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« À 50 ans, avec nos cinq enfants, nous quittons tout pour repartir à l’école »

RÉCIT. Par Ahmed et Karine Benabadji, fondateurs du projet Open-Villages.

Le 03/08/2015 par WeDemain
RÉCIT. Par Ahmed et Karine Benabadji, fondateurs du projet Open-Villages.
RÉCIT. Par Ahmed et Karine Benabadji, fondateurs du projet Open-Villages.

Le 1er septembre, Ahmed, Karine et leur cinq enfants s’envolent de Paris pour un tour du monde d’un an, à la découverte de villages qui ont fait le choix de l’autonomie et du développement durable. Lors de chacune de leurs étapes, prévues dans 12 pays, ils raconteront pour We Demain l’histoire de l’un de ces « Open-Villages ». Depuis le Maroc, où ils résident, ils expliquent le pourquoi de ce projet.

Marrakech (Maroc), le 1er août 2015,

Qui sait encore faire son pain, réparer son véhicule, cultiver un petit jardin potager, faire l’école à ses enfants ? Qui a vraiment le temps de se préoccuper de la propreté de sa rue, ou du bien-être des SDF que l’on croise chaque jour en allant travailler ?  Le développement de nos économies de plus en plus techniciennes s’est payé d’une telle spécialisation des compétences, et donc d’une perte des savoir-faire essentiels, que nous ne savons plus nous nourrir, nous soigner ou construire nos maisons seuls. 

C’est donc pour repartir à l’école, celle de ces communautés humaines qui, par choix ou par obligation, ont dû construire leur avenir en privilégiant leur autonomie, que nous partons autour du monde avec nos cinq enfants. La plus âgée a 24 ans et les deux plus jeunes tout juste 10 ans. Pendant un an, nous allons passer un mois dans chacun des 12 villages que nous avons choisis après un long processus de sélection.

Sommes-nous inconscients ?

Nous logerons sur place et participerons aux activités quotidiennes des villageois pour apprendre ces savoir faire et retrouver ces réflexes solidaires qui nous font tant défaut dans nos sociétés modernes. 

Sommes-nous inconscients pour, à près de 50 ans, abandonner nos carrières de consultant et de professeur de langues et nous mettre à courir le vaste monde avec des enfants dont certains devraient déjà entamer leur carrière professionnelle et, d’autres, intégrer une école ou une université pour faire leurs études supérieures ?

Il est possible de vivre autrement

Bien au contraire, c’est dans une prise de conscience très forte qu’il faut rechercher l’origine de ce projet. Nous sommes convaincus que le monde de demain ne pourra plus fonctionner comme celui qui nous ouvrait les bras il y a 25 ans au sortir de nos études en grande école de commerce.

Or, partout dans le monde, des sociétés humaines prouvent qu’il est possible de vivre autrement. Ces communautés privilégient leur autonomie alimentaire, essaient de vivre en harmonie avec leur écosystème, protègent leur culture et leurs traditions, restent solidaires avec les plus faibles d’entre eux et ouvertes sur le reste du monde sans renoncer à la science et aux nouvelles technologies.

Accès à l’eau

C’est cette conviction qu’il est possible de changer sans renoncer à la modernité que nous voulons partager en partant à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui, sur 4 continents (Afrique, Asie, Océanie, Amérique du Sud) ont su trouver des solutions originales aux problèmes et aux défis qu’ils ont rencontrés.

Notre voyage débutera au Maroc, plus précisément à Tizi n’Oucheg dans le Haut-Atlas, où nous irons regarder comment ce village a résolu la problématique de l’accès et du partage de l’eau, et comment leur système de solidarité communautaire leur a permis de construire sans l’aide de l’État une route carrossable dans la montagne.

Plantes médicinales

Nous irons ensuite en Casamance où les habitants du royaume d’Enampore ont créé un festival pour protéger leur patrimoine culturel et faire connaître leur petite communauté de 50 familles. En Ouganda, c’est la préservation de la faune et de l’écosystème qui est la pierre angulaire du succès de Bigodi, situé en bordure du Parc National de Kibale.

En Inde, nous irons d’abord visiter l’université de Tilonia qui forme des femmes du monde entier provenant de villages n’ayant pas l’électricité à la fabrication de panneaux solaires. Une prouesse lorsque l’on sait que ces femmes sont illettrées et, pour la plupart, ne parlent pas anglais. Puis, ce sera la région de Darjeeling, au pied de l’Himalaya, dans un village qui maitrise les vertus médicinales des plantes.

Tourisme équitable

Au Vietnam, sur les bords du lac de Thac Ba, le village de Khe Dai se développe en s’appuyant sur l’éducation, la culture et le tourisme équitable. Aux Philippines, sur l’ile de Palawan, le village de New Panggangan n’est accessible que par la mer. Les habitants ont donc dû être autonomes et chaque famille a sa petite cocoteraie, un petit verger et une rizière pour subvenir à ses besoins alimentaires.

En Nouvelle-Zélande, nous irons à la recherche de Bob qui anime une minuscule communauté autonome d’une douzaine de personnes. Puis, nous nous envolerons vers l’Amérique centrale (Mexique et Costa Rica) et l’Amérique du Sud (Colombie, Équateur, Bolivie et Brésil) avec à chaque fois des rencontres dans des villages qui ont quelque chose de nouveau et d’essentiel à nous apprendre.

En partant, chacun d’entre nous laisse derrière lui beaucoup de choses mais nous partageons le même optimisme qui nous laisse penser que nous retrouverons plus à notre retour : un monde plus vivable, tout simplement.
 

Ahmed et Karine Benabadji, fondateurs du projet Open-Villages.

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