jardins-terrasses seront des lieux de vie récréatifs, de repos, d’évasion et  d’émerveillement ouverts aux patients, à leur famille et au personnel soignant. »

Bientôt, une ferme florale va éclore sur les toits de Paris

Des fleurs sur tous les toits

Lauréat du concours Parisculteurs2, qui vise la végétalisation de 100 hectares de la capitale, le projet bénéficie du soutien logistique de la Mairie de Paris et s’inscrit dans un programme de recherche scientifique destiné à tester les nouvelles possibilités de culture de fleurs en ville mené en partenariat avec l’Astredhor, institut d’horticulture. 

La ferme florale ne coutera rien à la structure hospitalière, son modèle économique repose sur la production et la vente des fleurs. Elle compte aussi surfer sur le retour à la mode des fleurs simples aux allures champêtres.

En 2020, une petite sœur de ce projet fleurira à son tour sur les toits du Pôle fret Paris-Batignolles, dont les 8560m2 de surface devraient permettre la création de 13 emplois dont 8 en réinsertion. « A partir de ces deux projets conçus pour être viables et duplicables, nous aimerions voir fleurir des fermes florales dans toutes les villes du monde », espère le trio. 

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