Respirer  > Dans les favelas, une chef transforme les restes alimentaires en plats gastronomiques

Written by 15 h 07 min Respirer

Dans les favelas, une chef transforme les restes alimentaires en plats gastronomiques

Cuisiner avec des peaux de bananes, faire pousser ses propres légumes bio… Dans les favelas brésiliennes, Regina Tchelly apprend aux habitants à cultiver, cuisiner et se nourrir différemment. Elle rencontre un grand succès.

Le 20/02/2014 par WeDemain
Regina Tchelly. En arrière plan, Rio de Janeiro.
Regina Tchelly. En arrière plan, Rio de Janeiro.

À 31 ans, Regina Tchelly, est une chef-cuisto à l’activité florissante. Elle a déjà ouvert des antennes dans plusieurs métropoles brésiliennes, comme Sao Paulo ou Rio. Mais inutile d’arpenter la plage de Copa Cabana pour gouter à ses créations : c’est dans les favelas qu’elle a choisi d’installer ses tables. Et la cuisine qu’elle y sert est pour le moins inhabituelle.

Entrée : quiche aux pieds de brocolis. Plat : fricassée de zestes de melon. Et pour les plus gourmands : gâteau aux peaux de bananes en dessert.

Regina est experte dans l’art de régaler à partir de déchets et restes alimentaires. Avec la marque qu’elle a lancée, Favela Organica, elle apprend aux habitants des quartiers les plus démunis à utiliser toutes les parties des légumes pour en faire des plats savoureux. « C’est un sentiment indescriptible de voir le sourire des gens lorsqu’ils redécouvrent des aliments qu’ils avaient l’habitude de jeter à la poubelle », raconte la chef.

Peau de banane bio

Une telle « cuisine durable » implique de privilégier les fruits et légumes cultivés sans pesticides, qui ont tendance à se concentrer sur la peau. En plus de donner des cours, Favela Organica œuvre donc à installer des jardins partagés dans lesquels les habitants peuvent faire leurs propres récoltes selon les principes de la permaculture. L’organisme fournit de la terre locale passée aux tamis et des graines de légumes bios à tous ceux qui veulent se lancer.

« À 18 ans, quand je suis arrivée à Rio comme femme de ménage dans les riches familles, j’ai été choquée de toute la nourriture gaspillée par les habitants et sur les marchés. » raconte Regina. À l’époque, elle s’improvise chaque soir cuisinière avec tous ces restes. Au fil du temps, elle s’améliore et ses recettes rencontrent un tel succès qu’elle décide de donner ses premiers cours. En 2010, elle crée son premier jardin et rejoint le mouvement Slow Food, avant de lancer Favela Organica.

Concerts-repas, buffets d’anniversaire, « pause café durable », distribution de nourriture aux SDF… On ne compte plus les évènements organisés chaque année par l’organisme. Ses rendez-vous attirent autant les classes populaires soucieuses de faire des économies que les classes moyennes à la recherche d’une nourriture plus saine et responsable. Ils ont suscité l’attention de tous les médias brésiliens.

A lire aussi :