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Montée des eaux : un archipel s’expatrie pour ne pas être submergé

Dans le Pacifique, l’archipel des Kiribati vient d’acheter 20 km² de terres aux îles Fidji pour prévenir la montée des eaux et les risques de submersion. Ces terres « refuge » serviront en premier lieu à pérenniser l’agriculture et la pisciculture.

Le 16/06/2014 par WeDemain
Frelon asiatique, Gilles San Martin from Namur, Belgium (Asian hornet) [CC BY-SA 2.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons
Frelon asiatique, Gilles San Martin from Namur, Belgium (Asian hornet) [CC BY-SA 2.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons

Pour Anote Tong, président des îles Kiribati, les effets du réchauffement climatique sont d’ores et déjà irrattrapables. « Quoi que décident maintenant les États-Unis ou la Chine, il est trop tard. La disparition de Kiribati, de Tuvalu, des îles Marshall et des Maldives paraît inévitable », a-t-il asséné sur la chaîne de télévision américaine CNN début juin. Ces quatre archipels aux moyens moyens économiques limités figurent parmi les dix pays pour lesquels l’impact financier du réchauffement climatique est le plus lourd à assumer.

L’archipel des Kiribati a déjà subi la perte par submersion de deux îlots. Courrier International relève l’ironie tragique de l’événement : le nom de l’une des deux îles signifierait en effet « la plage qui va durer le plus longtemps ». Mais la liste des îlots en voie de disparition risque encore de s’allonger. Selon le cinquième rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), des îles du Pacifique et de l’océan Indien pourraient être en partie – voire totalement – submergées  dans les prochaines décennies. La hausse annuelle du niveau de l’eau atteint en effet 1,2 cm à certains endroits, soit quatre fois plus que la moyenne mondiale.

Assurer la survie alimentaire

Le Président des îles Kiribati a donc décidé de prendre les devants. Pour offrir un refuge potentiel à ses 110 000 habitants, Anote Tong a fait acquérir à son pays 20km² sur Vanua Levu, deuxième plus grande île de l’archipel des Fidji. Le territoire a été vendu par l’Église anglicane pour la somme de 6,4 millions d’euros. « J’espère que nous n’aurons à y envoyer personne, mais si cela devenait absolument nécessaire, alors nous pourrions le faire », a-t-il déclaré. D’ici là, les terres serviront à développer l’agriculture et la pisciculture. Les champs de l’archipel commencent en effet à dépérir sous l’effet du sel marin, qui infiltre le sol.

Les Maldives, quant à elles, avaient envisagé le même type de mesures en 2009, sans passer à l’acte. Devant le succès de l’opération kiribatienne, les îles Marshall envisageraient, elles aussi, d’acheter des terres délocalisées. Pour le Tuvalu, en revanche, l’émigration n’est pas envisagée. Et pour cause. L’archipel de Tuvalu aurait vu sa surface croître d’environ 3 % depuis les années 1950. Paul Kench, professeur de géographie à l’université d’Auckland (Nouvelle-Zélande), explique ce processus par le fait que ces îles se composent de débris de corail, provenant de l’érosion des rivages voisins :  « Les débris s’accumulent autour de l’île dans un processus continuel, car les coraux sont vivants ». 

Quelles que soient les évolutions du climat et ses répercussions sur les îles du Pacifique, l’achat de terres fidjiennes par Kirabati se veut aussi un message fort envoyé aux pays industrialisés, jugés responsables de l’accélération du processus par l’Alliance des petits États insulaires (Aosis). La coalition milite pour l’instauration d’un mécanisme mondial de « pertes et dommages » qui compenserait et financerait les effets de la hausse des températures. 

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