Convertir l’urine en énergie, une idée en or pour les festivals d’été !

Vous ne le savez sans doute pas (et ce n’est franchement pas étonnant), mais votre corps, et plus précisément votre appareil urinaire, est une source de production d’électricité à part entière. On savait déjà qu’il était possible de chauffer l’eau de sa douche avec son urine, mais voilà que maintenant, les festivaliers du monde entier contribuent à sauver la planète simplement en ingérant des litres de bières à bas prix et en laissant la nature suivre son cours. Explications.

Urine, électricité, urinetricité ?

Mais où s’arrêtera la science ? Pas dans les toilettes visiblement. Non content de nous construire des voitures sans chauffeurs et des brosses à dents connectées, voilà que l’on peut désormais produire de l’électricité en allant aux toilettes. Comment ? Grâce à des urinoirs équipés de piles microbiennes, aussi appelées piles à bactéries.

Ces piles à combustibles contiennent des microbes qui se nourrissent d’urines, de la même façon que les plantes se nourrissent d’eau. En leur urinant dessus, ce qui les nourrit donc, cela permet la croissance de ces microbes, qui engendre la production d’électricité (quelques watts). Pas de quoi remplacer une centrale nucléaire à temps plein, mais suffisamment pour éclairer des toilettes, des panneaux de signalisation ou d’informations ou (très utile) recharger des téléphones portables.
 

« Nous appelons ça l’urinetricité, ou l’énergie pipi », annonçait Loannis Leropoulos (le principal responsable des recherches en 2015). 

Un concept peu ragoûtant certes, mais à fort potentiel, quand on sait qu’un homme peut normalement produire 1,5 litre d’urine par jour, et que les chercheurs ont effectué des tests sur le campus de l’université, fréquenté par des centaines d’étudiants, ayant tous (consciemment ou non) participé à l’expérience… et qu’elle a suffit à alimenter le système d’éclairage du campus pendant plusieurs jours.

L’urine, nouvelle énergie renouvelable ?

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait Lavoisier. En l’occurrence, c’est on ne peut plus vrai. Générer de l’électricité avec de l’urine, il fallait y penser. Le concept est plus qu’innovant, et tombe à pic. Dans un contexte d’appauvrissement des ressources naturelles et des énergies fossiles, savoir faire feu de tout bois est indispensable.

Si le concept n’est pas récent (il fut inventé par des chercheurs de l’Université de West of England en 2015), on a récemment découvert que non seulement il est possible de produire de l’électricité en s’hydratant, mais selon une nouvelle étude parue dans Plos One, uriner sur des piles microbiennes permet aussi « d’éliminer les agents pathogènes (microbes, bactéries) » des eaux usées, vecteurs d’infections et de maladies hydriques comme la typhoïde, la polio, la méningite, l’hépatite A et E, et la diarrhée.

Un double avantage, qui, exploité à long-terme, pourrait s’avérer extrêmement bénéfique dans les pays en voie de développement et tous les lieux nécessitant des urinoirs mobiles, comme les chantiers de constructions, les parcs d’attraction temporaires et les festivals.

Coachella, Burning Man, les centrales du futur ?

En parlant de festivals, à l’approche de l’été, ils sont légions (pas moins de 388 recensés seulement en France), chacun d’entre eux attirent des centaines de festivaliers, qui dansent des heures sous un soleil de plomb ou une pluie battante, consomment des litres d’eau et autres boissons pour étancher leur soif. La suite, on la connaît. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, comme on dit. Une technologie verte qui ne coûte rien et rapporte gros. Le concept des piles microbiennes est d’ores et déjà utilisé pour la production d’électricité par les plantes, en se servant de la photosynthèse.

Prenons l’exemple des Vieilles Charrues. Le festival mobilise une puissance de 10 MVA : 3 MVA du réseau Enedis et 7 MVA produits sur place par des groupes électrogènes (35 au total de 30 à 500 KVA). La facture d’énergie est estimée entre 180 000 et 200 000 euros, sans compter l’investissement en matériel. En 2016, le festival a mobilisé quelques 278 000 spectateurs, et produit environ 417 000 litres d’urine (à raison d’un litre et demi par personne en moyenne). Même si on ignore encore le taux de conversion en kWh par litre, on imagine le potentiel avec un festival comme Coachella ou le Sziget, qui s’étend sur une semaine et rassemble des millions de personnes sous des températures parfois très élevées.

Alice Bled

Alice Bled du site fournisseur-energie.com.

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