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Savez-vous d’où vient le Kiwi ?

Par Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine de Versailles.

Le 18/03/2015 par WeDemain
Par Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine de Versailles.
Par Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine de Versailles.

Notre chroniqueur nous raconte l’histoire de l’actinidia, cet arbuste fruitier dont vous avez tous mangé un jour le fruit, sans jamais en connaître le véritable nom. Chronique issue de We Demain n°9.

L’Actinidia est un arbuste sarmenteux originaire de Chine qui produit un fruit autrefois appelé Yang tao, la pêche du Yang. Les paysans ne le cultivaient pas, ils se contentaient de le cueillir sur les plants qui prospéraient le long des chemins. Les Chinois, même s’ils en mangeaient de temps à autre, préféraient utiliser sa pulpe pour élaborer une colle entrant dans la composition du papier.

D’après certaines sources, le premier Européen qui décrit la plante est Pierre Nicolas Le Chéron d’Incarville, un jésuite français qui parcourt le pays dès 1740 et meurt à Pékin en 1757. D’autres documents prétendent que le premier botaniste à décrire la pêche du Yang est Jules-Émile Planchon. C’est lui qui baptise la plante Actinidia. Officiellement, celle-ci est introduite en France en 1904. Un premier pied est installé dans les jardins du Muséum d’histoire naturelle à Paris et d’autres plants sont ensuite cultivés dans la région de Nice. Si les jardiniers constatent avec bonheur que les végétaux se développent rapidement, l’Actinidia reste toutefois une simple curiosité végétale.

Groseille de chine

L’arbuste est introduit deux ans plus tard en Nouvelle-Zélande par Isabel Fraser, une enseignante qui œuvre pour l’éducation des femmes. Revenue de Chine en 1906 après une mission, elle offre à son ami Alexander Allison trois plants que celui-ci s’empresse de cultiver. Bien que le fruit soit apprécié par tous ceux qui en mangent, sa culture se limite, là encore, aux jardins des particuliers et des collectionneurs de plantes rares. Il faut patienter jusqu’en 1930 pour qu’enfin les consommateurs s’y intéressent vraiment.

La Nouvelle-Zélande devient l’un des plus gros producteurs du monde et cultive sur des milliers d’hectares la groseille de Chine, le nom qui lui est attribué dans ce pays. La production se concentre dans une région au nom prédestiné, la baie de l’Abondance. Rien d’étonnant à ce que ce site soit choisi pour cultiver l’Actinidia car il répond aux exigences de l’arbuste : le sol est poreux et ne retient pas l’eau, les précipitations sont régulières, les hivers froids mais sans excès et les printemps doux et sans chaleur excessive. En 1940, il est recensé 2 700 arboriculteurs néo-zélandais. Pour écouler une production en constante augmentation, il est décidé en 1953 de partir à la conquête du marché américain.

Mais comment peut-on vendre aux habitants de ce pays des fruits appelés groseilles de Chine ? Nous sommes en pleine guerre froide et tout produit à connotation communiste est interdit à la vente ou boycotté par la population. Fins stratèges, les producteurs décident alors de baptiser l’Actinidia du nom de l’oiseau symbole de la Nouvelle-Zélande, le kiwi. Le succès est immédiat et, en 1974, Kiwi devient une marque déposée.

Variétés hermaphrodites

Bien que tardivement, les Français s’y intéressent aussi. Dans les années 1960, un archi- tecte, qui n’a pas su léguer son nom à la postérité, rapporte de Chine des plants qui seront cultivés en Gironde. Cela contredit la légende qui prétend que tous les plants de kiwis culti- vés dans le monde seraient issus des trois pieds importés en Nouvelle-Zélande par Isabel Fraser. Le kiwi est un fruit riche en vitamines, en calcium, en potassium et en magnésium. Avec les années, l’espèce fut améliorée et il est possible aujourd’hui de se procurer de nombreux cultivars. Le plus exploité est l’Actinidia chinensis Hayward. Il fut obtenu dans les années 1960 et ne cesse depuis de subir des améliorations.

L’Actinidia est un arbuste dioïque, ce qui signifie qu’il existe des pieds mâles et des pieds femelles. Il est bien difficile pour un amateur de distinguer les sexes et il est conseillé, pour favoriser la pollinisation, d’installer trois plants au minimum. Dans les années 1990, des variétés hermaphrodites sont créées. Il est donc possible aujourd’hui de récolter des fruits en n’installant contre le mur de son jardin qu’un seul arbuste. Si la Nouvelle-Zélande est toujours l’un des principaux producteurs au monde de kiwis, elle est supplantée par l’Italie, qui en produit chaque année près de 444 000 tonnes. Bien qu’il ait perdu de sa notoriété, le kiwi a conservé auprès des enfants toute sa popularité. Il ressemble, il est vrai, à un petit rongeur. D’où son autre surnom de souris végétale.

Chronique extraite de We Demain n°9

Alain Baraton

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