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Google cherche 10 000 volontaires pour cartographier la santé

La société Alphabet (Google) a lancé le 19 avril son ambitieux projet « Baseline ». Son but : collecter les données de santé de 10 000 personnes, pendant quatre ans, pour constituer une base de données exhaustive et inédite sur le fonctionnement du corps humain.

Le 04/05/2017 par WeDemain
6 600 producteurs se sont convertis au bio sur l’année 2018, soit quasiment 16 par jour (Crédit : Shutterstock)
6 600 producteurs se sont convertis au bio sur l’année 2018, soit quasiment 16 par jour (Crédit : Shutterstock)

Et si Google pouvait anticiper vos maladies avant votre médecin ? C’est le projet que s’est donné la multinationale californienne via sa filiale Verily. Celle-ci va organiser l’une des plus grandes expériences médicales jamais menées en assurant le suivi de 10 000 Américains pendant quatre ans. Objectif : constituer une ambitieuse base de données sur le fonctionnement du corps humain.

Les 10 000 volontaires seront constamment supervisés par les équipes de Verily mais aussi par les experts des universités de Duke et de Stanford, aux États-Unis. Grâce aux progrès technologiques réalisés dans le contrôle et la collecte d’informations, ces cobayes pourront être suivis avec une montre connectée, développée par Verily, qui analysera leur rythme cardiaque, leur sommeil, leur activité physique…

S’y ajouteront aussi des batteries d’analyses médicales à intervalles réguliers allant même jusqu’au séquençage de leur génome. C’est en quelque sorte la transposition numérique du célèbre « Connais-toi toi-même » énoncé par Socrate, à l’ère du big data.


Framingham, précédent historique

Le but est de sélectionner un échantillon représentatif de la population américaine avec à la fois des personnes en bonne santé, mais aussi des individus susceptibles de développer des maladies chroniques. Ces données permettront de mieux comprendre les signes précurseurs des pathologies. Preuve en est, l’antécédent historique de Framingham.

Cette petite bourgade voisine de Boston est, depuis 1948, le décor d’une expérience à laquelle se sont prêtées pas moins de 5 000 personnes, et qui a permis à la recherche de progresser dans la connaissance des comportements à risque pouvant provoquer des maladies cardiovasculaires. Cette étude, qui  mobilise trois générations, est considérée comme la mère des études dites « de cohorte », qui se caractérisent par l’observation d’un groupe important de personnes dans un laps de temps très étendu.

L’ombre de la publicité ciblée

Reste la question de l’intérêt économique. Verily ne s’en cache pas, la masse de données collectées sera, en effet, accessible pour les sociétés pharmaceutiques. Inquiétant, alors que la société mère Google est passée maître dans l’art de monnayer la publicité ciblée…

Jessica Mega, responsable de la recherche de la compagnie californienne, s’en défend dans les colonnes de The Verge, promettant que toutes les informations transmises seront anonymes, qu’elles seront transférées aux sociétés pharmaceutiques « à condition que leur intention soit de faire des découvertes médicales », et que les sociétés d’assurance n’y auront pas accès.

La question financière est cruciale, alors que les subventions publiques ont baissé aux États-Unis dans le domaine scientifique. L’étude de Framingham a ainsi perdu près de 40 % de son budget en 2013. La durée des expériences au long cours est un frein à l’investissement et demande de la patience, les premiers résultats à grande échelle de la cohorte Baseline ne sont pas attendus avant cinq ans.

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