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Le néo-autonomiste Brian Ejarque livre ses conseils pour « oser quitter la ville »

Tout plaquer pour aller vivre en autonomie en pleine campagne : ce trentenaire youtubeur l’a fait. Il partage son expérience et ses conseils.

Le 12/02/2021 par Sofia Colla
Quitter la ville
En 2017, Brian Ejarque plaque tout et quitte Paris. Depuis, il vit en toute autonomie dans le Tarn. (Crédit : Brian Ejarque)
En 2017, Brian Ejarque plaque tout et quitte Paris. Depuis, il vit en toute autonomie dans le Tarn. (Crédit : Brian Ejarque)

En 2017, Brian Ejarque, trentenaire parisien, a un déclic : il est temps pour lui de quitter la ville dans laquelle il a acheté un studio hors de prix et termine ses mois dans le rouge tout en étant salarié à la Défense. Il décide d’aller vivre en autonomie à la campagne. Le déménagement de ses parents dans le Tarn l’amène lui aussi à s’y installer.

Il lance alors sa chaine YouTube « L’Archi’Pelle », qui compte aujourd’hui plus de 140 000 abonnés, pour partager son expérience et l’évolution de son projet. En janvier 2021, il publie l’ouvrage Oser quitter la ville ! De citadin à néo-autonomiste, comment j’ai composté mon ancienne vie, dans lequel il livre de nombreux conseils pour choisir son terrain, être autonome en énergie, se lancer dans la permaculture… Interview. 

  • WE DEMAIN : Quel a été le déclic pour tout quitter ? 

Brian Ejarque : C’est un déclic social à la base. En tant que personne de classe moyenne, travaillant à Paris, je me disais qu’il n’était pas possible d’être tout le temps dans le rouge sans pour autant être très dépensier.

Il fallait trouver une solution. Celle-ci apparait quand on analyse petit à petit ses dépenses. La loi de l’offre et la demande en ville fait qu’il est extrêmement cher d’y acheter ou louer un appartement. Il fallait donc que je change de lieu, et que j’apprenne à maîtriser mes dépenses en énergies, très élevées.

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  • C’est donc plutôt pour une question économique que vous avez visé l’autonomie énergétique ? 

Le seul moyen de comprendre pourquoi cela me coûtait cher, c’était de faire moi-même. Donc de produire mon électricité, de collecter mon eau et de la potabiliser. C’est simplement en faisant cela que l’on acquiert une notion de l’importance de ces éléments : le soleil n’est pas visible tous les jours, l’eau est rare… Habituellement, on ouvre le robinet et l’eau coule. Donc on s’en fiche un peu de savoir comment elle est acheminée et traitée. 

Quitter la ville
Les installations énergétique. (Crédit : Brian Ejarque)

Aujourd’hui, je ne suis pas raccordé au réseau. C’est le photovoltaïque, l’éolienne et des batteries qui me permettent d’avoir l’électricité. Résultat, tous les mois il me reste juste l’assurance habitation, celle de la voiture, l’essence, les impôts et la nourriture à payer. Et ce qui me plaît vraiment avec ces installations c’est que même si je ne suis pas du tout ingénieur, je maîtrise quand même pas mal de choses. Si une pièce casse, je sais quoi changer. Cela permet de faire des économies et c’est aussi rassurant. 

Par contre, le changement de mode de vie est radical. Quand je veux chauffer l’eau, je le fais grâce au poêle en hiver, j’attends qu’il y ait un rayon de soleil pour prendre une douche, je cuisine énormément au bois, j’ai un four solaire, je n’allume pas mon ordinateur tous les jours… En été, je me pose moins la question.

« J’ai essayé de faire le livre que j’aurais aimé avoir entre les mains avant de me lancer. »

  • Combien ces installations vous ont-elles coûté ? 

Pour l’eau, globalement j’en ai eu pour 3 000 euros avec la cuve, l’installation et la pompe. Et pour l’électricité, c’est à peu près 5 000 euros avec le photovoltaïque et les batteries. Quand j’ai appelé Enedis pour avoir un ordre de prix de raccordement au réseau, ils m’ont annoncé entre 5 000 et 6 000 euros. Cela me coûtait donc moins cher d’être autonome, et aujourd’hui je ne paye rien. 

Pendant un an j’ai vécu avec presque 300 euros par mois. Aujourd’hui je me fais un peu plus plaisir, surtout au niveau de la nourriture, je vis avec entre 300 et 700 euros par mois. Les seules dépenses réelles que j’ai sont les dépenses matérielles pour la chaîne YouTube. 

Aujourd’hui, c’est grâce à elle que je vis. Quand je me suis installé, il y avait très peu d’informations sur le sujet, il manquait des tutoriels. Je sers de « crash test » on va dire. Cela évite à mes abonnés de faire les mêmes erreurs. Cela a vraiment été la bonne idée, parce qu’il y a beaucoup de demande. Et depuis le covid, je vis très bien ! Il y a beaucoup plus de vues. Cela avait déjà commencé avec la crise des gilets jaune. 

  • Justement, depuis le début de la crise sanitaire, sentez-vous un engouement autour du changement de mode de vie ? 

Oui. Avant que je parte, les gens pensaient que je serai de retour six mois plus tard. Depuis, le regard a beaucoup changé, et surtout cette année. De nombreux citadins ont envie de fuir les villes. J’ai eu 80 000 abonnés de plus depuis le covid, je ne peux même plus répondre à toutes les questions. 

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Quitter la ville
Le jardin, avec connexion internet. (Crédit : Brian Ejarque)
  • Quels seraient vos conseils les personnes qui souhaiteraient sauter le pas ? 

Même si les gens ne peuvent pas partir immédiatement, il peuvent commencer par se renseigner. Il y a beaucoup de ressources publiées ces trois dernières années.

Ensuite, il faut savoir prendre son temps, parce que si on se précipite pour tout faire dès le début, on ne va rien maitriser. Dans le livre, on voit que les choses ont été faites petit à petit, à quelques mois d’intervalle les unes des autres pour bien les maîtriser. Il faut réapprendre à vivre avec les éléments et selon son rythme. 

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Le plus important, c’est ce que l’on dépense, pas ce que l’on gagne. Si on dépense peu, on n’a aucune pression. C’est quand on prend le problème comme cela que l’on fait de réelles économies.

À la fin du livre j’explique un peu qui sont les « néo-autonomistes » et ils viennent vraiment de tout bords. Il y a des gens qui ont fait des burn-out, des gens qui ont divorcé, des gens qui en veulent au gouvernement, beaucoup de jeunes qui souffrent de solastalgie, une forme d’éco-anxiété…

Il y a des gens qui trouvent beaucoup d’excuses pour ne pas le faire parce qu’ils ont peur. 

La peur, c’est humain. Moi j’ai fait beaucoup de nuits blanches… Mais quand on veut vraiment partir, on le peut !

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