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Grâce à des algues, cette nouvelle colonne Morris va purifier l’air parisien

Dépolluer Paris avec des micro-algues, c’est le projet mis en place par Suez et la start-up Fermentalg avec un nouveau prototype de mobilier urbain. Un projet séduisant sur le papier mais dont la pertinence n’est pas encore démontrée…

Le 04/05/2017 par WeDemain
Dans les classes mutuelles, les élèves expliquent eux-màªmes les cours à  leurs camarades. (Crédit : Frederic DUPIN/ Wikipedia)
Dans les classes mutuelles, les élèves expliquent eux-màªmes les cours à  leurs camarades. (Crédit : Frederic DUPIN/ Wikipedia)

Depuis le 19ème siècle, les colonnes Morris servent à la promotion des spectacles et des films pour les Parisiens. Désormais, elles pourront aussi servir à décarbonner l’atmosphère. C’est en tout cas ce que promet Suez, qui a développé avec la start-up Fermentalg une colonne abritant des milliards de micro- algues.
 
Objectif affiché : tester l’efficacité de cette technologie en ville avant une possible commercialisation du dispositif. Deux tests sont déjà prévus cet été. L’un au milieu de la place d’Alésia dans le 14ème arrondissement de Paris, autour de laquelle circulent 72 000 véhicules par jour, l’autre à Colombes dans les Hauts-de-Seine.

Une tonne de CO2 capturé par an

Présenté à l’occasion de la COP21, le prototype de colonne de 4 mètres de haut et de 2,5 mètres de diamètre abrite un réservoir de 1 000 litres d’eau. À l’intérieur, des micro-algues cultivées par la start-up Fermentalg, dont le potentiel de développement est de dix à trente fois supérieur aux plantes terrestres et qui vont capturer le gaz carbonique grâce à la photosynthèse. Selon ses concepteurs, ce dispositif permettrait de fixer une tonne de CO2 par an (soit un vol pour une personne aller-retour entre Paris et Washington).
 
Au cours du processus, la colonne perd peu à peu de son efficacité. Le milieu de culture se sature et la prolifération des algues ralentit, limitant le CO2 capturé. Une partie de l’eau usagée doit alors être remplacée par de l’eau fraîche afin d’assurer le renouvellement des micro-algues. Qu’advient-il alors de l’ancien contenu ? Rien n’est gaspillé : le liquide est évacué vers une station d’épuration, où il sert à la création de biométhane, qui est ensuite réinjecté dans le réseau de gaz de ville.
 
À noter aussi : bien qu’étant en Plexiglas transparent, la seule lumière du jour n’est pas suffisante pour assurer une croissance efficace des algues. Il faut que la colonne soit reliée au réseau électrique pour alimenter des LED.

Maladies respiratoires

Sachant qu’un Français émet en moyenne plus de 7,5 tonnes de gaz carbonique par an, ce dispositif qui n’en absorbe qu’une tonne est-il pertinent économiquement ? Interrogé à ce sujet par le quotidien Le Monde , Suez insiste sur l’objectif de lutte contre la pollution de l’air : « Nous n’aurions jamais connu l’éolien si on avait stoppé les technologies à l’époque, qui coûtaient très cher elles aussi ».
 
Un autre problème se pose : si les algues permettent effectivement de réduire la présence de CO2 dans l’atmosphère, principal agent responsable du réchauffement climatique, on ne connaît pas leur efficacité contre d’autres gaz tels que les oxydes d’azote (NOx), ainsi que les particules fines et métaux lourds. Or, ceux-ci sont les principaux responsables des maladies respiratoires, qui causent 48 000 morts prématurées chaque année en France.
 
Le résultat des analyses, qui devrait être disponible d’ici la fin de l’année 2017, sera donc déterminant pour juger de l’efficacité de ce projet.

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