Partager la publication "L’Europe prévoit de réduire de 40 % ses émissions de Co2"
« La politique énergétique et climatique la plus ambitieuse au monde, la plus juste et la plus efficace. » C’est ainsi que le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a salué l’accord conclut dans la nuit du 23 au 24 octobre entre les 28 pays de l’Union européenne. L’accord fixe des objectifs communs sur le « paquet énergie climat » proposé par la Commission européenne pour lutter contre les gaz à effet de serre d’ici 2030.
Trois mesures phares ont été adoptées : diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 40% par rapport au niveau de 1990, augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de 27% et économiser 27% d’énergie. Les dirigeants européens se sont également engagés à améliorer les liaisons transfrontalières pour gérer les flux d’approvisionnements énergétiques de manière plus cohérente. L’Europe, troisième pollueur au monde, devient ainsi la première grande puissance à proposer des engagements chiffrés concernant l’énergie et l’environnement dans la perspective de la conférence Paris climat 2015. En se montrant ainsi unie, elle espère pouvoir plus facilement peser face aux États-Unis et à la Chine.
Un compromis entre pays membres
Ce n’était pourtant pas gagné : la veille, Laurence Caramel, journaliste au Monde affirmait qu’il s’agissait d’un « délicat équilibre » à trouver. « On serait bien en peine de trouver deux pays affichant une position commune sur les principaux volets de la négociation. » Des tensions qui se sont résolues dans le compromis. Le premier ministre britannique, David Cameron, qui refusait d’établir des objectifs sur l’efficacité énergétique des pays, a obtenu que les économies d’énergie à faire d’ici 2030 soit ramenées de 30 % à 27 %. Quand aux pays d’Europe de l’Est, notamment la Pologne qui fonctionne principalement au charbon, ils ont pu également changer le texte initial. Ils ont obtenu de recevoir, jusqu’en 2030, des quotas d’émissions gratuits pour leurs centrales à charbon tout en bénéficiant d’aides pour moderniser leurs infrastructures électriques.
La déception des écologistes
Si l’accord est « très ambitieux pour la planète » selon François Hollande, les écologistes français n’ont pas tardé à montrer leur déception. Dans un communiqué de presse, Yannick Jadot, député européen EELV, explique que les objectifs fixés l’étaient à titre indicatif et qu’ils ne pouvaient être atteints sans des mesures plus contraignantes. De plus, ces mêmes objectifs sont jugés insuffisants : les écologistes proposaient une réduction non pas de 40 % mais de 50 % des GES. Même constat pour l’association Les Amis de la Terre : les objectifs de réduction des gaz à effets de serre sont « bien en-deçà de ce que préconise la communauté scientifique si l’on veut parvenir à limiter l’augmentation de la température du globe en dessous de 2 °C. »