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Une plante tueuse de frelons asiatiques découverte en France

Fléau pour les abeilles, le frelon asiatique tient enfin un prédateur. Une équipe du Jardin des plantes de Nantes a découvert une plante carnivore qui se délecte de cet insecte, tout en épargnant les autres.

Le 11/08/2015 par WeDemain
Fléau pour les abeilles, le frelon asiatique tient enfin un prédateur. Une équipe du Jardin des plantes de Nantes a découvert une plante carnivore qui se délecte de cet insecte, tout en épargnant les autres.
Fléau pour les abeilles, le frelon asiatique tient enfin un prédateur. Une équipe du Jardin des plantes de Nantes a découvert une plante carnivore qui se délecte de cet insecte, tout en épargnant les autres.

Des plantes carnivores capables d’attirer et de tuer en quantité des frelons asiatiques. C’est ce qu’a mis au jour le Jardin des plantes de Nantes. Une découverte qui intéresse les scientifiques à la recherche d’une arme d’élimination massive de cet insecte, qui menace les abeilles.

Nommées sarracénies, ces plantes carnivores sont installées depuis 2010 dans une tourbière du Jardin des plantes. Mais ce n’est qu’à l’automne dernier qu’un botaniste s’est rendu compte qu’elles étaient très efficaces contre les frelons asiatiques. Attiré par le nectar et les phéromones situés sur la lèvre de la plante, le frelon à pattes jaunes plonge dans le long tube de la feuille (« l’urne »), puis “il glisse dans le toboggan, et reste piégé au fond où il est mangé par des sucs digestifs », explique à l’AFP, Romaric Perrocheau, directeur du Jardin des plantes.

Piège sélectif

Étonné de cette découverte, le botaniste décide alors d’étudier avec un entomologiste (spécialiste des insectes) du Muséum d’Histoire naturelle le contenu de 200 de ces urnes. Chacune contient « en moyenne trois frelons asiatiques et trois mouches, mais jamais aucune guêpe, aucune abeille, aucun frelon européen », affirme le directeur du Jardin des plantes.

Ces plantes carnivores, originaires d’Amérique du Nord et qui n’ont donc « jamais vu de frelons avant », ont « inventé un piège très sélectif », se réjouit-il. Arriver à détruire les frelons sans nuire aux autres espèces est en effet le principal défi des campagnes de piégeage, nous vous l’expliquions en février. Cependant, planter des sarracénies en masse n’aurait que peu d’effet : si une plante est capable de digérer jusqu’à cinquante insectes, “dans un nid de frelons, il y a 4 000 individus« , souligne Romaric Perrocheau.

Contactée par le Jardin des plantes, une équipe de l’Université de Tours est en train d’examiner les molécules libérées dans l’atmosphère par la plante pour voir quelles odeurs attirent le frelon. « Capturer ces molécules et les identifier au niveau chimique n’est pas un travail simple et peut prendre une semaine ou un an« , indique son directeur de recherche, Eric Darrouzet.

Celui-ci espère trouver dans la plante « une super molécule attractive » qui pourra être utilisée comme appât dans un piège qu’il teste actuellement et qui devrait être commercialisé dès 2016. La combinaison des deux formera « un système de lutte très efficace contre le frelon asiatique », se risque Éric Darrouzet, alors qu’aucun moyen d’éradication n’a encore été trouvé contre cet insecte invasif, qui prolifère en France.

70 % du territoire national colonisé

Observé pour la première fois en 2004 dans le Lot-et-Garonne, le Vespa velutina nigrithorax, originaire de la région de Shanghaï (Chine), a colonisé depuis plus de 70 % du territoire national, essaimant aussi dans le nord du Portugal, en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Belgique.

Ce prédateur, qui attaque tous les autres insectes, les ruches, mais aussi l’homme, est « capable de construire son nid n’importe où, dans des cavités souterraines, des buissons, au sommet d’arbres de plus de 30 mètres de haut, etc. On ne sait pas encore repérer les nids et les détruire », ce qui explique en partie sa croissance exponentielle, poursuit Eric Darrouzet.

En attendant l’avancée des recherches scientifiques, la Sarracenia est facile à cultiver chez soi ou près des ruches et, selon le directeur du Jardin des plantes de Nantes, ne présente « aucun risque de propagation dans la nature ».

Jean-Jacques Valette (avec AFP)
Journaliste à We Demain
@ValetteJJ

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