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Comment les voyagistes tentent de compenser la terrible empreinte carbone de l’avion

Les tour-opérateurs s’efforcent de trouver des contreparties éco-responsables à l’impact écologique du transport aérien. Les compagnies aériennes, elles, jouent la carte des économies de carburant.

Le 31/07/2015 par WeDemain
Les tour-opérateurs s'efforcent de trouver des contreparties éco-responsables à l'impact écologique du transport aérien. Les compagnies aériennes, elles, jouent la carte des économies de carburant.
Les tour-opérateurs s'efforcent de trouver des contreparties éco-responsables à l'impact écologique du transport aérien. Les compagnies aériennes, elles, jouent la carte des économies de carburant.

En France, à en croire le RAC (Réseau action climat), le transport touristique est responsable de 8 % des émissions globales de gaz à effet de serre, dont deux tiers sont générées par l’avion. Lorelei Limousin, responsable des politiques sur le climat et les transports au RAC alerte : « Si rien n’est fait pour les réduire, les émissions dues au transport aérien, dont les trois quarts sont liés au tourisme, tripleront d’ici 2050, compte tenu de l’augmentation du trafic. »

Si l’usage de l’avion comme moyen de transport, qui grève largement leur bilan carbone, parait difficile à limiter, les agences de voyages s’attèlent à compenser cette facture environnementale par des initiatives éco-responsables.

Programmes de reforestation

Les premiers voyagistes à avoir réduit leur impact sur l’environnement étaient majoritairement spécialisés dans le tourisme d’aventure. Depuis 2010, Voyageurs du monde (VDM) s’est ainsi lancé dans une démarche de réduction de son empreinte carbone en compensant 100 % des émissions de ses salariés et 10 % de celles de ses clients par des programmes de reforestation.

Pour ce faire, l’agence calcule « l’impact des voyages en avion de chaque client », explique Lionel Habasque, directeur général délégué de VDM. Et plutôt que de refacturer ce coût au client, le voyagiste explique le prélever « sur [ses] marges » à hauteur de cinq euros pour un voyage hors Europe, contre un euro pour l’Europe.

À l’inverse, le groupe Bali autrement, spécialisées dans l’Indonésie, a choisi de facturer à ses clients le coût de la compensation écologique de ses voyages. Ce qui ne semble pas les faire fuir. Selon Jérôme Leclercq, son responsable, « tous (…) y participent, alors que ce n’est pas obligatoire ». Pour l’heure, l’agence limite toutefois ce principe aux vols intérieurs en Indonésie.

« Pas de pression économique »

Qu’en est-il chez les grandes enseignes du tour-operating ? Ces dernières commencent tout juste à prendre leur marques face à l’impératif écologique. Et pour cause : « Non seulement le cadre réglementaire n’est pas contraignant, mais il n’y a pas de pression du consommateur ou de pression économique, vu que le prix de la tonne de CO2 a dégringolé », reconnait Jurgen Bachmann, secrétaire général du SETO (Syndicat des Entreprises du Tour-Opérating).

Prochainement, cette organisation prévoit d’ailleurs de présenter un label, élaboré avec l’association Agir pour un tourisme responsable. Le SETO envisage également d’évaluer l’empreinte écologique de ses voyages. Une initiative rendue possible par un investissement annuel de 500 000 euros, sachant que les membres du syndicats affichaient un résultat net de 9,3 millions d’euros en 2014. 

« Pas au courant »

Si ces démarches séduisent certains voyageurs, rares sont ceux qui en ont fait un critère décisif. Vincent Boullier, qui s’est envolé pour l’Afrique du Sud avec Comptoir des voyages, confie : « Je n’étais pas au courant au départ, mais ça m’a conforté dans le choix de l’opérateur. »

Pourtant, selon Nathalie Simmenauer, directrice du développement durable d’Air France, il y aurait « une vraie attente de voyage responsables », de la part des voyageurs.

Des attentes que la compagnie entend satisfaire en réduisant sa consommation de carburant. « Aujourd’hui, notre consommation moyenne est de 3,44 litres par passager aux 100 km, soit 38 % de moins qu’en 2000 », précise-t-elle. Pour continuer dans cette direction, le groupe aurait promis lors du salon du Bourget 2015, de réduire de 20 % ses émissions de CO2 d’ici 2020 par rapport à 2011, une réduction qui passe surtout par l’amélioration de l’efficacité énergétique de la flotte et « l’éco-pilotage ».

Des billets plus chers ?

Autant de mesures qui laissent perplexes Renaud Bettin, responsable des partenariats au sein de Geres, l’ONG à l’origine de la première plateforme de compensation carbone en France : « Le développement des meilleures technologies ne suffira pas à contrebalancer la hausse exponentielle du trafic », se désole-t-il.

La solution ne résiderait-elle pas dans une augmentation des prix de l’avion, afin d’inciter les consommateurs à voyager plus localement ? Lorelei Limousin, pour sa part, approuve cette solution : « Si la France cessait de subventionner le transport aérien en instaurant une TVA à 20 % sur les billets d’avion et en taxant le kérosène, le prix d’un billet pourrait augmenter de 25 %. Le but est de faire en sorte que les gens y réfléchissent à deux fois avant d’acheter un billet. »

Si vous souhaiter dire adieu à l’avion pour partir en vacances, sans pour autant renoncer aux voyages transocéaniques, sachez qu’il vous reste l’option cargo, un moyen de transport aussi sobre en carbone que lent. À condition bien sûr de poser quelques semaines de congés de plus…

Clara Potier (avec AFP)
Journaliste à We Demain
@clarapotier

 

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