Respirer

Biodalisme: ces vandales qui font fleurir la ville

Un reportage à découvrir dans notre numéro d’hiver, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.

Casques sur la tête, gilets fluorescents sur le dos. À première vue, les cinq silhouettes dessinées par la lueur des lampadaires de la rue Saint-Maur ressemblent à celles d’ouvriers de chantier. Seul détail dissonant : dans leurs mains, pas de marteau-piqueur, mais des graminées. Jusqu’ici, le jeu de dupes fonctionne bien.
 
Il est 22 heures, ce dimanche soir de septembre, Paris sommeille. Ni les derniers passants, ni l’agent surveillant la ville au volant de sa camionnette, ne prêtent attention à ces ombres furtives. L’opération peut commencer.

À lire aussi : Québec : à la place des pavés, des fleurs

Replacer la nature au coeur de la ville

« On y va. » Fanny Ehl – c’est son surnom – donne le top départ et son escouade s’accroupit sur la chaussée. À leurs pieds, quatre pavés déconsolidés. Prudemment, comme une dentiste au-dessus d’une dent cariée, Fanny extirpe les cailloux du reste du revêtement, offrant un brin d’air à de petits carrés de terre si longtemps recouverts. Une bruyère passe de mains en mains avec délicatesse. Sous les pavés, le terreau. Ses racines s’y mêlent avec empressement.

L’idée germait depuis 2016. Fanny Ehl est alors étudiante en école de design à Orléans. En classe, entre théorie et pratique, les discussions lui paraissent dérisoires face à l’urgence écologique. La nature flétrit, le monde s’effondre, et elle se sent plantée là, bouche ouverte, bras ballants.

« On a des infos alarmantes tous les jours sur des phénomènes gravissimes et on continue nos vies comme si de rien n’était. J’ai voulu retrouver une cohérence interne, faire un devoir de citoyen à travers mon travail et ma profession. »

  
Ainsi naît le biodalisme, néologisme né de l’union de « biodiversité » et de « vandalisme ». Un activisme vert pour sensibiliser les citadins au déclin de la biodiversité. Car il y a urgence selon les scientifiques. En mai 2019, le rapport IPBES – évaluation mondiale des espèces animales et végétales par 145 chercheurs internationaux – alertait sur l’étiolement de la nature « à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine »  : un million d’espèces, animaux et plantes, pourraient s’éteindre dans les prochaines décennies.
 
Le 27 septembre, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiait pour la première fois une Liste rouge des arbres européens  : 40  % des espèces présentes en Europe sont menacées d’extinction. Et l’une des principales causes de cette disparition serait l’étalement urbain.

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