La Chine extrait de la « glace combustible », une bombe climatique en puissance

Après vingt années de recherche et de forage, Pékin a annoncé une « avancée historique » concernant l’extraction d’hydrate de méthane, une énergie fossile.

En six semaines, la Chine a extrait plus de 235 000 mètres cubes d’hydrates de méthane, grâce à des forages en mer de Chine méridionale, à environ 300 kilomètres au sud-est de la ville de Zhuhai, située dans la province du Guangdong.

L’extraction a eu lieu à 1 266 mètres de profondeur dans un puits sous-marin de 200 mètres de large, précise  le site Les techniques de l’ingénieur.

Les hydrates de méthane se trouvent sous la plancher océanique et sous le pergélisol

Les hydrates de méthane, dits « glace qui brûle » ou « glace combustible », sont constitués de molécules de méthane entourées par un réseau de molécules d’eau, telle une cage. Ils se trouvent sous le plancher océanique, sous certains talus continentaux ou sous le pergélisol, une couche du sol gelée en permanence, en Arctique par exemple.

Les hydrates de méthane sont stables à forte pression et à basse température. Lorsqu’ils sont ramenés à la surface, le gaz peut brûler si on l’enflamme.

Selon le Département de l’Énergie des États-Unis, la fusion d’un mètre cube d’hydrate de méthane libère environ 164 mètres cubes de gaz de méthane sous forme gazeuse; ce volume étant exprimé dans les conditions « normales » de température (0°) et de pression (1 Atmosphère). Selon l’Ifremer, ces poches de gaz constituent un trésor énergétique, deux fois l’équivalent de méthane des réserves prouvées de charbon, pétrole et gaz réunis.

Des réserves de « glace combustible » recensées dans le monde entier

La Chine n’est pas le seul pays à s’intéresser à cette « glace qui brûle » et à tenter de mettre au point des techniques d’extraction adaptées à la nature très instable des hydrates de méthane.

Des programmes de recherche et développement sont menés également dans plusieurs pays tels que le Chili, la Corée du Sud, l’Inde, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis.

Les premières extractions d’hydrates de méthane ont eu lieu en Russie en 1969 puis au Japon en 1995, rappelle dans un rapport le conseil des académies canadiennes, une ONG qui soutient les évaluations scientifiques indépendantes. En 2013, le Japon a réalisé le premier test de production offshore d’hydrates de méthane au large de ses côtes.

Pour l’heure l’extraction des hydrates de méthane reste difficile d’un point de vue technique, de sécurité, et est surtout très coûteuse. Les experts chinois estiment qu’elle pourra devenir une source d’énergie rentable « autour de 2030 », rapporte l’AFP.

Le méthane, un gaz à fort effet de serre est beaucoup plus nocif que le CO2

Reste qu’une telle extraction pourrait avoir de graves répercussions sur le climat. Les risques concernent, d’une part, les fuites de méthane dans l’atmosphère due à la déstabilisation du méthane, comme l’explique à We Demain Jean-Marc Daniel, expert en géosciences et directeur du département Ressources physiques et Ecosystèmes de fond de Mer à l’Ifremer.

Ce gaz à fort effet de serre est bien plus nocif que le dioxyde de carbone. Son pouvoir réchauffant est environ vingt fois supérieur à celui du CO2. Une libération massive de ce gaz accentuerait ainsi le réchauffement climatique.

Les scientifiques craignent, d’autre part, que ce type d’exploitation entraîne des déformations sédimentaires et d’importants glissements sous-marins sur les pentes continentales — la zone sous-marine qui fait la transition entre les continents et les grands fonds — pouvant provoquer des tsunamis.

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