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Héroïne du Kerala, cette ministre de la santé a neutralisé le Covid-19

Retrouvez d’autres portraits dans l’article « Covid-19 : Ces héros discrets qui ont tout changé » de notre numéro d’automne, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.

« Il va arriver chez nous ? — À coup sûr, Madame. » Ce 20 janvier, KK Shailaja, la ministre de la Santé de cet État communiste du sud de l’Inde, vient d’entendre parler d’un nouveau et dangereux virus qui se répand en Chine ; aussitôt, elle a téléphoné à un spécialiste de son équipe. La réponse alarmiste de ce dernier agit comme un électrochoc.

KK Shailaja, 63 ans, réunit dès le lendemain une petite équipe qui décide des mesures à prendre et ordonne aux responsables médicaux des quatorze districts de l’État d’agir de même à leur niveau. Quand, le 27 janvier, est détecté le premier cas de Covid-19, dans un avion en provenance de Wuhan, le Kerala a d’ores et déjà adopté le protocole que préconisera l’OMS près de deux mois plus tard : tester, tracer, isoler et aider.

Au pic de l’épidémie, 170 000 personnes seront strictement confinées sous haute surveillance, dont plus de 20 000 dans des centres d’isolement improvisés. Et en juin, le Kerala, avec ses 35 millions d’habitants, ne comptera que 23 décès dus au coronavirus.

KK Shailaja, qui était déjà une célébrité avant le Covid-19, est désormais traitée en rock star dans la presse indienne. Un film, Virus, s’est inspiré du rôle qu’elle avait joué en 2018 dans la lutte contre un autre virus meurtrier, Nipah, quand elle s’était rendue dans le village situé au coeur de l’épidémie.

De son propre aveu, elle était donc préparée à affronter le Sars-CoV-2. D’autant que le parti communiste – parti au pouvoir dans le Kerala depuis 2016, dont elle est membre – a entrepris un ambitieux programme de modernisation dans le secteur de la santé, avec notamment la création de cliniques spécialisées dans les troubles respiratoires.

« Ajoutez à cela, dit Shailaja, le haut niveau d’alphabétisation au Kerala. Les gens comprennent pourquoi ils doivent rester chez eux. On peut le leur expliquer. » Ce qu’elle ne comprend pas, en revanche, c’est comment des pays aussi avancés technologiquement que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont pu enregistrer un aussi grand nombre de décès : « Ça me sidère. »

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