Cartographier la pollution de l’air: le nouveau défi des voitures Google

Google avait les yeux, il a désormais le nez. Les voitures de « l’ogre du web », qui parcourent le monde depuis plusieurs années pour alimenter en images ses services StreetView et Maps, se sont vues confier une nouvelle mission : mesurer la qualité de l’air, afin de cartographier la pollution en ville et permettre aux autorités d’y faire face.

Capteurs atmosphériques

Pour cela, l’entreprise s’est associée à la startup californienne Aclima, spécialisée dans les technologies d’analyse environnementale, qui a équipé plusieurs voitures Google de capteurs atmosphériques. Ces derniers permettent de mesurer avec précision la qualité de l’air, qui peut différer sensiblement d’une rue à une autre. Des variations qui échappent pour l’essentiel aux systèmes de captation actuels, comme l’explique au site américain NPR

Davida Herzl, co-fondateur et PDG d’Aclima :
 

« Aujourd’hui, nous comprenons la qualité de l’air en ville à travers des stations de mesure publiques. Mais elle sont réparties de façon éparses. Nous comprenons ce qu’il se passe à l’échelle régionale, mais pas comment la pollution se déplace au sein même d’une ville, comment elle varie d’un bloc à un autre, d’une rue à une autre… »

En test à San Francisco

Durant l’été 2014, ce dispositif avait déjà été expérimenté durant un mois dans l’agglomération de Denver (Colorado). Trois véhicules Google avaient alors enregistré 150 millions de points dans la ville. Baptisée DISCOVER-AQ, l’étude avait été menée avec la NASA et l’EPA, l’agence américaine de protection de l’environnement. Elle a été reconduite cet été et devrait se poursuivre jusqu’à l’automne.

À l’automne toujours,  dans le cadre d’une nouvelle expérimentation, trois autres voitures Google équipées de ce système seront lancées dans les rues de San-Francisco. Parmi les polluants que traqueront ces véhicules : le dioxyde d’azote, l’oxyde nitrique, l’ozone, le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone ou encore le méthane.

Mesures anti-pollution

Les données récoltées serviront à mieux saisir la façon dont la pollution se diffuse au niveau local, afin de permettre aux villes de s’y adapter. Lorsqu’une zone sera jugée anormalement polluée, la municipalité pourra par exemple y planter des arbres, capables d’absorber les particules nocives. « Nous avons l’opportunité de comprendre comment les villes vivent et respirent, grâce à une méthode totalement nouvelle », se félicite Davida Herzl sur le site de sa société.

Mais concrètement, qui aura accès aux données ? Stockées sur le cloud par Google, elles sont aujourd’hui exploitées par Aclima, qui en déjà publié une partie et indique vouloir rendre cette information accessible au public. Google l’envisage aussi. « Dans le futur, oui, Google Earth Engine, Google Earth, et d’autres outils seront utilisables de façon à ce que n’importe qui ait accès » aux données sur la pollution, explique Karin Tuxen-Bettman, responsable du partenariat avec Aclima chez le géant américain, citée par NPR.

Première cause de mortalité

Les habitants pourraient alors décider, en fonction des nuances de qualité de l’air dans leur ville, de ne plus fréquenter certaines zones à certaines heures. « Si vous êtes la mère d’un enfant asthmatique, vous pourrez organiser votre journée en utilisant ce type d’informations », explique Karin Tuxen-Bettman.

À l’heure où les citadins sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter de la pollution de l’air, qui constitue la première cause de mortalité dans le monde, ce service semble promis à un certain succès. Succès qui, pour Google, pourrait aussi se traduire en termes lucratifs. Dans un domaine aussi essentiel que celui de la santé environnementale, il y a fort à parier pour que le contrôle des données constitue une nouvelle manne.

 

Antoine Lannuzel
Rédacteur en chef adjoint à We Demain
@AntoineLannuzel

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