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Indonésie : le José Bové de l’huile de palme fait renaitre la forêt tropicale

Le biologiste Rudi Putra a convaincu les producteurs d’huile de palme de rendre les terres qu’ils occupaient sur la forêt du Parc national de Leuser, avant de les reboiser. Plusieurs espèces menacées ont ainsi retrouvé leur habitat naturel.

Le 21/05/2014 par WeDemain
Rudi supervise l'abbatage de palmiers à  huile avant reforestation © Goldman Prize
Rudi supervise l'abbatage de palmiers à  huile avant reforestation © Goldman Prize

Depuis dix ans, Rudi Putra se bat pour préserver la biodiversité et les peuples d’Indonésie de la monoculture dévastatrice de palmiers à huiles. Début mai, il est réveillé par un coup de téléphone. « Vous venez de gagner le prix Goldman pour l’environnement ! Vous remportez 175 000 dollars pour votre combat contre la déforestation en Indonésie. » Rudi croît à un canular. « Je n’avais postulé à aucun prix », raconte-t-il au Jakarta Post. Il ne cessera d’être incrédule qu’au moment où Erna Witoelar, ancien ambassadeur aux Nations-Unies pour les objectifs du Millénaire pour le développement, l’appellera pour le féliciter.
 
L’Indonésie voit chaque année quelque 800 000 hectares de ses forêts – 8000 km2 – disparaître, au profit de la production d’huile de palme, dont elle est le leader mondial. Début 2000, alors qu’il étudie les cycles de reproduction du Rhinocéros, Rudi constate que l’habitat naturel de cette espèce au bord de l’extinction est grignoté par la monoculture de palmiers à huile. Le Parc national de Leuser, dans la province d’Aceh, où l’animal se reproduit, est pourtant logiquement protégé. Au delà des animaux, le chercheur comprend que la forêt tropicale est également vitale pour les populations locales. Elle protège des inondations qui frappent l’Asie océanique de plus en plus fréquemment et filtre l’eau polluée pour la rendre potable.

La carotte et le bâton

En 2006, Rudi décide de passer à l’action avec l’aide d’ONG locales. Il manie la carotte et le bâton. D’un coté, il entame un travail pédagogique auprès des producteurs d’huile de palme, leur démontrant que leurs palmiers poussaient sur des zones protégées nécessaires à la préservation de l’écosystème. De l’autre, il se rapproche des policiers locaux pour les pousser à appliquer les sanctions prévues par la loi en cas de non-respect des zones préservées.

Victoire ! Certains propriétaires finissent par rendre des terres à l’État. Sur 500 hectares, Rudi Putra abat les palmiers et mène une vaste opération de reforestation qui permet de recréer un corridor vital aux rhinocéros, tigres et éléphants de la région. Preuve du bien-fondé de son combat, la population de rhinocéros de Sumatra dans l’écosystème de Leuser a légèrement augmenté dans la dernière décennie.

En 2013, une loi autorisant la culture de palmiers à huile sur une grande partie du Parc naturel est examinée par la province d’Aceh. Rudi lance alors une pétition en ligne internationale pour inciter le gouvernement indonésien à s’y opposer. Elle recueille 1,4 millions de signatures et conduit à l’ouverture de négociations entre l’UE, l’Indonésie, et la province en vue de sanctuariser la biodiversité du Parc de Leuser.

En Avril, Suren a été récompensé du Prix Goldman de l’environnement pour son engagement. Il a reçu 175 000 dollars pour l’aider à continuer son combat.  

Naviguez sur la carte pour découvrir les cinq autres lauréats du Prix !

Côme Bastin 
Journaliste We Demain 
Twitter : @Come_Bastin

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