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Boycott, manif’ mensuelle… quelles suites pour la Marche pour le climat ?

Partie d’un simple citoyen, la mobilisation pour le climat s’amplifie après le succès de la marche du 8 septembre. Organisés en groupes locaux, les manifestants multiplient désormais les projets pour faire pression sur l’État et les entreprises.

Le 21/09/2018 par Jean-Jacques Valette
Partie d'un simple citoyen, la mobilisation pour le climat s'amplifie après le succès de la marche du 8 septembre. Organisés en groupes locaux, les manifestants multiplient désormais les projets pour faire pression sur l'État et les entreprises.
Partie d'un simple citoyen, la mobilisation pour le climat s'amplifie après le succès de la marche du 8 septembre. Organisés en groupes locaux, les manifestants multiplient désormais les projets pour faire pression sur l'État et les entreprises.

Le 8 septembre, ils étaient 150 000 à marcher dans toute la France pour le climat, suivant un appel lancé sur Facebook par un simple citoyen, Maxime Lelong. Une façon de réagir à la démission du ministre de l’environnement Nicolas Hulot mais surtout de faire pression sur le gouvernement afin qu’il agisse de façon cohérente face à l’urgence climatique.
 
Un succès que ses participants espèrent aujourd’hui pérenniser en lançant d’autres initiatives citoyennes : actions de boycott, plateforme démocratique en ligne… Et d’autres manifestations.
 

« Ça fait trente ans qu’on nous dit que l’on va dans le mur. Aujourd’hui, on y est. Les conséquences du réchauffement climatique sont tout autour de nous, comme l’ont montré les nombreux incendies de forêt de cet été. Et si on continue à polluer l’atmosphère, on risque de transformer la planète en une véritable étuve où la vie sera impossible », explique Andy Battentier.

Avec son amie Charlotte Lilyan, ce jeune doctorant a décidé d’impulser une marche mensuelle pour le climat. La prochaine, qui se tiendra le 13 octobre place de la République à Paris, attire déjà 3 800 « participants » et 32 000 « intéressés » sur Facebook.
 
« Moi et Charlotte n’avons pas pu nous rendre à la dernière manifestation pour des raisons professionnelles. On était bien dégoutés. Et nous ne sommes pas les seuls : beaucoup de gens aimeraient y participer ou y retourner. »
 
« À la base, je ne suis pas quelqu’un de très impliqué dans la vie politique ou associative. Je reviens de plusieurs années à l’étranger, ce qui n’a pas aidé », raconte Andy Battentier. « Mais j’ai trouvé l’exemple de Maxime inspirant. Je trouve que ça donne un très fort message d' »empowerment »; Beaucoup de gens se pensent impuissants à agir. Ça demande un certain courage de s’engager et d’affronter tout d’un coup le feu des caméras. »

Ce qu’admet l’intéressé : « En dix jours, je pense que j’ai dû donner au moins 70 interviews, raconte Maxime Lelong. J’ai décidé de prendre quelques vacances avant de me réimpliquer dans le mouvement. L’organisation de la marche a été éreintante et elle n’aurait jamais été possible sans l’aide de toutes les associations qui nous ont rejoint. »
 
Pour garder le contact avec les participants, il a décidé de créer un groupe Facebook nommé « Après la marche »,  rapidement renommé « Il est encore temps « . Celui-ci compte aujourd’hui près de 18 000 membres.
 

Appel au boycott

« Le hashtag #IlEstEncoreTemps vient d’être lancé afin d’unifier toutes les initiatives qui ont été lancées après la marche », raconte Carol Galand. Cette journaliste de 40 ans est, elle, à l’origine d’un appel au boycott des entreprises les plus polluantes. Un événement Facebook qui rassemble déjà 11 000 internautes. 
 

« Nous voulons organiser des journées sans achat tous les premiers du mois. L’idée c’est pendant une journée de ne pas faire de courses, de ne pas se servir de sa carte bancaire. C’est un acte fort pour se faire entendre, qui prend les entreprises et l’Etat là où ça fait mal : le porte-monnaie. »

Des actions ciblées seront aussi menées envers certaines entreprises : « Il y a une étude de Greenpeace qui est parue hier sur les multinationales qui emploient encore de l’huile de palme dans leurs produits. On va publier cette liste et alerter un maximum de consommateurs. »
 
Et ce n’est pas le seul projet de Carol Galand : « On compte aussi multiplier les Plastic Attacks. Ces actions de désobéissance citoyenne ou chacun est appelé à laisser ses emballages plastiques au supermarché. C’est une action légale, non-violente et qui a un véritable impact. »

Audience à l’Elysée

Outre Facebook, les marcheurs pour le climat ont désormais recours à Discord pour coordonner leurs actions. Un logiciel de messagerie conçu à la base pour les joueurs en ligne qui connaît un franc succès parmi les militants.
 
« Ils rédigent actuellement un guide expliquant aux citoyens quelles mesures écologiques adopter à leur échelle. D’autres travaillent sur un manifeste, certains veulent organiser des sit-in ou demander une audience à l’Élysée… », détaille Carol.
 
« Manifester est une très bonne méthode pour se faire entendre, constate Maxime Lelong. Mais ça ne suffit pas à faire bouger les choses et il faut désormais penser des actions au-delà. »  Lui-même s’implique aujourd’hui dans le développement d’une plateforme en ligne de « lobbying citoyen », ilestencoretemps.fr, qui proposera des solutions concrètes aussi bien au niveau individuel que politique.

« Il y a beaucoup de dates importantes à venir dans les prochains mois, comme la remise du rapport du GIEC ou la COP24 en Pologne. Notre message est le suivant : nous serons là. »
 

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