30% de l’électricité danoise d’origine éolienne, et nous, et nous, et nous ?

Début octobre, un coup de vent a permis de pourvoir à 59% de la demande en électricité en Allemagne. Le fournisseur Xcel Energy, au Colorado, a, lui, enregistré un pic à 60% de sa production d’origine éolienne début 2013. Trois mois durant, la même année, l’éolien a représenté la première source d’énergie en Espagne, devant le nucléaire.
 
Les chiffres sont spectaculaires. Ils viennent invalider les réticences de ceux qui perçoivent les éoliennes comme une lubie d’écologistes en mal de cause. A moins que non. Les même Cassandre ne manqueront pas de souligner que ces statistiques ne font état que de résultats passagers renvoyant à de courtes périodes durant lesquelles les pales des hélices ont tourné à plein régime. Qu’en est-il, demanderont à juste titre ces détracteurs, des journées de pétole ? On ne se chauffe pas, on ne s’éclaire pas ? En fait, si. La technologie le permet désormais.

« Même sans vent »
 
L’exemple le plus probant est celui du Danemark. Si un vent à en décorner les bœufs à permis à l’éolien de pourvoir à la totalité des besoins en électricité du pays durant 3 jours, avec un pic à 122% le 28 octobre dernier, le pays, sur l’ensemble de l’année 2013, a en moyenne eu recours à 30% d’énergie éolienne. Cela grâce à ses fermes implantées dans les mers du Nord et Baltique. Même les semaines sans vent.
 
Comment une telle prouesse est-elle possible ? Comment perfuser le réseau d’énergie issue du vent quand il n’y en a pas ? Les smart grids ne sont pas innocents dans ce petit exploit. Ces réseaux intelligents, en greffant une batterie de capteurs informatiques sur l’ensemble des mailles du réseau, permettent de se faire une idée précise des besoins en électricité de telle ou telle région. Et, ainsi, de stocker ou de redistribuer vers d’autres lieux les excédents de production.
 
Le modèle danois est un pionnier du genre. On lui a beaucoup reproché, à ses débuts, son coût et son aspect aléatoire. Construire des turbines par centaines a un prix, forcément répercuté sur la facture du client final, et l’éolien n’avait en effet qu’un intérêt limité tant qu’il n’était pas intégré à un système permettant de le consommer intelligemment.

La France en retard
 
Ces déconvenues semblent en passe d’être oubliées. Concernant l’aspect financier, les smart grids se proposent de lisser les pointes de consommation, coûteuses et polluantes, en encourageant le client à consommer en période creuse, tout en favorisant le recours aux énergies renouvelables – donc à l’éolien – lorsqu’une forte disponibilité se fait ressentir sur le réseau, et que le « vent » est donc meilleur marché. Ou comment permettre des économies en réduisant les émissions de dioxyde de carbone. Et pour limiter l’intermittence, on l’a dit, les smart grids sont capables de stocker ou d’acheminer l’énergie sur de longues périodes et distances. Afin d’atteindre son objectif de zéro énergie fossile en 2050, le Danemark cherche aujourd’hui à améliorer les moyens de stockage de l’énergie.
 
Ces réponses aux problèmes que posait à l’origine l’éolien – et plus largement les énergies renouvelables – trouvent peu à peu un écho en France. Avec une production éolienne équivalent à 3% de la consommation électrique en 2012, l’Hexagone a encore beaucoup à faire pour espérer rattraper le Danemark. France énergie éolienne (FFE) estime cependant que 25% de la demande électrique pourront y être assurés par l’éolien à l’horizon 2030, moyennant l’installation d’une capacité de 40 GW onshore et de 15 GW offshore. Le déploiement des compteurs-communicants Linky dans les foyers, dès cette année, devrait aussi permettre de progresser dans ce sens, l’un de leurs buts étant d’encourager le recours aux renouvelables dans le mix énergétique.

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