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Voici comment vous pourriez prendre l’avion après le Covid-19

Cabine sans-contact, nettoyage aux UV, scanners thermiques… Pour adapter leur industrie aux pandémies, associations et agences de conseil élaborent le modèle du « voyage aseptisé ». Comme après le 11 septembre 2001, une nouvelle ère s’ouvre pour le secteur aérien.

Le 04/06/2020 par Morgane Russeil-Salvan

« Depuis les attentats du 11 septembre, les voyageurs ne mettent plus les pieds dans un avion sans avoir été assurés qu’il n’y a pas d’arme à bord. De la même manière, ils ne voyageront plus sans avoir reçu la preuve qu’il n’y a pas de virus à bord. »  Voici comment débute le rapport de SimpliFlying, première entreprise de conseil et de marketing pour le secteur de l’aviation.

Selon la firme, la pandémie de covid-19 marque tout simplement l’entrée dans une nouvelle ère : celle du « voyage aseptisé » (« sanitised travel »), où les dernières innovations technologiques doivent être employées pour rendre les aéroports et les cabines le plus stérile possible.

Si certaines de ces mesures font partie des recommandations déjà publiées par l’Association Internationale du Transport Aérien (Iata) et l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), SimpliFlying va plus loin, en imaginant une métamorphose du transport aérien sur le long terme. Voici, par étapes, à quoi pourrait ressembler votre prochain voyage.

Enregistrement du billet : n’oubliez pas votre « passeport immunitaire » !

SimpliFlying estime que les voyages aériens ne pourront plus se faire sans que les passagers confirment leur immunité au Covid-19 au moment de leur enregistrement. Ils préconisent pour cela la création d’un « passeport immunitaire », attestant de la présence d’anticorps dans le sang de son détenteur. Des dispositifs similaires existent déjà : une attestation de vaccination est nécessaire avant de voyager vers les pays où sévit la fièvre jaune.

Sauf qu’à court-terme, ce passeport immunitaire semble impossible à mettre en œuvre : l’Organisation Mondiale de la Santé a en effet critiqué ce type de dispositif, arguant qu’il n’existe encore aucune certitude sur le fait qu’une personne précédemment infectée par le Covid-19 ne puisse plus développer – ou transmettre – la maladie.

 
Selon SimpliFlying, le risque de pandémie pourrait aussi être « l’opportunité de réaliser des bénéfices secondaires ». Comprenez, de gonfler le prix des billets. Les compagnies aériennes proposaient déjà à leur clientèle de payer une somme supplémentaire pour obtenir le droit de voyager avec des bagages plus lourds : ne pourraient-elles pas leur vendre des masques, des gants, ou même l’option « siège vide à côté de soi » ?

À propos de de siège… L’entreprise estime qu’à l’avenir, les passagers pourraient ne plus pouvoir choisir le leur. Les places seraient alors attribuées au cas par cas par le personnel de cabine, afin de respecter les règles de distanciations sociales. C’est également ce que préconise, dans la mesure du possible, l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale.

Arrivée à l’aéroport : dites au-revoir à vos proches sur le parking.

L’entreprise de conseil et de marketing estime qu’à l’avenir, seuls les passagers pourraient être autorisés à rentrer dans les aéroports. Et si le « monde d’avant » permettait aux passagers d’arriver avec une à trois heures avant le décollage, ils devraient à l’avenir se présenter avec quatre heures d’avance, les nouvelles mesures sanitaires ralentissant le processus d’embarquement.

Enregistrement des bagages : le personnel prendra votre température…

Enregistrer ses bagages en ligne pour gagner du temps ne sera plus possible, selon SimpliFlying. Tous les passagers devront se présenter au comptoir d’enregistrement, où le personnel confirmera leur état de santé grâce à un scanner thermique. Les bagages seront désinfectés via la technique du « fogging » (l’application d’un désinfectant par brumisation) ou à l’aide d’ultraviolets, une technologie déjà employée pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

Les bagages seront par la suite identifiés comme « aseptisés » au moyen d’une étiquette, sans laquelle ils seront refusés en soute comme en cabine.

L’embarquement : gardez un oeil sur votre téléphone…

Vous devrez vous présenter dans la salle d’embarquement avec une heure d’avance, et y respecter les règles de distanciation sociale. Les distributeurs automatiques devront être remplacés par des versions sans contact, afin d’éviter de potentielles contaminations de dernière minute.

Qu’adviendra-t-il des espaces « duty-free » ? Le rapport de SimpliFlying ne le précise pas, mais Cristiano Ceccato, directeur du cabinet d’architectes Zaha Hadid – à l’origine des plans de l’aéroport international de Pékin-Daxing, a remis leur existence en question. « Nous avions l’habitude de plaisanter sur le fait que les aéroports d’aujourd’hui étaient plus ou moins devenus des centres commerciaux. À présent, ils pourraient devenir plus ou moins des hôpitaux », déclarait-il le 22 mai au média américain CNN.

Les passagers devront attendre la réception d’une notification personnalisée sur leur téléphone portable pour se diriger vers les portes d’embarquement. Pour SimpliFlying, la priorité devrait être offerte aux « travailleurs essentiels » – notamment les soignants – professions auxquelles certains États ont consacré des listes officielles.  Et avant de monter dans l’avion, tous les passagers devront traverser une passerelle d’embarquement transformée en sas de désinfection.

En cabine : pas de magazines pour vous distraire.

La cabine du futur devra être aseptisée au maximum. Les voyageurs et le personnel devront porter des gants et des masques. Des lingettes désinfectantes seront distribuées à tous les passagers lors de leur entrée dans l’avion, afin de leur permettre de nettoyer leur siège. Les vidéos de présentation des mesures de sécurité devront comprendre un chapitre « consignes sanitaires ». Sans compter les distributions de gel hydroalcoolique.

Pour SimpliFlying, l’avenir des cabines est au « sans contact » : la brochure résumant les règles de sécurité devra être collée à la tablette du siège, afin que les voyageurs puissent la lire sans la manipuler. Les magazines papiers seraient, à terme, amenés à disparaître.

Même la nourriture pourrait ne pas être épargnée ! SimpliFlying préconise des repas pré-emballés pour tout le monde, y compris pour les personnes voyageant en première ou en classe affaire, qui disposaient jusqu’à présent de produits plus frais.

L’entreprise de conseil imagine enfin l’apparition d’un nouveau métier : celui de technicien de surface spécialisé dans les transports aériens. Employé par les compagnies aériennes, il rejoindrait les hôtesses de l’air et les stewards et aurait pour mission de nettoyer les sanitaires plusieurs fois au cours d’un même vol.

L’arrivée : n’oubliez (toujours pas) votre passeport immunitaire !

Après l’atterrissage, les voyageurs devront à nouveau se plier à une désinfection en règle et à un scan thermique. SimpliFlying s’attend même à ce que les pays d’accueil réclament la vérification du fameux « passeport d’immunité ».

Les avions devront, quant à eux, être nettoyés en profondeur. Aujourd’hui, le temps de rotation d’un avion – c’est à dire le temps qu’il doit passer au sol entre deux vols – est d’environ 30 minutes pour les vols low-cost et une ou deux heures pour les compagnies traditionnelles. Ce ne sera plus possible, selon SimpliFlying. Plus sûr, le voyage de demain sera sans doute aussi plus lent.

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